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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 14 avril 2018 18:40

Aux Lecteurs,cette analyse de J. Sapir à laquelle je souscris personnellement.
cf. Source entière : https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-syrie-frappes-a-dingues-par-jacques-sapir/

La politique française : hors-jeu ou inclusion ?

"Car, et il n’en faut pas douter, Bachar-el-Assad a gagné. Certains en seront soulagés, d’autres le regretteront, mais cette victoire est désormais incontestable. Il a gagné militairement cette guerre, mais il n’a pas encore gagné la paix. Et l’on peut douter qu’il soit en mesure de la faire, du moins tant qu’il restera dans la situation actuelle.

Si la France a un objectif, ce devrait être justement celui-là : se réinsérer dans le jeu politique du Moyen-Orient pour pouvoir peser sur la paix qui vient, et garantir que le jihadisme soit réellement vaincu mais aussi qu’une situation acceptable soit faite aux minorités, tant cultuelles que politiques. On comprend bien que cela constituera – s’il est possible de le mettre en place – la meilleure garantie pour que le jihadisme ne puisse revenir. Contribuer à une paix réelle, à une paix qui passe par des compromis, mais aussi par la reconnaissance des droits des kurdes, envers qui nous avons une vieille dette, telle devrait être l’objectif de la France, car cette objectif est le seul qui associe tant les principes démocratiques que les conditions de notre sécurité. Cet objectif, de plus, est le seul qui soit compatible avec le droit international. Or ce droit, tout imparfait et limité qu’il soit, reste le meilleure garantie de stabilité au niveau mondial.

Nous avons donc le choix entre une politique qui renforcera notre exclusion de la zone du Moyen-Orient, car nous n’avons pas les moyens de présence des Etats-Unis, et qui fragilisera notre sécurité, et une politique d’inclusion. Mais, cette dernière ne peut se mener que dans un dialogue avec la Russie et l’Iran. On peut d’ailleurs constater que l’attitude, bien plus prudente, de l’Allemagne, tend en réalité vers cela. Il convient donc de rouvrir un véritable dialogue politique tant avec la Russie qu’avec l’Iran, et pour cela commencer à se détacher du cadre de l’OTAN qui nous enferme et qui nous contraint. Il convient aussi d’apporter dans ce dialogue nos moyens et notre capacité économique pour la reconstruction de la Syrie et, au-delà, de l’Irak. Car, reconstruire un pays est une chose que nous savons faire et ce certainement mieux que les Etats-Unis.

Mais, choisir cette stratégie d’inclusion implique de fermer la porte aux options militaires irréfléchies et irresponsables. Il ne semble pas que notre Président, Emmanuel Macron l’ait compris."


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