Cette lettre est un cri du coeur, un appel à la tolérance... un appel qui n’aurait pas lieu d’être si notre société actuelle ne cherchait pas, systématiquement, des boucs émissaires. (Quand je dis, "actuelle", cette actualité remonte à quelques longues décennies, hélas, mais le présent est plus sombre que jamais).
Il me semble me souvenir que Sartre, dans Réflexion sur la question juive, disait que chacun, à un moment ou un autre, était "le juif de l’autre". Autrement dit, notre monde tolère la différence dans la mesure où cette différence reste invisible, sinon, il est toujours une situation pour montrer à l’autre qu’il est un étranger à soi-même, qu’il est "autre", que cet "autre" soit juif, maghrébin, noir, ou pauvre, mal loti, fonctionnaire, cheminot, syndicaliste, RMISTE, chômeur ... Et le présent se charge durement de désigner des "coupables innocents" parce qu’ils ne sont pas tout à fait conformes à ce que désire voir le Pouvoir. La volonté est de stigmatiser celui qui ne peut se couler dans le moule, ou celui qui refuse de tout accepter.
C’est difficile à admettre dans un pays qui s’enorgueillit d’être "la patrie des droits de l’homme" ! Et je crains, hélas, que nous ne soyons pas au bout de nos peines dans ce domaine.