APPROCHE BOUSEUSE ET NON TECHNOCRATIQUE
Commentaire peu aimable dans un pays qui se réclame des droits de l’être humain et qui a aboli la peine de mort. Du reste, les motifs de la condamnation de M. Gaijin ne sont pas tout à fait clairs : il met en question le « type de démarche » prôné par l’article consacré à La peur du pouvoir, qu’il qualifie de « bouse de technocrate ».
Le type de démarche que me reproche mon contradicteur prend sa source :
1/ dans les travaux d’Edouard Deming. C’est le « technocrate » qui a défini l’approche qualité reprise par les normes ISO-9000.
2/ dans la mise en oeuvre des principes Deming par le Vice-Président Al Gore qui, comme le rapporte l’article, a initié une politique de réformes administratives fondée sur la participation des parties prenantes.
1/ Les travaux d’Edouard Deming sont à l’origine de l’exceptionnelle réussite économique du Japon (voir le livre de Morita, Made in Japan). Les normes ISO-9000 ont joué un rôle fondamental dans le redressement de nombreuses industries françaises — dont l’automobile en général, et Renault en particulier.
Certes, Deming ayant diffusé sa pensée au Japon à partir de 1947 et les français ayant repris ces principes au début des années 80, notre retard n’a pas encore été entièrement comblé en cette matière. L’approche que je préconise, fondée sur le partage des meilleures pratiques normatives européennes, aurait sans doute à cet égard des conséquences positives — on sait qu’une part non négligeable des progrès de l’industrie résulte des exigences normatives.
2/ Les réformes administratives de M. Al Gore ont engendré une formidable politique de modernisation des services publics aux Etats-Unis. Cette politique a ceci d’exceptionnel qu’elle fait entrer les citoyens et les parties intéressées dans le dialogue avec les technocrates. Al Gore a réuni les fonctionnaires et les administrés pour examiner quelles exigences des technocrates étaient fondées — ceci a conduit à des divisions par 100. De cette confrontation sont nées d’énormes simplifications pour les citoyens.
L’article montre les effets extraordinaires de cette politique sur les finances publiques de l’Etat fédéral (voir le graphique des déficits et des excédents). Concernant les difficultés des hôpitaux français, je crois aussi que l’approche bouseuse, que critique M. Gaijin, fondée sur la comparaison des meilleures pratiques régionales et européennes, pourrait aussi avoir des effets salutaires.
Cette approche n’est en effet pas du tout technocratique. Elle vise à permettre à toutes les parties intéressées, en premier lieu aux citoyens, de comparer et de valoriser les meilleures pratiques du terrain.