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Irène (---.---.119.22) 24 février 2007 00:52

Je travaille à l’Office Français de Protection des Réfugiés (en fait l’organisme qui doit décider si les « demandeurs d’asile politique » sont éligible ou non au statut de réfugié), et de mon expérience, l’affaire n’est pas simple. Je n’ai personnellement jamais vu l’administration piéger quelqu’un, ce qui bien sûr ne veut pas dire que cela ne peut pas arriver.

Vous avez d’une part, effectivement de la misère, et parfois pas des moindre. Vous avez aussi des mafias organisées, du travail clandestion dans des conditions d’esclavage, etc.

En réalité, la police, vu de notre organisme, nous semble sans direction, parfois trop sévère, parfois trop laxiste.

C’est peut-être parce qu’il n’y a pas de véritable politique d’immigration dans notre pays, et qu’on se contente d’expulser de temps en temps, mais ni les femmes enceintes, ni les familles... sans doute pour d’excellentes raisons, mais le résultat est une véritable loterie pour les sans-papiers, dont beaucoup, soit dit en passant, n’étaient pas des prolétaires dans leur pays, car ils ont dû pouvoir payer beaucoup d’argent aux passeurs pour pouvoir rentrer (15 000 euros à partir de certains pays).

99% des étrangers en situation irrégulière font une demande d’asile politique, et le résultat est que notre institution est engorgée par des immigrés économiques, ce qui lui retire une partie de sa raison d’être.

Si l’on réfléchit bien, pour être juste, il n’y a que deux solutions possibles : soit l’expulsion pour tous, soit la régularisation pour tous... autrement, on n’est pas dans un Etat de droit, mais dans un Etat de magouilles. On ne peut pas expulser quelqu’un qui a déjà fait sa vie ici, c’est trop cruel, alors, si l’on veut expulser, qu’on les expulse le plus tôt possible.

Si on ne les expulse pas, c’est aussi inhumain de les laisser sans droit, dans une situation d’expulsabilité à tout moment. En même temps, il ne faut pas se voiler la face : notre système social n’est pas assez riche pour régulariser tout le monde. La majorité des demandeurs d’asile à qui l’on a reconnu le statut de réfugié, et qui sont donc légalement en France et gérés par l’OFPRA, ne sont pas imposables... et l’on connait l’habileté des mafias à exploiter les failles de notre système social, surtout dans des communautés nationales, au fonctionnement plus opaque pour la police.

Alors, quelle solution ? Continuer à promouvoir l’Etat magouille ? J’en suis venue à penser que ceux qu’on ne veut ni expulser ni régulariser, il faudrait leur donner un « statut bis », qui leur donnerait un titre de séjour, mais pas l’accès à notre système social, avec bien sûr une possibilité d’y accéder à terme et sous conditions strictes, notamment de langue et d’intégration par exemple. Ainsi, on n’aurait pratiquement plus de sans papiers, et le système serait un peu moins injuste, à défaut d’être parfait.


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