Le rôle des médias dans la politique contemporaine nous oblige à nous interroger sur le monde et sur la société dans lesquels nous voulons vivre, en particulier sur le genre de démocratie que nous souhaitons avoir. Je propose donc, pour commencer, de mettre en parallèle deux conceptions distinctes de la démocratie. La première veut que l’ensemble des citoyens dispose des moyens de participer efficacement à la gestion des affaires qui le concernent et que les moyens d’information soient accessibles et indépendants. Elle correspond, en somme, à la définition de la démocratie que l’on trouve dans un dictionnaire.
Selon la seconde conception, le peuple doit être exclu de la gestion des affaires qui le concernent et les moyens d’information doivent être étroitement et rigoureusement contrôlés. Bien que cette conception puisse sembler bizarre, il est important de comprendre que c’est celle qui prédomine. En fait, c’est le cas depuis longtemps sur le plan pratique aussi bien que théorique. La longue histoire qui remonte aux premières révolutions démocratiques modernes dans l’Angleterre du XVIIième siècle témoigne largement de ce fait. Je m’en tiendrai à l’époque contemporaine et à la description de la manière dont cette seconde conception de la démocratie évolue, en expliquant comment et pourquoi la question des médias et de la désinformation s’inscrit dans ce contexte.
Propaganda par Noam Chomsky