J’ai lu l’article étant intéressé par le sujet et c’était plutôt intéressant. Seulement, et je l’écris en tout amitié, il y a pas mal d’erreurs d’interprétations scientifiques.
- Le lien entre le HPV et le cancer du col de l’utérus (CCU) :
C’ est prouvé et largement prouvé.
Ce n’est pas une manoeuvre des industriels que certains scientifiques contesteraient.
Pour référence, un article qui est fréquement cité, donne le chiffre de 99.7% de présence d’HPV dans le cancer du col du l’utérus.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10451482?ordinalpos=22&itool=EntrezSystem2.PEntrez.Pubmed.Pubmed_ResultsPanel.Pubmed_DefaultReportP anel.Pubmed_RVDocSum
- Une inconnue de taille est la capacité oncogénique de types HPV autres que ceux couverts par les vaccins actuels, qui prendraient la place des types éliminés par le vaccin.
Ce n’est pas faux vu qu’il n’y a pas assez d’année de recul sur les vaccins mais ça ne rend pas pour autant le vaccin inutile (note en passant, je ne réponds pas pour défendre le vaccin).
C’est aussi la raison pour laquelle, dans l’article de new england journal of medecine, est posée la question du coût global.
Le fait est que le vaccin ne va pas forcément réduire les coûts du dépistage.
Comme le risque de développer un cancer aux HPV est faible dans les pays développés, où les examens sont fréquents, il y a effectivement une vrai question économique à haute échelle à se poser.
Maintenant, en france c’est en moyenne 1000 décès par an, même si la "chance" de mourrir d’un cancer du col de l’utérus est très faible, ça parait naturel pour certaines mères et filles de vouloir réduire cette "chance" encore plus avec le vaccin.
- Pour information, un certain nombre de personnes réfutent la notion d’un lien entre le HPV et le CCU. Le Dr Rasnick, par exemple, a publié en 2001 un article sur le sujet dont la conclusion est : “Detecting inactive and defective HPV DNA in carcinomas is a fossil record of a prior infection that is irrelevant to carcinogenesis.”
J’ai lu en diagonal ce pdf. Déjà c’est une forme inhabituelle pour un article scientifique. Il y a des références mais pas de nom de journal, un tour sur pubmed ne me donne pas plus d’informations. Si cet article n’a pas été publié, il n’a, par conséquent, pas été "reviewvé" par d’autres scientifiques travaillant sur ce sujet avant validation et est donc à prendre avec précautions.
D’autre part, après une petite recherche, je suis tombé sur cet article de wikipedia http://en.wikipedia.org/wiki/David_Rasnick dans lequel il est expliqué que ce monsieur n’est pas convaincu de la relation entre le virus du sida et le sida. Donc je dois dire que c’est un scientifique plus que particulier.
(Quand aux explications données, si elles reposent sur certaines vérités, d’une part elles datent, d’autres part elles oublient beaucoup de choses aussi. La relation entre les HPV et le cancer est plus qu’avérée)
- Le fabricant Sanofi Pasteur MSD prétend que HPV-16 et -18 sont responsables de 70 % des tumeurs, mais de tels chiffres proviennent des pays en voie de développement, où l’on rencontre plus de cancers que dans les pays riches. Aux USA, les infections du HPV 16 et 18 ne touchent que 2,3 % des femmes (Jama, Tome297, page 813, 2007).
C’est faux.
Les HPV -16 et 18 sont bien responsables de 70% des cancers du col de l’utérus.
Une référence récente par exemple.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18760711?ordinalpos=21&itool=EntrezSystem2.PEntrez.Pubmed.Pubmed_ResultsPanel.Pubmed_DefaultReportP anel.Pubmed_RVDocSum
Il y a des différences entre les pays développés et non développés, mais la raison en revient au dépistage.
Ces deux HPV sont les plus fréquemment retrouvés de toute façon.
Je suis incapable de vous dire si cela est ou non bien fondé de se faire vacciner ; je suis complètement ignorant des relations entre zur hausen, les firmes qui font le vaccin et le prix nobel ; mais je peux vous assurer qu’il n’y a aucune ambiguitée sur la relation de la présence des HPV avec les cancers du col de l’utérus.
Cela dit en passant, et sans vouloir compliquer les choses, HPV16 est également retrouvé dans un certains nombres de cancers de l’amygdale, donc le vaccin pourrait avoir d’autres effets bénéfiques.
Après si on voulait entrer dans un débat plus technique, je pourrais effectivement expliquer que la relation directe entre le virus et un cancer invasif n’a pas été clairement établie mais c’est pour cette raison que la recherche existe et que beaucoup de choses sont encore à découvrir.