Excellent article qui décrit réellement bien le monde du travail actuel.
C’est exactement ce qu’il se passe dans le milieu hôspitalier où toutes les responsabilités retombent sur le soignant.
Depuis peu nous sommes même responsables pénalement, civilement de nos "erreurs" professionnelles. Les patients et surtout les familles, c’est tellement facile, rejettent leurs propres problèmes comportementaux sur des soi disant erreurs des aides soignantes et infirmières.
Résultat, en pratique nous évitons les familles comme la peste, nous parlons aux patients le moins possible nous contentant de nous concentrer sur les soins techniques, (de toute manière nous sommes tellement surchargés de travail que les soins relationnels sont pratiquement impossibles, on ne demande que ça de pouvoir discutter avec le patient, mais c’est au détriment des autres qui attendent leurs soins. Allez faire comprendre ça à un technocrate pro 35 heures !) paniquant à l’idée du moindre soin relationnel qui sera la plupart du temps mal interpreté par le patient, qui en référera à sa famille, famille qui se montera contre les soignants. Familles qui la plupart du temps feront plus confiance à leur proche hôspitalisé qu’à un soignant étranger à la famille même si le patient est atteind de démence due à la maladie d’Alzheimer. Un comble. On leur explique que leur mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer mais ils portent plainte pour diffamation, l’époque étant au non respect total du personnel soignant !
Le stress des soignants est devenu si épouvantable que le nombre des infarctus et dépressions sur le lieu de travail s’accroit à un rythme affolant.
La plupart de mes collègues allant travailler après des nuits blanches d’angoisse, mal au ventre, mal à la tête, certains atteints de fibromyalgie, douleurs épouvantalbes de stress dans les muscles. Douleurs qui se passent au bout de quelques jours de vacances. Quand ils peuvent les prendre.
Rien que cette semaine dans mon hôpital, une aide soignante de 47 ans qui fait un infarctus dans son service à cause de la charge de travail et des familles, (beaucoup de collègues étant partis en vacances et remplacés par des jeunes contractuels pour l’été qui ne sont là que pour "gagner leurs tunes", passant, ultra cools, la journée à s’occuper de 2 patients, laissant la collègue s’occuper de leurs 15 autres patients en plus des siens, obligée de cavaler à un rythme infernal, bonjour la qualité des soins.), une autre qui fait une forme sévère de dépression et s’automutile gravement, se retrouvant hôspitalisée en psychiatrie. Tout cela à cause des hiérarchies et administrations qui se déchargent de toutes responsabilités sur le patient, et les familles de suivre panurgesquement.
Pas un mois sans que j’apprenne que telle collègue est décédée, une autre en dépression, une autre qui fait un infarctus....
Mais tout va bien, ils ont les 35 heures, les rtt (qu’ils ne peuvent pas prendre et qu’ils accumulent), de quoi se plaigent ils les soignants, ces fonctionnaires ?
Nous en sommes à un point que les services du personnels des hôpitaux ne se cachent même plus que la durée de vie opérationnelle moyenne d’un soignant auprès du patient est de l’ordre de 10 ans et que la durée de vie moyenne d’un soignant par rapport à la durée de vie moyenne de la population est inférieure de 7 ans.
Le nombre de collègues qui partent à la retraite mais qui décèdent, épuisés, 6 mois après est affolant.
Le résultat est simple. Nous en discuttons souvent et nous retrouvons dans le dilemme suivant : soit nous nous contentons de faire ce que l’on nous demande sans état d’âme et dans ce cas en dormant paisiblement la nuit, exempt de tout soucis professionnel, de problème de conscience professionnel envers les patients, et nous préservant notre propre santé.
Soit nous continuons "à nous en faire pour les patients" et nous nous tuons à petit feux en nous faisant du soucis pour le travail.
Dilèmme impossible à résoudre pour la plupart d’entre nous.
Le choix est épouvantable. Et nous craquons tous un par un, torturés par ce dilemme épouvantable créé par une société qui se défausse de toute responsabilité sur l’éxécutant de base, traité comme un pion, et dont on se fout bien de la pénibilité au travail et de sa santé.
Les éxécutants craquant.
Remplacés par des intérimaires qui ne sont là que pour une journée ou une semaine, donc se sentant peu concernés par le service et les patients. Responsabilités trop facilement rejettée sur le titulaire du service, encore une fois.
Gerés par des cadres totalement dépassés par des plannings impossibles à gerer au quotidien. Cadres bidouillant à longueur de journées des plannings d’une complexité digne d’une partie d’échec à la Kasparof. Les agents se retrouvant bouscullés d’un service à l’autre, d’une salle à l’autre, se retrouvant mis en situations d’impossibilité de suivre correctement leurs patients, situations d’échecs supplémentaire.
Et sur qui retombent les griefs, sur les titulaires, eux même de plus en plus en arret maladie pour dépression.
Cercle vicieux, tout est fait pour détruire consciencieusement l’agent de base sérieux qui croit à son travail.
Bien trop épuisés et malades pour se plaindre. Qui ne doivent compter que sur le médecin du travail pour faire remonter les informations au service du personnel.
Et dont on se fout bien des interventions sur les forum internetiens. Bof c’est qu’un aide soignant, qu’est ce qu’il peut bien comprendre à nos débats.
Et une situation d’échec supplémentaire.
Quant aux syndicats, qui se la ferment et entrent dans le jeux des patrons malgré quelques énergumènes à très fortes personnalités, mais tellement sans effets.
Et on nous balance la retraite à 61 ans en lousdé, sans rien nous dire, nous mettant devant le fait accompli par un courrier joint à notre fiche de salaire ; qui glissera à 63 voire plus dans quelques années. Sans que personne ne puisse faire quoi que ce soit, sauf hurler "nous allons soigner nos patients en venant en déhambulateur nous même !"
Tout en sachant pertinament qu’il n’y a quasiment pas de soignant de plus de 50 ans dans les salles, tous ayant de graves problèmes de santé dus à la pénibilité de la profession, se retrouvant à des "postes adaptés" comme l’accueil ou la lingerie.
La seule manifestation de colère réside dans les arrêts de travails, les maladies ou les démissions, seuls actes de colère possibles envers la hiérarchie.
Dont elle se fout bien, puisque le marché des soignant est loin d’être saturé et que a quantides de candidats aux concours d’entrées en écoles d’aides soignants et infirmières sont tels qu’on en refuse quotidiennement dans les services du personnel.
Alors où est le problème puisque une as qui part est remplacée par une jeune toute fraiche et inocente qui ne se doute de rien.
Mais que l’on retrouve prématurément vieillie de 10 ans en moins de 2 ans de travail.
Cela choque tout le monde, même mes collègues du service informatique, mais qui le dit ?
Et quel effet dans les média internetiens ?
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