@Olivier Deville
Votre raisonnement est fallacieux : les mesures barrières, et le confinement surtout, jouent sur le R0, qui lui-même détermine l’évolution du nombre de contaminés sur une échelle de temps donnée.
Ce que vous n’arrivez visiblement pas à comprendre, c’est que le taux de létalité du Covid-19 n’est pas constant avec l’évolution du R0 (il lui serait même plutôt proportionné), puisque cette maladie a la particularité de produire un nombre important de pneumopathies graves nécessitant un taux d’hospitalisation en réanimation important, susceptible de saturer les services de santé même les plus performants et préparés, plus encore si aucune mesure spécifique n’est prise dans l’intervalle (confinement, test massif, quarantaine, etc).
Donc logiquement, même si indirectement, les gestes barrières et les mesures drastiques, inédites même, qui ont été prises dans tous les pays au monde qui ont été frappés, en réduisant de manière importante le R0 — passant de 3,3 à 0,5 selon l’institut Pasteur — ont permis de réduire le taux de mortalité qui aurait été de toute évidence beaucoup plus important si elles ne l’avaient été, non pas du fait d’ailleurs de la « mortalité intrinsèque » de la maladie, que de sa propension à dépasser les capacités usuelles hospitalières.
D’autre part, que je sache, ce qui est important in fine ce n’est pas tant le taux de létalité que la létalité elle-même. Une situation sanitaire est d’évidence plus grave (surtout pour les premiers concernés...) dans le cas où une maladie, du fait de ses caractéristiques propres (contagiosité/formes graves/létalité), entraine un nombre de morts beaucoup plus important qu’une autre mais dont le taux de létalité serait beaucoup moins important. Et ce n’est nullement contradictoire : exemple fameux du virus Ebola, qui a un taux de létalité bien supérieur à celui du Sars-Cov-2 mais qui a occasionné un nombre bien moins important de mort sur la planète.
D’autre part il y a quelque chose qui me chiffonne dans cette étude : l’institut Pasteur évalue à la fin du confinement prévu le 11 mai que seuls 5,7% de la population française aura été contaminée, soit 3,7 millions d’habitants. Or le taux de létalité est bien le rapport des contaminés sur les décédés. Aussi quel sera le nombre des décédés du Covid-19 le 11 mai ? Nous sommes à 21340 morts au 22/04, il n’est pas improbable que nous tutoyons malheureusement les 30.000 décès d’ici 19 jours. Or avec ces chiffres, nous sommes à 0,81 de taux de létalité, pas 0,5 comme donné par l’étude, ce qui laisse circonspect.
Enfin Raoult a dit aussi quelques belles conneries, affirmant par exemple fin janvier qu’il serait très surpris que la maladie occasionne 10.000 morts en France. ..