J’aimerais exprimer mon accord avec le commentaire laissé juste avant moi par Bouli. Relisez-le : il est bien exprimé et empreint d’un humanisme qui me semble cruellement manquer au débat tel que le pose cet article.
Parlons d’abord des maisons closes. Savez vous que longtemps, elles ont existé en France ? Les violences n’en étaient pas moins fortes, au contraire.
L’activité de prostitution est par nature porteuse d’une violence sous-jacente. Tout simplement parce que réduire un corps humain à un bien que l’on peut acheter et consommer comme on le fairait d’une cannette de coca ou d’un disque est symboliquement extrêmement violent. Cela ne veut pas dire que les clients ne puissent pas être avenants et courtois. Leur démarche est par nature violente, qu’ils en soient ou non conscients (et généralement ils ne le sont pas).
Au passage, on parle d’une violence masculine sur des corps feminins. Car la prostitution masculine reste très minoritaire et quasi exclusivement à destination de clients hommes.
Or partout où il y a violence symbolique, aussi fort que soit le contrôle exterieur, cette violence aura spasmodiquement une expression physique. Il n’est pas impossible que vos vigiles chargés de la protection des « filles » soient leur premiers agresseurs ou exigent un paiement « en nature »...
La maison close a toujours été réclamée par la bourgeoisie urbaine non pas pour protéger les prostituées mais pour cacher ce traffic contraire aux bonnes moeurs. Mais le regard exterieur est précisément la seule chose qui protège un peu ces femmes. C’est pourquoi la loi Sarkozy qui les obligent à aller à l’exterieur des zones habitées les met effectivement en danger.
Quand à l’« assainissment du métier », je ne vous crois pas suffisamment naîfs pour croire qu’il n’y aura plus de prostitutions « au noir » par ailleur. Les femmes étrangères, sans papier, continuront à exercer. Leurs macs devront simplement casser les prix pour êtres plus compétitifs.
Enfin, j’aimerais faire un petit test avec vous. L’idée sous jacente à cet article est que ces femmes en vendant leurs charmes font simplement parti d’un systeme économique normale dans une société de marché. C’est une prestation, simplement.
Je propose donc dans ce même esprit que l’on légalise et institutionalise la vente du sang plutôt que son don. Les démunis irons vendre leur sang à l’hopital du coin. Bon, bien sur, il faudra contrôler leurs habitudes de vie : ils signeront un contrat dans lequel ils s’engageront à ne pas avoir de relations sexuelles non protégées ou à le faire savoir (avec nom du partenaire pour contrôle), à remettre leur dossier medical à l’hopital, à ne pas consommer de stupéfiants, à déposer un déclaration officielle circonstanciée en cas de viol... On ne les ponctionnerais qu’en quantité réduite pour ne pas mettre leur santé en danger.
Du coup, un marché paralèle se mettrais en place : ceux qui ne pourraient pas vendre leur sang dans le réseau officiel (ex drogués, prostituées...) et ceux qui voudraient vendre plus de sang s’adresseraient là. ça payerais moins bien, bien sur. Mais le sang issu de là étant moins cher, les malades les plus pauvres pourraient se l’offrir (la sécu, dans une vraie économie de marché, c’est privé et pas obligatoire. Les plus pauvres n’en ont donc pas). Bon, de temps en temps on retrouverait dans des coins de ruelles sombres le cadavre d’un vendeur de sang au marché noir qui a été un peu trop gourmand...
Et puis pourquoi s’arrêter au sang ? Les mères porteuses devraient elles aussi avoir un statut officiel. On créera une agence qui triera les candidature selon des critères objectifs (âge, poids, antécédents de santé et familiaux, mode de vie...). Les femmes seront payées au mois de grossesse + un forfait à la livraison. Des options seraient possible : 100€ pour faire écouter à l’enfant encore dans le ventre de sa mère de la musique classique. 200€ pour que la mère fasse du yoga. 150€ pour que la mère envoie tout les quinzes jours une vidéo d’une échographie... Une tactique courrante des porteuses pour être payées sans endurer le plus difficile serait de provoquer une fausse couche au 6ème mois (la vente des médicaments nécessaire sur le net serait un buisness très lucratif).
Je pourrait vous faire la même description avec la vente d’organes (reins, oeuil...) qui a déjà court en Amérique latine où les paysans vendent des parties de leur corps pour sauver leur exploitation et nourir leur petite famille. Ce serait cool pourtant, les étudiants braderait leur rein pour payer leurs études, les familles endeuillées se consoleraient en vidant le corps de leur mort comme une huitre pour se payer une jolie maison...
Ah, le corps consomable dans le meilleur des marchés possibles ! Voilà la nouvelle utopie !
Non ?
Vous trouvez que je pousse un peu loin le bouchon ? Probablement. Mais pourquoi interdit-on la vente du sang, des organes, de la grossesse aujourd’hui en France ? Parce que le corps humain est dit « hors marché ».
Et bien il me semble que ce principe devrait être appliqué à la prostitution. Au nom de quoi ces femmes sont elles en dessous de la loi ? Les concidérez vous comme indignes du statut d’être humain pour n’avoir pas droit à cet élémentaire respect de leur dignité qu’est la mise hors marché de leur corps ?
Ou bien peut-être concidérez vous ma vision de l’humanité et mes exigence de respect et de dignités comme obsolètes et dépassés ?
Et bien je trouve que votre vision de la modernité à des relents de XIXè siècle.
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