Je ne comprends pas l’indignation de certains à propos des manifestants anti-Flamme. Que je sache, jusqu’à présent la violence a surtout été du côté des forces de l’ordre et des hommes de main de l’escorte chinoise, les sordides schtroumpfs-macoutes dénoncés par Sébastien Coe, le président de Londres 2012 en personne. Aucun manifestant n’a utilisé d’armes blanches, ni tiré sur la Flamme ou les relayeurs. Pas une seule bombe, pas même au chocolat suisse ou aux excréments de vache folle, n’a explosé.
Bref, on est plutôt dans le registre ludique et festif, et cela serait bien plus évident, n’était-ce l’attitude hypercrispée des organisateurs du relais, qui semblent, comme toutes les grandes personnes, totalement dépourvues d’humour.
S’emparer de la Flamme et même l’éteindre, pourquoi pas ? Qu’y a-t-il de sacré dans toute cette histoire, si ce n’est l"ego monstrueusement enflé des Chinois et de leur gouvernement, qui voudraient qu’on s’applatisse devant eux et adopte leur conception invraisemblable de l’Harmony (en anglais parce que la langue de Bush est la seule langue étrangère que l’on connaisse en Chine, haha) ? Le fait que ce rituel a été inventé par les Nazis ? Les gros sous des parraineurs ? Les chiffres manipulés de la croissance en Chine ? Haha, soyons légers et rions, de grâce !
Quand on pense qu’au Thibet et dans le reste de la Chine, ce sont les balles qui pleuvent sur les manifestants plutôt que les quolibets et les flocons de neige (merci Seigneur d’avoir bouleversé la météo pour montrer Ton divin courroux, fais, nous T’en supplions, tomber des hallebardes le 8 août à Bédjingue !), on ne peut que féliciter tous les défenseurs de la cause thibétaine et autres esprits dissidents de s’être montrés si indulgents. Je les trouve presque trop mous, moi. (Et d’un amateurisme à pleurer : comment se fait-il qu’aucun d’entre eux n’ait pensé au tuyau d’arrosage, à la poudre à éternuer ou aux pétards ?)
Quant à ceux qui s’étonnent que les Thibétains soient capables d’actes de violence (somme toute absolument dérisoire comme je viens de le souligner) qu’ils se remettent en mémoire que les samouraï japonais étaient de fervents adeptes du bouddhisme zen. Et puis, pourquoi faudrait-il toujours sourire et rester doux et compatissant quand des injustices flagrantes sont commises ? Le Christ lui-même n’a pas hésité à user de violence verbale contre ses adversaires et à malmener les marchands du Temple...
Les vrais coupables sont les autorités chinoises, qui par leur attitude inflexible et cruelle, ont créé la tentation de la violence.
Qui sait si les plus violents d’entre ces manifestants ne sont pas payés par les crocos communistes de Pékin ? Après tout, quelque part, ça les arrange qu’il y ait ce genre d’incidents. A quelques mois de Jeux, on se paie une image de patriote et de défenseur de la Grande Chine, de quoi s’attirer l’amour de tous les Chinois, qui n’auront plus aucune raison de manifester pendant les JO. Et qu’importe l’indignation de courte durée des Occidentaux...
Le gouvernement chinois ne pense qu’à son marché politique intérieur, voilà une chose qu’il ne faut jamais oublier. Et jusqu’à présent dans ce domaine-là, il est gagnant, et de plus en plus à mesure que se multiplient les désordres au passage de la Flamme. Par conséquent, il est peut-être opportun de se poser la vieille question : Cui bono ? A qui profite le crime ?