Le phénomène de la réincarnation semble effectivement manifeste dans certains
cas, où les personnes ont des souvenirs précis dont on aurait bien du mal à
expliquer l’origine autrement. Cependant, on peut se demander pourquoi, si la
réincarnation s’avérait être d’une manière générale la suite de la mort
physique, la présence de souvenirs ne serait que le privilège de quelques uns.
Car je suis beaucoup plus sceptique en ce qui concerne la régression : comment
être sûr que les souvenirs soi-disant exhumés ne soient pas en réalité fabriqués
de toutes pièces par un réagencement inconscient de souvenirs épars enfouis dans
le subconscient ?
Il y a aussi se demander pourquoi l’âme, en « sortant du corps », continuerait
à se déplacer selon les modalités de l’espace et du temps physiques. Pourquoi
cette âme n’aurait-elle pas la capacité de revenir dans le passé ? C’est
Ouspensky qui a émis l’hypothèse d’une réincarnation dans le passé, qui implique
que nous devrions recommencer notre vie, la même, après la mort. Selon
l’utilisation que nous faisons de notre énergie pendant un cycle de vie, la
réincarnation suivante sera plus ou moins favorable et se verra impartir un
« capital » spirituel plus grand ou plus petit, selon les cas. Une bonne
utilisation de ses énergies pendant la vie nous entraînerait donc dans un cycle
vertueux de réincarnations, qui aboutirait, une fois qu’une grande quantité
d’énergie aura été accumulée, de se réincarner en quelqu’un d’autre, mais dans
le passé. A l’inverse, un cycle vicieux causé par une vie autodestructrice et
sans enthousiasme aboutirait à la disparition. L’accumulation de cycles vertueux
produisant des réincarnations dans le passé aboutirait finalement à la période
et au lieu de pivot cosmique qui se situent en Judée il y a 2000 ans. Nous
pourrions tous participer aux évènements racontés dans les Evangiles, en
incarnant divers personnages, le personnage « trou noir » qui nous amènerait vers
la perdition étant Judas, et le personnage qui serait la réincarnation ultime
étant le Christ.
Je précise que c’est une théorie qui n’appartient qu’à Ouspensky, et que je
relaie ici sans la faire mienne.