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L’important c’est l’école lettre au DASEN de 419 directeurs et directrices d’école
publié le 18 octobre 2013 Paris, le 17 octobre 2013
A Monsieur Duthy, Directeur Académique des Services de l’Education Nationale chargé du 1er degré.
Copie
à : à Monsieur Weill, Recteur de Paris, à Mesdames, Messieurs les
Inspecteurs de l’Education Nationale, Inspecteurs de Circonscription
chargés du 1er degré.
L’important, c’est l’Ecole !
Monsieur le
Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale, Nous,
directeurs d’écoles élémentaires et maternelles de Paris, tenons à vous
faire part de notre désarroi et de notre colère après un mois de
reprise des classes. Depuis le 2 septembre, l’essentiel de nos
préoccupations et de notre temps est consacré au périscolaire municipal
décidé par la Ville de Paris. Sa qualité, par ailleurs très inégale,
les conditions dans lesquelles il s’exerce, ses modalités
d’organisation, les périmètres de responsabilité des uns et des autres
dans cette nouvelle organisation de l’école, sont les sujets qui
envahissent nos journées. Or, fonctionnaires d’état en charge de mission
d’Education Nationale, nous souhaitons affirmer fortement ici qu’à
l’école, l’important c’est l’École, autrement dit les apprentissages.
Apprentissages qui doivent se construire dans de bonnes conditions,
dans la sérénité. Des apprentissages menés sous la responsabilité
d’adultes formés, habilités. Des apprentissages qui trouvent leur
légitimité dans le cadre de programmes officiels, appliqués sur
l’ensemble du territoire national. Contrairement à ce qui est affirmé,
nous souhaitons attester que les bonnes intentions qui sous-tendaient
cette réforme n’ont pas suffi. Les déclarations « c’est dans l’intérêt
des enfants », « les journées scolaires sont trop longues », « il faut
réduire les inégalités », « combattre l’échec scolaire », sont des
préoccupations partagées par la totalité des enseignants. Elles se
heurtent cependant à la réalité de la mise en place de cette réforme.
Voici quelques éléments de notre constat :
Les conditions de sécurité mal assurées pour nos élèves aux différentes sorties de l’école,
Un niveau d’hygiène des locaux scolaires dégradé,
L’intervention
dans les bâtiments scolaires d’une succession d’adultes dont on ne
peut garantir la compétence, à qui sont confiés des groupes d’enfants
pour faire des « ateliers » dont on ignore les objectifs, dans les
locaux ou hors des locaux de l’école,
Une
confusion totale pour les élèves qui ne savent plus se situer par
rapport aux adultes référents. Pour ceux de l’école maternelle, la perte
de repères spatio-temporels à laquelle ils sont soumis et le
non-respect de leur biorythme sont proprement insupportables. La
représentation de l’école qui leur est donnée ne leur permet pas de se
situer de façon constructive dans l’institution scolaire,
La
confusion des finalités du scolaire et du périscolaire, certains
ateliers proposés par la ville ayant des appellations équivoques :
« lecture », « ateliers scientifiques », « anglais », etc.
Des
personnels enseignants exclus des locaux des classes où ils
préparaient leur travail pédagogique après 15 heures deux fois par
semaine. Il en résulte une perte de motivation des équipes et une
interrogation sur les finalités de leur métier,
Des
personnels d’animation, souvent plein de bonne volonté, mais
désemparés devant l’ampleur de la tâche confiée : animer des ateliers
sans matériel, dans des locaux impropres à leur exercice, parfois sans
formation, ….
Des
agents des écoles maternelles déboussolés qui ont du mal à s’inscrire
dans les nouvelles missions imposées par la Ville, sans formation :
passer du ménage et de l’assistance aux enseignants à l’animation
d’ateliers éducatifs en responsabilité devant les élèves. Depuis un
mois, les bâtiments scolaires sont réduits à des lieux d’accueil pour
enfants où différents adultes possédant des statuts mal identifiés par
les élèves passent faire avec eux des « activités », le scolaire
peinant à trouver sa place dans la confusion générale des espaces et
des rôles de chacun. Il nous semble particulièrement important que
l’institution qui nous emploie réaffirme aujourd’hui la prépondérance
de l’École à l’école. En professionnels de l’Education que nous sommes,
nous savons que la désorganisation structurelle induite par
l’application de cette réforme parisienne, ne sera pas résolue après
une « période de rodage » ou après quelques « ajustements » à la marge.
Nous vivons douloureusement le fait qu’une expérience mal préparée,
sans consensus trouvé entre les différents acteurs, vienne mettre à mal
les valeurs de l’école de la République en laquelle nous continuons
de croire. Nous vous assurons, Monsieur le Directeur Académique des
Services de l’Éducation Nationale, de notre profond attachement au
service public d’éducation.
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