Mercredi
17 septembre 2014 :
"Femmes
illettrées" de l’abattoir Gad : l’expression de Macron ne passe
pas.
Selon le ministre, illettrisme et absence de permis de
conduire empêchent les femmes employées à l’abattoir Gad de
retrouver du travail ailleurs.
Le nouveau ministre de l’Économie et
de l’Industrie, qui vit sa première expérience dans un
gouvernement, a été l’auteur d’une maladresse sémantique ce
mercredi matin sur Europe 1. Pour appuyer son argumentation sur les
réformes que le gouvernement souhaite engager et notamment celle du
permis de conduire, il a évoqué la société d’abattoirs bretons
Gad, en grande difficulté avec 850 emplois menacés.
"Il y a dans cette société
(Gad), une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup
illettrées, pour beaucoup, on leur explique : vous n’avez plus
d’avenir à Gad ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km !
Ces gens-là n’ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi ?"
a déclaré le ministre au micro d’Europe 1, regrettant le coût et
les délais nécessaires pour ce permis.
"Il faut payer 1 500 euros, il
faut attendre un an ? Voilà, ça, ce sont des réformes du
quotidien, et ça, ce sont des réformes qui créent de la mobilité
et de l’activité", a ajouté Emmanuel Macron pour illustrer le
travail opéré par le gouvernement pour relancer l’emploi et la
croissance.
Cette affirmation n’est pas fausse : 20 % de l’effectif de
l’entreprise souffre effectivement d’illettrisme, c’est-à-dire que
les salariés maîtrisent mal l’écriture et la lecture. Par
ailleurs, la société d’abattage de porcs et de transformation
propose depuis 2010 une formation pour soutenir des salariés en
lecture et en écriture.
Pourtant, les mots utilisés par le ministre ont fait scandale,
notamment chez les internautes. Le Télégramme de Brest a
notamment reçu plus d’une centaine de messages sur sa page Facebook,
relève
Le Parisien.
Et l’expression a enflammé la twittosphère. Certains posts
reprochent au ministre un ton « condescendant », voire du
« mépris », à raccrocher à la
récente polémique sur les « sans-dents », d’autres
faisant valoir l’honnêteté du ministre face à l’illettrisme dans
les usines.
« C’est clairement du mépris », a estimé pour sa part
Jean Marc Detivelle, délégué FO chez Gad.
Pour tenter de rattraper la maladresse, l’entourage
d’Emmanuel Macron a appelé le Télegramme de Brest : "Il
n’y avait aucun mépris envers les salariés", a expliqué le
ministère, tout en reconnaissant un « mot malheureux »,
« extrêmement blessant ». Et d’ajouter : "On peut
comprendre que cela suscite une certaine émotion, mais il n’y avait
aucune volonté de stigmatiser qui que ce soit. Le souhait du
ministre est plutôt d’illustrer la difficulté d’un certain nombre
de salariés de se reclasser« après un plan social. »C’est
un sujet sur lequel le ministère de l’Économie, comme tout le
gouvernement, est mobilisé."
http://www.lepoint.fr/politique/femmes-illettrees-de-gad-l-expression-de-macron-ne-passe-pas-17-09-2014-1864017_20.php