L’auteur fait preuve soit d’une étonnante naïveté, soit d’un bel élan d’autodestruction.
Résumons les faits :
- le MoDem ne possède pas encore de structures ou de statuts officiels, qui ne seront établis qu’après son congrès fondateur.
- les élections municipales et cantonales ont lieu mi-mars 2008
- Le PS a officiellement refusé toute idée d’alliance avec le MoDem
- François Bayrou a creé une commission d’investiture ad hoc composés d’anciens UDF et de nouveaux MoDem ; cette commission a déjà désigné un certain nombre de têtes de liste (principalement des maires UDF sortants et des candidats MoDem aux législatives)
- certains anciens responsables de l’UDF qui ont suivit Bayrou ont entamé des discussions informelles au niveau local avec des responsables UMP, d’autre (plus rare étant donné la position officielle du PS) avec le PS.
- des adhérents MoDem ont créé des structures parallèles pour réclamer le droit de choisir leurs candidats, se réclamant de principes généraux de démocratie en l’absence de statuts.
Examinons tout d’abord l’hypothèse de la naïveté :
L’auteur n’a sans doute jamais participé à un combat électoral comme candidat. Peut-être pense t-il qu’une campagne électorale peut se préparer en 3 mois... Peut-être pense t-il qu’avoir des élus est sans importance, et que l’essentiel est d’avoir des candidats estampillés MoDem. Il ne lui est donc pas venu à l’idée que, peut-être, c’est à la demande de ses militants que Bayrou a été obligé d’accélérer la cadence, pour que les têtes de listes puissent commencer à se faire connaître et faire campagne. Peut-être considère t-il le modèle des Verts comme parti idéal, d’une parfaite efficacité électorale, duquel il faut s’inspirer. Peut-être pense t-il que le MoDem a déjà trop d’élus, qu’il vaut mieux se passer de ce qui restent au profit de nouveaux adhérents enthousiates et inconnus des électeurs. Peut-être ne connait-il pas bien le système électoral pour les élections municipales, qui accorde à la liste arrivée en tête la moitié des élus plus un pourcentage du restant au prorata de son score. Peut-être ignore t-il que ces élus sont et nomment des grands électeurs qui élisent les sénateurs. Peut-être considère t-il que les nouveaux adhérents du MoDem sont plus sages, plus informés, plus légitimes que les reponsables de leur parti pour désigner les meilleurs candidats. Peut-être...
Examinons la second hypothèse de l’autodestruction :
Le MoDem est le second parti le plus populaire de France, derrière l’UMP mais loin devant le PS, mais aussi le parti le plus récent et donc le plus fragile.
François Bayrou demeure l’un des responsables politiques français les plus appréciés, mais tous ses cadres ont désertés.
L’UDF-MoDem a perdu la majorité de ses élus nationaux au profit du nouveau centre. Le destins des élus locaux dépend des villes ; s’il ne fait guère de doute que le MoDem présentera des candidats partout pour les cantonales (avec de faibles chances de succès), des listes MoDem au premier tour ne sont susceptibles d’avoir de l’influence et des élus que dans les villes déjà UDF ou dans les villes où gauche et droite sont au coude à coude (une fusion au second tour permettant de faire basculer lélection). Dans les autres villes, des listes autonomes condamnent le MoDem à un nombre très réduit de sièges dans l’opposition.
Dans ce cadre, on peut se demander si l’objectif de ces revendications « démocratiques » n’est pas de fragiliser le MoDem afin de l’empêcher de négocier des accords avantageux, et donc de maintenir le nombre de ses élus. Si de nombreux élus locaux, PS ou UMP, ont ainsi tout intérêt à passer des accords avec le MoDem pour faciliter leur élection, il n’en va pas de même au siège de ces partis : le MoDem constitue en effet une menace sérieuse s’il parvient à se structurer et conserver des élus locaux. Ce sont ces mêmes élus locaux qui constituent le vivier de candidats pour les élections futures, des voies pour les élections sénatoriales, et, pour certains, des signatures pour l’élection présidentielle. UMP et PS ont donc tout intérêt à empêcher le MoDem d’obtenir des élus : la tactique a bien fonctionné lors des législatives, il suffit de la poursuivre lors des élections locales.
En provoquant une agitation et des divisions internes au MoDem alors que ce parti n’est pas encore structuré, en limitant les marges de négociations de ses responsables pour obtenir le maximum d’élus possibles, en jettant le discrédit sur les rares responsables politiques encore présents au MoDem, certains nouveaux adhérents du MoDem, consciemment ou non, scient la branche sur laquelle ils sont assis.
Si cela est involontaire, l’exemple des Verts devrait leur ouvrir les yeux. Si c’est volontaire, il sera intéressant de suivre cette manoeuvre de destabilisation interne pour voir son efficacité.
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