Silvia Cattori : L’arrestation, en juin 2006, de personnes appartenant à un réseau du Mossad au Liban sud a-t-elle un lien avec le cas Hariri ?
Jürgen Külbel : Le 26 juin, j’ai envoyé une lettre ouverte à Kofi Annan et Serge Brammertz, qui a également été publiée dans des quotidiens arabes. Je leur ai demandé de ne pas laisser passer du temps inutilement, et d’élargir le champ des investigations dans l’affaire Hariri en direction d’autres commanditaires éventuels du crime, notamment « Israël et le Mossad » et tous leurs collaborateurs. Étant donné que ce genre de crime commis par le Mossad à l’étranger -comme le cas récent de Majzoub- ne peut être exécuté qu’avec l’autorisation du Premier ministre israélien, j’ai proposé à Annan de donner immédiatement l’autorisation à l’UNIIIC -si nécessaire par le biais d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU- d’interroger les responsables au sein du gouvernement israélien, en premier lieu le Premier ministre Ehud Olmert et le chef du Mossad Meir Dagan. Car, comme le démontrent les enquêtes de l’armée libanaise, Israël dispose d’une vaste expérience et d’un savoir-faire précis dans la technique criminelle des voitures piégées. De plus, sous la direction de Serge Brammertz, épaulé par ses enquêteurs assidus, l’UNIIIC a la chance unique d’élucider le fonctionnement d’un système terroriste opérant au plus haut niveau logistique et technologique et ainsi, peut être ne serait-ce que dans la perspective d’en tirer une meilleure compréhension ou des éléments de comparaison, de trouver une réponse à beaucoup de questions apparues au cours de l’enquête ; parmi lesquelles la question de savoir avec quels moyens de haute technologie a été menée l’attaque contre Hariri.