J’ai parcouru votre article, je ne suis pas tout à fait d’accord sur l’opinion que "les gens" ont de notre métier, oui moi aussi je suis assistante sociale.
Mon entourage, voisinage, etc...ont toujours respecté ma profession, c’est un métier comme un autre métier. Au bout de 3 ans d’études on obtient un DEAS et hop au taf !
Là on s’en prend plein la figure, on voulait changer les choses et on se retrouve coincée entre une hierarchie carrieriste et hyper administrative, asservie aux politiques du moment et des clients qui attendent tout : des sous, un logement, l’éducation de leurs enfants, un emploi, un médecin, un psy, un curé pour la confesse etc.... souvent nous sommes le dernier espoir, la porte si difficile à franchir pour certains...
Alors on s’en prend plein la figure à longueur de temps et on devrait écouter les mauvaises langues qui pensent que nous ne faisons rien. NON ! N’interroge jamais ta conscience !
Pour ce qui est de l’évaluation de ton travail, je ne sais pas où tu travailles mais nous dans notre service nous avions une obligation de résultats ! J’ai travaillé pendant 15ans dans un service de suivi des personnes bénéficiaires du RMI, il s’agissait de les accompagner vers la sortie du dispositif RMI, la prise en charge était tout à fait éducative, le public changeait c’est tout. ce sont des adultes, rien à voir avec des enfants où l’espoir est encore permis.
Si aujourd’hui le RMI remplace l’allocation des ASSEDIC, il y a environ 5 ans ce n’était pas encore le cas, mais on sentait la tendance. Lorsque le RMI est apparu, il a permis la mise au grand jour d’une grande misère en France. Puis petit à petit insidieusement comme une maladie il est devenu une institution et les personnes bénéficiant de l’ allocation, sont devenus, des "RMIstes".
J’ai travaillé dans des quartiers dits difficiles et ils le sont, j’avais un travail de titan, l’éventail des tâches était large, accompagner des hommes seuls, des familles avec des jeunes sans travail, des étrangers ne parlant pas un mot de français, chaque personnes avait son histoire et sa souffrance. J’ai fait des signalements pour des situations incroyables dont on ne parle pas dans les journaux, à la TV.
Dans les films et autres séries c’est vraiment l’AS poussièreuse des années 50. Ne t’en fais pas.
Comme le disait Bourdieu "il faut prendre les faits sociaux comme des choses", car pour travailler avec des êtres humains sans se laisser envahir il faut trouver la bonne distance. Ca semble si facile à dire, difficile de ne pas être bouleversée face à certaines situations. Alors réflexion, action, évaluation, réajustement, re action...etc... C’est du boulot, pas de l’humanitaire. Apprendre à pecher plutôt que de donner du poisson d’accord, mais s’il n’y a pas de poissons dans nos rivières ????Le poisson est en Chine ! Merci au grand modèle capitaliste.
Nous ne sommes pas Zorro, ni Freud, nous sommes des travaillleurs sociaux et faisons un travail que peu de personnes ont vraiment envie de faire.
Bien.... au bout de dix huit ans de travail dans le social, je suis tombée malade, très malade et je me permets enfin de penser un peu à moi, à ma famille.
Range la baguette magique et fais ce que tu peux.