Madame, je comprends votre désarroi mais je dois vous signaler que vous vous trompez de colère, de combat, de coupable... Le témoignage de cette AVS le rappelle opportunément, et les expériences de scolarisation des élèves autistes menées (quand même et malgré tout) depuis une ou deux décennies sont là pour nous l’apprendre : les autistes bénéficient à tous points de vue de la scolarisation et de tout ce qu’elle peut leur apporter dans le domaine où ils sont le plus déficitiaires, à savoir la socialisation. Les premières générations d’élèves autistes scolarisés, en école privée la plupart du temps - car les écoles confesionnelles sont plus sensibles aux arguments éthiques et moins aux consignes corporatistes - sont en train d’arriver dans l’enseignement supérieur, avec derrière eux de bonnes scolarisations, à niveau scolaire honorable (plusieurs premiers de classe, quand même) et progrès personnels époustouflants. IL n’y a pas lieu de parler d’« illusion » et de mensonges aux parents. EN revanche, on ment aux parents quand on présente l’incapacité de l’école à scolariser comme une incapacité de l’enfant à être scolarisé. Les troubles du comportement sont une réalité, mais on oublie de dire que les méthodes pour les canaliser, les gérer et les réduire existent, sont connues et somme toute relativement simples. Un AVS avec une formation de base est tout à fait capable de les appliquer, supprimant ainsi les perturbations dans la classe et favorisant les apprentissages de l’élève autiste. Oui mais voilà : depuis 2003, on a remplacé les AVS formés par des AVS sans formation. ON a remplacé les AVS payés au SMIC par les familles, et attachés à long terme à un enfant en particulier, en collaboration soutenue avec la famille et avec une association spécialisée en autisme, par des AVS payés à 80 % du SMIC par l’Education nationale, recrutés sur la base de leur absence de toute formation quelle qu’elle soit, et qui changeent d’enfant chaque année, voire chaque mois ou chaque semaine. Alors forcément, ce n’est pas la même efficacité. IL est vrai que parfois, la compétence des AVS faisait complexer les enseignants. ON a voulu aussi, et c’est louable, décharger les famille du poids financier, mais si c’est pour aboutir à des déscolarisations systématiques, comme votre article semble y préluder, nous aurions préféré somme toute continuer à payer... IL reste que si vous n’avez pas d’ATSEM dans votre classe, ce n’est pas l’élève autiste qui en est responsble ou coupable, et qu’il faut condamner pour cela. Si vous n’avez pas d’AVS, ce n’est pas l’élève autiste qu’il faut condamner. SI vous n’avez pas de formation, en quoi l’élève autiste en est-il responsable ? (si en plus vous refusez les conseils donnés par la famille, qui est la meilleure spécialiste de l’enfant et a en général acquis une certaine culture sur l’autisme, vous ne risquez pas de l’ acquérir, cette formation que l’EN ne vous dispense pas...) Or, savez-vous à quoi vous condamnez votre élève autiste, et celui-là seul puisque d’après votre intervention radio, vous ne refusez à l’école que les autistes ? A passer sa vie dans un hôpital, sous camisole chimique, et victime de maltraitance, à force d’être maîtrisé au lieu d’être guidé... N’est-ce pas un petit peu cher payer, pour cet innocent bouc émissaire, les lacunes et les insuffisances de l’Education nationale ?
Les professeurs savent bien en général se mobiliser pour faire valoir leurs revendications. Leurs grèves et leurs manifestations sont célèbres, ainsi que leur implcation dans de nombreuses « justes causes ». Alors pourquoi dans le domaine de l’autisme, votre militantisme consiste-t-il uniquement à crier « haro sur l’enfant vulnérable, sortons-le de l’école, de la société, de la vie !!!! » au lieu de crirer « donnez-nous les moyens dont nous avons besoin pour changer le destin de ces enfants en leur permettant d’exister avec nous au lieu de les cacher, les exclure et les détruire ». J’oubliais : vous criez aussi haro sur les familles qui souhaitent que leur enfant ne connaisse pas le sort de la soeur de Sandrine Bonnaire tel que décrit dans le film « elle s’appelle Sabine », alors que des moyens simples et pas plus couteux que l’hospitalisation systématique existent pour leur permettre de vivre, ce qui s’appelle vivre... Ces parents, c’est vrai, ils exagèrent !!!! Quand on sait l’avantage qu’il y a à tirer (le succès de la méthode TEACCH aux Etats-Unis en est la preuve) du partenariat entre les parents et les professionnels, il est tout à fait regrettable qu’en France, la pénurie organisée de moyens (AVS attribués systématiquement à mi-temps par exemple)amène ces deux groupes à s’opposer parfois violemment, sur une base de préjugés mutuels, de consignes corporatistes et de paranoïa entretenue par les associations et les forums (enfin, certains...). A quand une mobilisation commune, pour les obtenir, ces fameux moyens, (en l’occurence et dans le cas des autistes, des AVS à plein temps, formés et autorisés à jouer un authentique rôle pédagogique), qui vous permettront de faire vos cours en toute sérénité tout en laissant à nos enfant la chance de pouvoir observer, absorber et imiter, comme ils savent si bien le faire quand on leur en donne le temps et l’occasion, les conduites scolaires et sociales. Pour eux plus que pour tout autre enfant, l’école est une école de la vie. Ils en ont besoin plus que tout autre, parce que c’est d’elle qu’ils vont apprendre tout ce qui leur sera le plus utile dans l’existence, si on part du principe que cette existence se déroulera dans la société et non dans une cellule capitonnée comme, par tentation de la facilité, certains semblent le préconiser. Madame,quand vous avez choisi cette profession, vous saviez et avez assumé le rôle déterminant que vous pourrez avoir sur la destinée des enfants qui commenceront bien ou mal dans la vie selon que vous serez compétente et motivée, ou ne le serez pas... Lourde responsabilité que je ne vous envie pas... mais pour laquelle je vous admire !!!Malgré la résonnance douloureuse que votre « tous sauf les autistes » peut avoir sur moi, je vous comprends et aimerais ne pas vous combattre mais m’allier avec vous dans un combat militant, pour obtenir des pouvoirs publics les moyens de transformer vos échecs en victoire et de vous montrer que c’est possible, que vous avez la capacité de transformer radicalement le destin d’un enfant, de tout l’intervalle qui sépare la camisole de force d’une une vie heureuse et autonome
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