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axion (---.---.174.250) 18 octobre 2006 08:14

Reconnaître le génocide arménien était un acte important (2001).

Les lois mémorielles sont en effet discutables sur le plan rationnel.

Les groupes d’influence sont la glorification et le désespoir des démocraties. Elles peuvent conduire au pire comme au meilleur, au rationnel comme à l’irrationnel, au sublime comme à l’absurde.

Les lois mémorielles ne sont pas très importantes, en définitive. Celle-là est maladroite, au vu du contexte franco-turque, mais l’opinion publique française aime bien être maladroite, et se poser en chevalier blanc redresseur de torts, le tout, si possible, dans une ambiance « je vous emmerde, mais j’ai raison ». C’est la France. Evidemment, aujourd’hui, le chevalier blanc est un don quichotte qui se bat contre des moulins à vent. Nous sommes devenus aveugles, et, en grande partie, fous.

Mais nous devrions avoir d’autres priorités que de s’offusquer sur les lois mémorielles, leur utilité, ou leur inutilité, ou sur notre position philosophique de ces lois face à notre idéal de rationalité.

Elles ne sont pas importantes sur le territoire français, et ajoutent de l’huile sur le feu international. Ce qui est certain, c’est qu’elles ne participent pas à ce qui est vraiment important aujourd’hui sur le sujet du génocide : la reconnaissance de ce génocide par la Turquie. Au contraire, cette loi en particulier, montre l’arrogance de la France, et les turques s’indignent justement de cette méprisable tentative de pression médiatique sur eux. La position qu’ils prendront naturellement, au mieux, sera celle de : « Si nous reconnaissons un jour ce génocide, ce sera libres de toute contrainte, libres de toute pression, libres de tout ramassage politique d’un autre pays. »

Et d’ailleurs, une véritable reconnaissance n’a de sens que dans ce contexte. Il faudra donc maintenant davantage de temps, pour que ce pitoyable evenement franco-français, particulièrement maladroit, soit oublie, afin que les turcs puissent faire sereinement un véritable travail de mémoire.

La loi éloigne d’autant plus le jour où ce travail sera fait, et marque les esprits turques : « En 2006, la France a voulu nous dicter notre moralité ».

Voilà ce que nous voudrions être : nous nous voyions, nous les français, comme la grande instance morale du monde. Et nous passons notre temps à nous gargariser de notre façon de vivre (sans connaître celle des autres), et à donner des leçons de morale aux autres pays. Pauvres de nous. Nous nous sommes installés dans une illusion de masse, et le monde nous regarde en disant : « Qu’est-ce-qu’ils sont bizarre, ces français ! ».

Oh, nous avons eu notre heure de gloire. Certains de nos penseurs (morts) furent dans le vrai, furent en avance.

Reconnaissons au moins aujourd’hui, que nous ne faisons que ressasser ces heures de gloire, que nous sommes complètement passés à côté de l’impact des mécanismes économiques qui échappent complètement à notre système de pensée, et que nous sommes restés, globalement, assez vieil empire, en ressassant des critiques valables il y a un siècle.

Oui, nous sommes vieux, et notre pensée est vieille.

Nous sommes un peuple de radoteurs.

Et si les autres peuples ne nous écoutent plus (ce que nous cherchons inconsciemment à faire tout le temps) ce n’est pas parcequ’ils sont bouchés, qu’ils ont tous tort, et que nous sommes les seuls à avoir raison.

Non, s’ils ne nous écoutent plus, c’est parceque nous ne sommes plus capables de les comprendre. Notre pensée est devenue absurde, obsolète, à côté de nos pompes. Nous divaguons, nous fonçons sur des moulins à vent, en croyant s’attaquer aux dragons qui gardent la princesse prisonnière, et nous détruisons l’outil de travail du meunier, ramassons du foin, et nous ridiculisons.

La France, le nouveau don Quichotte de l’échiquier mondial.

1) Prise de conscience 2) Effort de compréhension

Voilà ce que nous devons faire. Nous en sommes capables. Nous l’avons déjà fait. Mais il faut renoncer à notre petit confort de croire tout savoir sur tout, de croire que notre opinion est pertinente sur tout. Et à l’heure où le confort prime sur tout le reste, sommes-nous prêts à l’effort ?

La prise de conscience collective a permis aux japonais de devenir l’une des nations les plus innovantes (alors que l’on disait il y a trente ans qu’ils ne faisaient que copier), aux coréens (du sud) de se construire un futur, aux chinois de sortir de la double ornière du joug franco-britannique et du pur maoisme, aux indiens de relever la tête, aux brésiliens de se bâtir une économis originales, basée sur leurs forces. Et nous ? Sommes-nous en train de nous bâtir un futur ? Ou grenouillons-nous ?

Que voulons-nous devenir ?

Voulons-nous seulement nous contenter d’exister ?

Où pensons-nous avoir un rôle à jouer dans l’humanité ?

Quelle est notre ambition en tant que peuple ?

Voilà ce que nous avons perdu : le sens de l’existence de notre peuple.

Nous avons des réformateurs (le révolution française), nous ne le sommes plus. Nous avons été des conquérants (Napoléon), nous le sommes plus (dieu merci !). Nous avons été acteur des Lumières. Et maintenant ?

Axion, pour l’action.


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