@L’auteur,
Le libéralisme est une philosophie permettant d’approcher les relations humaines dont les concepts économiques ne sont qu’une part, certes non négligeable, mais une partie et non un tout. Le libéralisme part d’un postulat qui n’a jamais été remis en question ; l’homme est un animal politique, héritage de nos grecs de l’antiquité.
La recherche de liberté individuelle n’aurait aucun sens si l’homme pouvait vivre indépendamment des autres ; ce qui d’un point de vue psychologique, philosophique, psychanalytique n’est pas possible sauf à nous pousser à une forte régression vers notre nature animale.
Vous citez Hayek qui préconise la supériorité de la liberté économique à la recherche de liberté politique ; et nous le constatons aujourd’hui, la mondialisation nous servant de référent pour préconiser les mesures d’adaptation n’est en aucun cas une volonté exprimée par l’ensemble, ni même une majorité, des individus du monde.
Mais la première rupture est encore plus ancienne et vient, il me semble, de l’école de Chicago, par Friedman et Becker. L’école de Chicago a fait en sorte que le libéralisme, dont le concept central était l’homme, s’affranchisse totalement des sciences de l’homme. Ce fût d’ailleurs une orientation qui a mené à l’autonomie des sphères des sciences et des techniques que mettent en évidence Oto-Apel, Habermas. Le discours du libéralisme humaniste est vérifié dans notre histoire, mais nullement dans notre présent. Demandez aux chercheurs en neurosciences comme Zak ce qu’ils pensent de la rationalité vue sous l’angle des économistes d’aujourd’hui, de l’homo oeconomicus. Leur réponse sera proche de celle qui suit : si les comportements humains devaient se restreindre à l’identique de ceux des reptiles, il serait plus facile pour les sciences de l’homme d’en déterminer les lois. Cette rupture fût franche ; à tel point que les économistes ont même planché un certain temps sur la concurrence pure et parfaite avant de découvrir en fin des années 1990 l’asymétrie d’information. Cette fameuse asymétrie d’information a été découverte par les anthropologues dans les années 1930-40, certes pas exclusivement centrée sur les activités économiques, mais sur l’ensemble des sociétés humaines. Mais il est vrai que l’économie est une omniscience !!!
En science, nous tentons d’expliquer le monde par des théories ; en économie, nous essayons d’adapter le monde aux théories.