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(---.---.136.4) 17 octobre 2006 17:25

Esclavage en Europe, allez encore une fois la faute des Arabes et musulmans !!!

C’est une masure abandonnée, ouverte aux quatre vents. Une ruine au milieu de nulle part, une « casolare » comme il en existe tant sur les hautes terres de la province de Foggia, dans le sud de l’Italie. L’endroit est écrasé de soleil, silencieux, beau et lugubre comme un décor de Sergio Leone. A l’intérieur, les trois pièces sont jonchées de matelas crasseux et de couvertures roulées en boule. Le vent s’engouffre par la fenêtre fracassée, fait claquer la porte d’entrée en fer.

Sinistre, ce coin des Pouilles l’était encore davantage quand Stanislaw Fudalin y a débarqué, dans la nuit du 5 au 6 janvier, après un épuisant voyage en minibus depuis Cracovie. Les vitres étaient déjà cassées, la porte ne fermait déjà pas. Ce Polonais de 51 ans y a séjourné près d’un mois avec huit de ses compatriotes, sans eau, sans électricité, sans autre chauffage que les branchages qu’ils ramassaient alentour pour alimenter une cheminée délabrée. De l’aube au crépuscule, ils trimaient aux champs ; la nuit, ils luttaient contre le froid, la faim et le désespoir.

« L’idée folle de rentrer en Pologne à pied m’a traversé l’esprit », sourit aujourd’hui Stanislaw. Mais où se diriger quand on ignore où l’on est ? L’immensité du paysage valait prison. Toute envie de fuite leur avait été ôtée, dès l’arrivée, par le « comité d’accueil » : deux Polonais et surtout « Pedro », un Ukrainien qui faisait régner la peur, une arme à la ceinture, le coup de matraque facile. Ses menaces résonnent encore aux oreilles de Stanislaw Fudalin : « Il nous disait : »ici, la loi c’est moi, vous êtes mes esclaves. Si vous essayez de partir, je vous retrouverai et je vous massacrerai. C’est dans un sac en plastique que vous retournerez en Pologne.«  »

Stanislaw et ses compagnons ont réussi à tromper la surveillance, un peu par miracle, beaucoup grâce au consulat de Pologne, venu les récupérer nuitamment dans une fourgonnette. Leurs témoignages, ajoutés à une trentaine d’autres, ont permis aux services spéciaux des carabiniers de libérer, le 18 juillet, dans plusieurs communes des environs, 113 travailleurs agricoles polonais, exploités comme eux dans des conditions inhumaines. Au cours de ce raid, les forces de l’ordre ont arrêté Pedro et 26 autres personnes - des Polonais, des Ukrainiens, un Algérien, un Italien -, toutes mises en examen pour « trafic d’êtres humains » et « réduction en esclavage ».

C’est ainsi que l’Italie a appris l’existence sur son territoire de « véritables camps de travail forcé », selon l’expression du procureur national antimafia, Pietro Grasso. L’enquête, baptisée « Terre promise », conduite en collaboration avec la police polonaise, a permis de démanteler une filière de main-d’oeuvre clandestine qui fonctionnait depuis au moins deux ans entre le sud de la Pologne - où une vingtaine de trafiquants ont été mis sous les verrous - et la région de Foggia.

Dans ce « triangle des tomates », où l’on récolte chaque été des millions de tonnes de précieux fruits rouges, les journaliers de l’Est ont peu à peu remplacé les Marocains, mais personne n’imaginait leur condition d’esclaves modernes.

Ces ressortissants de l’Union européenne travaillaient sans contrat, enduraient des privations, des humiliations, des coups. « Et parfois pire », ajoute un enquêteur. Le procureur antimafia de Bari, Lorenzo Lerario, a décidé de rouvrir les enquêtes sur quatorze morts suspectes de Polonais, survenues depuis deux ans dans les environs de Foggia.

Jusque-là, on pensait à des rixes entre travailleurs immigrés, des accidents, des morts naturelles. Chaque cas était traité de manière isolée. Mais le taux de mortalité, y compris par pneumonie, chez cette population plutôt jeune et robuste, est apparu « statistiquement aberrant » aux magistrats.

Certaines enquêtes avaient été franchement bâclées, comme pour ce Polonais de 45 ans dont le cadavre à demi brûlé a été retrouvé le 2 juillet 2005 devant l’ancien abattoir de la petite commune de Stornara. « Mort accidentelle », avaient conclu les carabiniers, alors que le passeport de la victime était posé, intact, sur son corps carbonisé.

L’opération « Terre promise », conclue en juillet a révélé le problème dans toute son ampleur. « Un phénomène qui ne peut être affronté seulement sur le plan répressif », nuance le procureur Lorenzo Lerario, tout en affirmant que la direction antimafia de Bari s’y emploie « avec une extrême attention et tout l’engagement possible, en parfaite collaboration avec les autorités judiciaires de Pologne ».

Domenico Centrone, le consul de Pologne pour la région des Pouilles, accuse :« Les autorités locales ne voulaient pas savoir. Depuis quatre ou cinq ans, je leur mettais la pression par des courriers, notamment au préfet de Foggia, mais sans succès. On refusait de me croire. » Il a fallu la découverte, le 19 août 2005, de 90 Polonais littéralement prisonniers d’un camp de travail à Orta Nova, petite commune au sud de Foggia, pour dessiller les yeux des responsables. M. Centrone, chef d’entreprise de 49 ans, lui-même industriel dans l’agroalimentaire, a hébergé, et même embauché, plusieurs « rescapés ». Il les a convaincus de porter plainte.

Bien que libres, beaucoup refusaient en effet de parler, par peur de représailles. « A les écouter, tout allait bien, ils étaient au Hilton », se souvient un carabinier. Depuis la révélation du scandale, le climat est resté délétère dans la région. Toutes les bandes n’ont pas été éliminées, et les autorités déconseillent aux journalistes de s’aventurer sans escorte dans certaines zones.

Une fois transférés à Castellana Grotte, petite ville à 150 kilomètres au sud de Foggia, où le consulat polonais a son siège, les plus courageux ont accepté de raconter leur histoire sur procès-verbal. A quelques variantes près, toujours la même : une petite annonce lue dans un journal ou sur Internet, la promesse d’un emploi correctement payé (5 à 6 euros de l’heure, nourris, logés), un emprunt à la banque ou à la famille pour payer les 200 à 400 euros du voyage, un minibus qui tourne des heures dans la campagne italienne en attendant la nuit, puis l’arrivée en enfer.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-815810@51-793622,0.html

pardon pour le copier/coller...


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