Après une lecture scrupuleuse de tous les articles de ce rédacteur, et des réactions que ceux-ci ont suscités, une seule conclusion s’impose : pour certains, le procès Colonna est l’occasion de faire le procès des Corses. Et dire qu’ils prétendent compatir au chagrin de Mme Erignac ! Ils instrumentalisent simplement à leur profit la douleur de cette famille. De grâce, et encore une fois, cessez d’avancer masqués, et d’enrober vos arguments (qui après tout sont aussi valables que les miens) avec les idéaux de la Justice et de la République. Alors, si vous le voulez bien, parlons de ce qui vous motive réellement, et non plus du procès Colonna qui vous sert d’écran de fumée.

Dernière attaque à la mode : l’archaïsme corse. On aime les paysages « authentiques » de la Corse, mais on aimerait les Corses moins archaïques et plus modernes. Il est question de les faire « évoluer », c’est-à-dire de les acculturer. Quelle belle vision ethnocentrée ! Quel jugement de valeur, porté par une civilisation supérieure sur une ethnie jugée inférieure ! J. Ferry ne disait rien de plus en 1885, à propos du colonialisme et de la mission civilisatrice de la France en Afrique.

Le guide bleu Hachette de 1947 concernant la Corse disait plus directement que certains rédacteurs : « ... jusqu’au 18ème siècle (conquête française, NDR) il n’a manqué à la Corse que la chance de vivre au contact d’une civilisation supérieure ». C’est aussi en substance la vision que les administrateurs génois avaient des habitants de l’île au cours du Moyen Age et de la période moderne, lorsqu’ils opposaient leur civilisation urbaine à la civilisation rurale et montagnarde de l’île. Vieil argument donc, qui illustre la difficulté pour les Etats de comprendre leurs territoires périphériques.

Soyons clairs : les îles sont des conservatoires des archaïsmes. Parmi ceux-ci, ils y a ceux que les Corses revendiquent comme composante de leur identité, et ceux qu’ils rejettent. J’en veux pour preuve la mobilisation de la société corse après les attentats anti-maghrébins il y a quelques années : les Corses n’ont pas eu besoin des « Lumières de la civilisation » pour débattre entre-eux, pour manifester, et pour rejeter ces phénomènes en marginalisant leurs auteurs.

La vérité est que la France, comme la Corse, connaît une crise d’identité, et comme souvent, celle-ci se construit ou se renforce par opposition à un anti-modèle. http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/20071030.OBS2213/

On a souvent besoin d’un plus petit que soi ... Si on doit dépasser ces mécanismes, il faut que cela soit réciproque, de part et d’autre de la Méditerranée.