D’accord avec Pensif et, pour l’essentiel, avec les articles de De ço qui calt ? Le dernier, d’hier soir, est très poignant et ce qu’il dit n’est pas faux :
http://blog.360.yahoo.com/quicalt
Chirac, Sarkozy, Royal, Buffet et l’évolution implacable de la réalité française
Pendant que Ségolène Royal achève sa visite en Chine et, au sein de l’UMP, les rapports entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy au sujet des présidentielles restent complexes, François Bayrou, Marie-Georges Buffet ou encore Corinne Lepage, se plaigent d’une « omniprésence du duo Sarko-Ségo », voire même de Nicolas Hulot, dans les médias. Mais, globalement, le malaise des Français semble jouer le rôle d’un véritable empêcheur de tourner en rond pour les professionnels de la politique. C’est sans doute pourquoi Marie-George Buffet rejette l’actuel programme de Ségolène Royal et propose un « programme antilibéral » qui se veut alternatif. En même temps, le contenu même de ce programme « alternatif » donne toute la mesure de l’incroyable recul social qu’a connu la France au cours des trois dernières décennies. Où est passé l’avenir dans les projets de « nos » politiques ? Quel que soit leur usage de ce mot dans leurs discours, la réalité est accablante.
Qui pouvait penser, dans la France des années 1970, qu’en 2007 la « gauche de la gauche » proposerait d’éradiquer le chômage, de relever en urgence les salaires et les minima sociaux, de garantir un toit pour tous, d’assurer le droit à la santé pour tous... ? Pour la grande majorité des Français de l’époque, le pays était censé avoir dépassé ces problématiques bien avant la fin du XX siècle. Si on leur avait expliqué ce qu’allait être en 2007 le programme du Parti Communiste, ils auraient sans doute demandé quelle catastrophe naturelle allait s’abattre sur le pays pour en arriver à une telle situation.
Pourtant, aucun grand ouragan, aucun tremblement de terre sans précédent, aucune épidémie mortifère... n’a ravagé la France.
Et si on avait parlé du Contrat Nouvelles Embauches, de la précarité généralisée... aux salariés français d’il y a trente ans, ils auraient peut-être pensé à un coup d’état militaire. Mais ils auraient sans doute écarté cette hypothèse, car la dernière période de la dictature franquiste n’avait pas connu une telle situation sociale. Pour en arriver à l’état de la France actuelle, il faut que quelque chose de bien pire se soit produit.
Que s’est il donc passé en trente ans ? Il y a eu, entre autres, la mondialisation, l’ouverture des frontières au « commerce mondial » et au dumping social, la mise en place d’un véritable marché mondial de la main d’oeuvre... Que valent les droits formels des citoyens dans un pays où le SMIC est de 1200 ou 1300 euros, si les patrons et financiers peuvent délocaliser leurs capitaux vers des pays où le salaire minimum est inférieur à 100 euros ? Si on peut importer sans entrave les produits fabriqués dans des conditions sociales très inférieures à celles régissant dans le pays importateur... Il paraît évident que, dans un tel système, financiers et employeurs chercheront par tous les moyens à récupérer l’énorme magot que représentent la masse salariale et le budget des prestations sociales du pays « riche ». Comment pourrait-il en être autrement ?
Aussi, lorsque Ségolène Royal dit évoquer les droits de l’homme en Chine, comme Jacques Chirac en octobre dernier, on peut se poser quelques questions. Par exemple, peut-on valablement considérer qu’un pays comme la France, où des êtres humains meurent de froid, est un pays où sont respectés les Droits de l’Homme ? L’article 25 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dit notamment :
« Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. »
Et si un doute existe sur le caractère relatif du respect des Droits de l’Homme dans l’actuel système économique et social, en présence des intérêts implacables des lobbies financiers, il paraît utile de rappeler la « petite phrase » de Jules Ferry lors de son discours du 28 juillet 1885 :
« Si l’honorable M. Maigne a raison, si la déclaration des droits de l’homme a été écrite pour les noirs de l’Afrique équatoriale, alors de quel droit allez-vous leur imposer les échanges, les trafics ? »
C’est notamment pourquoi les discours de campagne électorale sur les Droits de l’Homme risquent de s’avérer insuffisants par rapport à la question, évoquée dans mon article du 8 janvier, sur la valeur réelle reconnue à l’être humain dans l’actuelle société capitaliste dite « avancée ».
Il suffit d’ailleurs d’examiner de près l’évolution des lois et règlements des deux dernières décennies : développement de la précarité, limitation de l’exercice des droits sociaux et civiques (y compris de l’accès à la Justice), fonctionnement de plus en plus expéditif des administrations à l’égard des citoyens... Quel candidat propose de renverser cette logique implacable ? Tout compte fait, on nous promet quelques anesthésiques, mais rien de plus.
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