Je voudrai revenir dans le débat parce que tout ce qui a été dit jusqu’à présent est très juste, mais il me semble que cet attrait pour la gouvernance a aussi deux autres raisons d’être. La première est que malheureusement, nos hommes d’état aujourd’hui sont de moins en moins des penseurs, ou intellectuels, mais des gens qui suivent des filières extrêmement spécialisées et dont la réflexion est réduite à une approche économique et managériale, une approche de rentabilité.
La deuxième qui à mon avis est plus psychologique, est que la gouvernance, les codes de conduite, la redevabilité, tout cela relève du désir de mettre de l’ordre dans le chaos. C’est pour cela que tout le monde fonctionne aujourd’hui aux cadres logiques, une pensée linéaire qui ne laisse aucune place aux imprévus, à l’incertitude, aux doutes. Je voudrai reprendre un commentaire de Vilain petit canard à propos de Blair, et pour avoir vécu de près cette époque, je ne pense pas que sa pensée libérale dérive d’un choix mais de ses propres limitations intellectuelles à voir le monde différemment. Le libéralisme est moins un complot délibérée qu’une déficience de pensée.