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Polydian 2 juin 2008 18:03

Simple témoignage personnel :

Me sentant dans la médiane haute nationale, j’ai été surpris tous comptes effectués de me rendre compte que je perdais chaque mois 10% à 15% de mes revenus alors que je n’avais pas sensiblement augmenté mon niveau de vie. En fait il aurait fallu soit que dans leur ensemble et poste par poste toutes mes dépenses baissent d’autant ou alors que mes revenus augmentent de ce pourcentage. Ceci expliquant peut-être cela.

Il y a en effet un problème avec les 35H00 qui vient d’un malentendu sur la définition des mots. On admet communément un sens positif et absolu aux termes alors qu’ils en possèdent tous un relatif au contexte dans lesquels on les emploit. La compréhension de ce fait permet de lever la plupart des assertions paradoxales sinon toutes qui prennent pour la plupart leur source dans un glissement de contexte (qui est lui implicite).

Il en va de même des 35H00, tous les arguments en leur faveur s’appuient sur des considérations globales et elles sont je crois assez justes à moins que nos statisticiens soient vraiment médiocres. Mais son application concerne pour une large part des petites structures voire des individus pour lesquels les effets de masses notamment les notions de médianes ou de moyennes sont bien moins importantes que les notions de seuil (de décision). Aucun artisan ne peut réduire sa masse salariale de 2 personnes de 5%. De même lorsqu’on cède 2% de pouvoir d’achat au consommateur, cela n’entraîne pas mécaniquement une augmentation de 2% de ses achats. Seules l’impression d’être "riche" peut l’amener à modifier son comportement par exemple, ou bien des, envies effrénées, ou la peur etc... enfin les services marketing ont moult sapience en la matière.

L’augmentation des prix à la consommation même assez faible donc imperceptible (impossible de répérer 1% d’inflation annuelle sans faire très attentivement ses propres calculs tickets par ticket) plus principalement l’augmentation (effrénée elle) des coûts de l’immobilier (masquée par des promesses de taux d’emprunt bas) n’a pas pu contrebalancer la revendication salariale éteinte par le sentiment de ne pas assez travailler.

Les subventions aux entreprises pour les 35H00 n’ont aucun sens. Soit les sources de gains sont présentes et alors elles sont inutiles sauf éventuellement sur une période courte de transition (quelques années). Et elles se situent hors du cadre commercial donc elles tendent à créer des critères de bons entrepreneurs sur leur capacité à gérer les aides administratives plutôt que leur vision commerciale. Ubifrance note que beaucoup de PME parties (avec subventions) à l’export échouent : vraisemblablement parce que les subventions les ont emmenées en des lieus où leur capacités sont insuffisantes face à une concurrence concentrée sur le commercial.

Je pense que le coût des mesures s’est financé par diffusion en fait sur la baisse relative des salaires. Le pouvoir d’achat théorique a peut-être augmenté mais en regard, sa valeur "pratique" a baissé soit parce qu’il y a eu effectivement des augmentations de tarif hors indices, soit aussi parce qu’il y a eu des mutations de dépenses (location vers propriétés dans l’immobilier, dépenses d’assurances pastoujours explicites, dépenses automobiles, dépenses en télécommunication (inexistante pour certaines il y a moins de 15 ans), équipementsinformatiques et plus largement numériques.

Je vois un autre soucis d’ordre moral sur les 35H00 : le reste de la planète travaille dur (quand elle en a seulement la possibilité et la force) et assez longtemps sans y gagner autant qu’en France. Globalement il n’y a donc aucune raison alors qu’on en est mieux rémunéré à l’arrivée d’avoir un "droit" à "farniente" à l’abri de nos frontières... juridiques !.

Dans l’ordre d’idée du global au particulier, suivant les individus, la possibilité ou l’intérêt de passer à un temps de travail plus court est totalement différente d’un individu à l’autre et bien au-delà des quelques % pris en compte sur le global. En fait il y a une grande modulation applicable suivant les situations familiales, les circonstances liées à l’héritage notamment, et aussi bien sur la classe d’âge, la taille des entreprises et les rémunérations cachées ou en nature (CE, mutuelles etc...). Pour la plupart des petites entreprises elles se sont résumées à une sixième semaine de congé payé pas vraiment attrayante et certainement pas susceptible d’augmenter l’embauche : le fameux effet de seuil. Aujourd’hui ces heures sont rachetées donc il n’y a plus rien sauf pour les salariés des plus grandes entreprises déjà favorisés dans la vie de tous les jours (ne serait-ce que par l’attrait des contrats en CDI "solides" permettant l’accès à certaines dépenses par crédit à taux réduit pour cause de faibles risques - souvent illusoires d’ailleurs).

La récente loi sur les heures supplémentaires est surtout une aubaine pour réduire le salaire brut des salariés et les recettes fiscales qui les suivent. Beaucoup d’employeurs ont pu les prétendre notamment sur des contrats forfaitaires. Leur volume déclaré dans la presse est vraisemblablement un leurre.

Il en va de même des remises de charges sociales. En pourcentages elles se justifient mais c’est moins leur montant qui posent problème que l’ensemble du montant d’un salaire quand on ne trouve plus à vendre pour le financer. La remise des charges salariales n’a qu’une valeur de paramètre d’ajustement : souvent quelques mois de répits avant le dépôt de bilan.

Mon diagnostique est que les 35H00 non revendiquées à l’origine par les salariés n’auraient jamais du exister. Les supprimer aujourd’hui aurait peu d’impact sur les employés des petites entreprises qui ne les voient plus. Et pour ceux des plus grandes elles ne poseraient pas je crois de problèmes insumontables. Ce serait un moyen de réduire la fracture sociale. En outre cela permettrait de supprimer beaucoup de dispositifs d’aides sans grand intérêt que de faire circuler de l’argent entre des mains abrasives. Il en restera cependant des situations bien différentes d’avant sur la flexibilité horaire : à négocier de syndicats à patronats comme des grands !


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