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Yusuf (---.---.185.5) 19 octobre 2006 11:40

La France, pays leader de la turcophobie en Europe selon la presse turque

Source : Armenews

« La visite du président Jacques Chirac en Arménie indique une volonté d’aiguiser les tensions entre la France et la Turquie », estime l’éditorialiste du Turkish Daily News. Depuis 2003, le dossier de candidature d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE) connaît des avancées et l’élite turque observe de près les hauts et les bas du débat européen sur la Turquie, poursuit le journal. « L’intelligentsia turque, tout comme le Turc moyen, sait très bien quels sont les pays et les dirigeants politiques qui font obstruction aux aspirations européennes de la Turquie. Ils suivent également ce qui se passe au sujet de la question arménienne. »

En l’occurrence, les propos tenus le samedi 30 septembre par Chirac en Arménie, demandant à la Turquie de « faire l’examen de son passé » et de reconnaître le génocide arménien de 1915-1917, perpétré sous l’Empire ottoman, avant d’adhérer à l’Union européenne. Ankara conteste le nombre des victimes de massacres et refuse le terme de « génocide ». La Commission européenne n’avait pas posé la reconnaissance du génocide comme condition à une éventuelle adhésion de la Turquie.

« Il est de plus en plus évident que l’opposition de la France, de l’Autriche, du Danemark et des Pays-Bas à l’adhésion de la Turquie à l’UE n’est pas uniquement fondée sur des intérêts purement politiques, souligne l’éditorialiste. Il y a un processus beaucoup plus profond qui est en marche. Nous avons à faire avec une nouvelle version de la turcophobie. Il s’agit d’une attitude singulièrement négative, une compilation de préjudices à l’encontre de la Turquie. En particulier, la turcophobie française a une base très large, qui dépasse le président Chirac ou son entourage. Pour exemple, les récents commentaires de Nicolas Sarkozy déclarant que la Turquie n’avait pas sa place au sein de l’UE sont un signe clair que la turcophobie sera un des thèmes de la prochaine élection présidentielle. »

« Qu’apporte alors de nouveau la visite de Chirac en Arménie ? » poursuit l’auteur, qui se livre à une critique du pouvoir en place en Arménie, pays « dirigé par un petit clan de nationalistes », emmenés par le président Robert Kotcharian. C’est à ce clan que Chirac apporte son soutien, souligne l’article. « A cause du clan de Kotcharian, la démocratie recule en Arménie et le débat sur la politique étrangère est focalisé sur la reconnaissance du ’génocide’ par la Turquie. Ce qui n’aura pas lieu, mais la poursuite de ce débat conforte le régime de Kotcharian. »

Par ailleurs, en liant l’adhésion turque à l’UE à la reconnaissance du génocide arménien, « Jacques Chirac a porté un coup aux progrès encore précaires réalisés par le débat intérieur turc sur la question arménienne et il a sérieusement détérioré les relations franco-turques, avec potentiellement un impact négatif sur les intérêts économiques ». De même, du côté arménien, « les propos de Chirac et son soutien au régime oligarchique de Kotcharian auront servi à faire taire les Arméniens progressistes, qui souhaitent normaliser les relations de leur pays avec la Turquie sans nécessairement vouloir à tout prix commencer par trouver une définition aux événements de 1915 ».


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