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zapinc zapinc 20 juillet 2007 23:02

Bonjour, En complément, voici un extrait d’un texte que j’ai écrit voici quelques années, mais qui me semble encore d’actualité.

« Psychophotographie »...

Un aspect me semble assez peu pris en compte dans les discussions ayant rapport au droit à l’image : c’est la dimension psychologique. Cette dernière nous renvoie à l’essence de la photographie comme mode de représentation du réel. Car enfin, quel malentendu historique que de croire la photographie toujours fidèle à la réalité, alors qu’elle n’en rend la plupart du temps qu’une facette réductrice et trompeuse. La photographie utilise comme matériau le réel comme le sculpteur utilise la glaise. Mais les mythes ont la peau dure et les habitudes aussi. Il aura fallu que pendant plus d’un siècle ( et cela continue) on utilisât la photographie à des fins documentaires, pour répondre à des nécessités mécaniques et fonctionnelles (la presse ; l’édition) pour s’apercevoir et encore grâce à l’emergeance de nouveaux mediums (vidéo) que la photographie n’est décidément pas le moyen le plus adapté, car trop peu fiable, à la représentation du réel. Las ! Cette idée est encore trop enracinée dans l’inconscient populaire et dans les habitudes pour être changée.

Les gens, puisqu’il s’agit d’eux, les plaignants, ceux qui intentent des procès à des photographes sont pour l’essentiel, on le sait aujourd’hui, motivés par l’appât du gain. En revanche, la réaction souvent brutale (et traumatisante) que chaque photographe a connu au moins une fois dans sa vie, est, je crois révélatrice de la violence à peine voilée que représente l’acte de viser et de tirer... le portrait de quelqu’un « sur le vif. » La « victime » ressent une forme d’impuissance à contrôler son image (trop tard !) Du coup, la réaction, spontanément se place au même niveau que « l’attaque » et la réaction est souvent virulente. Le photographe est toujours surpris ( je l’ai été de nombreuses fois) mais il ne mesure pas bien cette violence car elle est contenue dans l’acte même et non dans sa démarche, généralement bienveillante. Pour preuve, il est amusant de constater la différence de réaction de gens devant une caméra de TV et devant l’objectif d’un photographe : la TV induit des comportements qui sont presque à l’opposé, les gens se livrant souvent involontairement à de l’exhibitionnisme. Devant une caméra il est possible de contrôler( on se l’imagine...) son image. Devant un appareil photo, en 1/125 eme de seconde...on est mort. Toute la différence est là.

De tous temps il a donc été difficile de photographier les gens dans la rue. Cartier-Bresson disait : « On ne fouette pas l’eau avant de pécher », il avait ses trucs pour passer inaperçu, Robert Doisneau refaisait jouer souvent une scène, Raymond Depardon avoue voler « à la dérobée » et en faisant volte-face ses instantanés, Guy Le Querrec amuse la galerie et finit par se faire oublier... à chacun sa méthode. Reste que devant une photo publiée sans autorisation l’ avocat moyen se régale, car la différence énorme est qu’aujourd’hui la société s’est judiciarisée à outrance. vm


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