« Je suis Charlie ». Tu parles. T’es rien du tout.
Vive l’union nationale autour de rien
Jany Leroy (Auteur pour la télévision)
« Je suis Charlie ». Tu parles. T’es rien du tout.
À
peine rentré chez toi, tu reprendras tes discours lénifiants, la
tolérance tu prôneras sans être capable une seule seconde d’en définir
les limites, pour des sans-papiers aux idées inconnues tu défileras… Tu
viens pleurer sur des effets dont tu chéris les causes. Mon pauvre
Charlie, à ta place, je prendrais un pseudonyme. Tu n’es pas Charlie, tu
es Mathieu, Stéphanie ou Jean-Paul qui votera pour l’islamophile Juppé
en 2017 ou un Sarko du même tonneau, et à nouveau, au premier attentat,
tu ressortiras tes bougies Ikéa que tu aligneras bien sagement à même le
trottoir dans un élan de belle émotion très jolie… Tu seras dans le
recueillement des conséquences de cruautés dont tu es le premier
promoteur. Alors, Charlie, s’il te plaît, pour une fois, à la place de
bougies, allume ton cerveau.
Comme beaucoup l’auront compris,
la tuerie de Charlie Hebdo ne servira à rien d’autre qu’augmenter le
chiffre d’affaires des marchands de bougies. L’Amérique n’était-elle pas
sur le point d’ériger une mosquée à l’emplacement même des tours du
World Trade Center ? Quoi qu’il arrive, l’immigration restera le sujet
tabou qui vous transforme le moindre objecteur en nazi pur et dur…
Houellebecq, au poteau ! Plenel est formel, l’homme est dans un délire
dangereux. Trop clairvoyant, trop réel. À la trappe !
Lire aussi : Non, je ne suis pas Charlie !
Et
puis il faut endurer le festival de phrases creuses qui accompagne
invariablement ces événements tragiques. Un véritable feu d’artifice de
déclarations vides. Manuel Valls y va d’un « appel à une union nationale
durable ». Autour de quoi ? Sur quelles bases, quelles valeurs, quelles
mesures, quelles décisions ? Nous ne le saurons pas. Sans doute une
union nationale durable autour de rien. Autour du gouffre. Tous en rond
au bord du trou, main dans la main, ébahis par la profondeur de l’abîme.
Voilà pour l’union. Arrive en même temps le hochet le plus drôle : le
célèbre Vigipirate. Plein de barrières un peu partout, autour des gares,
face aux écoles, au nord au sud, à l’est, à l’ouest, mais… surtout pas
aux frontières.
La règle du jeu est claire : on laisse entrer
le fou furieux et, ensuite, on tapisse les rues de barrières. Pas en
amont. Trop facile ! Le plan Vigipirate chauffé à blanc pourrait
consister à demander aux Français de rester cloîtrés chez eux et de
n’ouvrir à personne… Fini les attentats ! Islamistes, foulardées et
barbus en djellaba pourraient ainsi vaquer à leur aise et construire la
société dont ils rêvent. Pourquoi s’entêter à leur résister au risque
d’être catalogué islamophobe ? Union nationale autour du poêle à bois
dans l’appartement de Manuel Valls. Fait pas chaud, mais on est
ensemble. Solidaires, mâchoires serrées, déterminés à remettre une bûche
dans le fourneau… Surtout sauver la face. Ils n’ont aucun autre idéal.