Ce qui reste étonnant tout de même est le rapport entre l’image qu’on vole et son utilisation. Je veux dire qu’une image de nous prise dans la rue n’a pratiquement aucune chance d’être divulguée dans un média à grand tirage. Et même si elle est divulguée on a très peu de chance de se voir, à moins de tout lire ce qui devient franchement difficile aujourd’hui. Personnellement, je ne me suis jamais vu nulle part... ainsi donc la crainte d’être photographié me semble très disproportionnée par rapport à la probabilité que son image soit divulguée et que l’on puisse s’en trouver dérangé ou spolié.
Pour essayer de répondre à Céline, le rapport à l’image est très différent selon les cultures. Pour un Népalais c’est une fierté d’être photographié, pour un Egyptien une honte. C’est souvent perçu comme une agression en Afrique noire et comme un acte naturel en Amérique du Sud. Le religieux joue un rôle mais pas si déterminant qu’on pense : un Turc, musulman, ne se comportera pas comme un musulman d’un pays plus strict quant au domaine religieux. Le tourisme est un facteur important aussi : en Crète, les vieilles femmes n’acceptent d’être photographiées que contre finance. Les enfants Egyptiens demandent à être photographiés pour réclamer ensuite leur dû. Certains tentent même d’interdire toute photographie (architecture ou paysage),en masquant votre objectif, et se comportent ainsi en racketeurs. S’il est une règle à observer c’est, je crois, d’établir le contact avec la personne photographiée, si rudimentaire soit-il (la fameuse « barrière de la langue » n’aide pas), sourire et ne pas se comporter comme un voleur. Cela reste simple et évite souvent de nombreux ennuis.