Forest Ent voit juste en imputant la crise financière actuelle à un excès de masse monétaire s’étant accru depuis plusieurs dizaines d’années.
Les économistes officiels (mais aussi les autres) comme la presse n’ont pas volé les compliments que leur adresse Forest Ent.
Comment en est-on arrivé là, demande-t-il, sans fournir de réponse franche et claire. Il me reprendra si je trahis sa pensée en tentant de l’expliciter.
On comprend bien son idée seulement suggérée : par la faute du mondialisme qui nous prend notre travail, et que les institutions européennes ont eu grand tort d’imposer. Il met aussi en cause la rapacité des employeurs s’attribuant le produit de la croissance économique en des profits croissants au détriment des travailleurs dont la rémunération stagne.
Pourquoi diable Forest Ent ayant vu juste sur le rapport entre la crise financière et l’excès de masse monétaire abandonne cette piste et se laisse surprendre par des leurres : la mondialisation diabolisée, l’exploitation des travailleurs par les capitalistes, les inégalités croissantes de revenus.
C’est parce qu’il laisse trop courir sa propre imagination et qu’il aime trop les batailles d’idées au lieu de rechercher et d’utiliser ce qui est à peu près objectivement connu des réalités ou peut l’être : au niveau global, et vu en tendance sur une trentaine d’années, la répartition primaire des produits du travail entre les travailleurs et les sociétés n’a pas suivi la tendance qu’il invoque, au contraire même peut-être, du moins pour la France. Et ce n’est pas par les capitalistes que les travailleurs sont grugés, mais par l’état qui s’est immiscé dans ce partage en s’attribuant maintenant la part du lion.
En continuant sur la piste d’abord empruntée puis abandonnée de sa recherche, Forest Ent n’aurait pas manqué de voir, là aussi, l’état ayant fabriqué ces océans de monnaie où il a vu pertinemment la cause première de la crise financière. Et il n’ignore sans doute pas que c’est une volonté politique au moins trentenaire de doper la croissance économique qui a conduit à cette inondation monétaire. Mais, si la croissance économique en a été effectivement artificiellement « boostée », les caisses des spéculateurs l’ont été énormément plus.
Analyser ainsi correctement la genèse de la crise actuelle permet de mieux identifier les remèdes et de mieux en prévoir les conséquences, sans s’abandonner à un catastrophisme stérile. Inutile de s’étendre sur les remèdes : c’est cesser de vouloir doper la croissance de l’économie et de jeter à tous vents de la monnaie.
Pour les conséquences inéluctables, elles sont pour l’instant sans doute difficilement mesurables. A supposer que cesse l’alimentation en munitions des spéculateurs, qu’il y ait résorption progressive des excès de monnaie, et progressivement cessation du dopage de l’économie, il y aura sans le moindre doute le contrecoup défavorable du sevrage sur le niveau de l’activité économique. Ce qui est artificiellement acquis un jour ne peut qu’avoir à être rendu. Les dégâts doivent être mis à la charge des spéculateurs. Difficile de prévoir le degré de brutalité et la durée du ralentissement de la croissance, mais il est certain que ce sera temporaire, avec au bout du compte retour à un fonctionnement plus sain de l’économie.