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Luc DUSSART Luc DUSSART 2 mars 2009 19:03

Que l’administration de la Santé se préoccupe du développement anarchique de prestations alternatives à la médecine conventionnelle est intéressant. Ce que je n’ose plus nommer "Médecine’ mais ’Pharmacine’ est en train de perdre ce qui lui reste de légitimité dans le grand public. C’est la faute à la marchandisation croissante de la Santé, considérée comme une source de profit capitaliste : la pharmacine soigne mieux et Omo lave plus blanc. La médecine pharmacine devient un dernier recours, mais a priori on n’a plus trop confiance.

Dr Dupagne écrivait sur Agoravox : Quand la "bulle médicale" va-t-elle éclater ? La pharmacine est condamnée, aussi condamnée que le système bancaire américain, et je ris d’avance à l’idée que notre président va devoir renationaliser un système de santé ayant perdu la boule. Car ce ne sont pas que les pratiques non conventionnelles qui sont à revoir, mais les pratiques conventionnelles, la collusion entre politiques et industriels notamment, ces bailleurs de fonds électoraux. L’Union Européenne gère la Santé dans la Direction des Affaire commerciales, on y est. La santé se mesure à l’aune des cours de bourse, et les malades sont des sources de profits. Avec ça, on n’est pas sûr de vivre vieux !

L’avenir des sources de médecine non conventionnelle est double :

1°) Rejoindre le système corporatiste, en jouant un peu des coudes. C’est l’exemple des ostéopathes après celui des homéopathes ou des hypnothérapeutes ; le gâteau de la santé publique est grand et beaucoup peuvent prendre part à la dégustation ;

2°) Rester dans une logique privée à but lucratif. C’est le cas des cabinets de soins d’esthétique pour maigrir, raper la peau, etc. et de nombre de pratiques innovantes impossible à valider selon les critères de la méthodologie médicale (qui est bougrement restrictive sur ce que l’on peut voir et mesurer). Ainsi des psychologues formés dans les facultés de Sciences Humaines. Dans ce système, on accepte la concurrence et l’évaluation par la clientèle.

Ce qui manque dans cette équipe d’experts mandatés par la haute administration, c’est un représentant des clients. Dans la logique de marché, le client a toujours raison, même quand il a tort. Avec les moyens d’information modernes, les clients en savent dorénavant autant si ce n’est plus que les experts. Dans un domaine que je fréquente un peu, les âneries des tabacocologues de l’OFT ne font pas le poids face à la moindre petite expérience de fumeur un peu curieux. Les tabacocologues sans expérience du tabagisme, gavés de lectures académiques ne sont pas audibles, subventionnés mais ridiculisés par leur manque d’efficacité chronique...

La question devient alors : fait-on - ou pas - confiance à la logique du marché pour définir ce qui est efficace et ce qui ne l’est pas ? Les pitoyables tentatives des autorités de santé corrompues par l’argent des industriels pour augmenter leurs ventes et leurs profits sont rapidement mises en doute. Aujourd’hui pas plus d’un américain sur trois fait encore confiance à la FDA, l’autorité de santé qui a permis le Vioxx° et plus récemment le Champix°, pour ne prendre que deux cas familiers de produits passablement dangereux. Car la FDA n’a pas su résister à la gangrène de l’argent des firmes pharmaceutiques. Ces dérives ont mené Obama au pouvoir, avec mission de corriger le tir : il semble que le ménage soit déjà commencé.

Il me vient à l’esprit qu’à l’inverse en France, ce groupe d’appui technique est là pour consolider le monopole des industriels contre l’intérêt général, les cours de bourse contre la santé des citoyens, pour empêcher les régulations du marché précisément. Je ne suis pas certain que l’Administration ne soit pas déjà suffisamment dépravée et incapable de réaliser que son pouvoir régalien est virtuel : ce qui compte, c’est Big Pharma, les cours de Bourse. La Santé, oui, éventuellement, s’il y a une rentabilité à la sortie. S’il n’y a pas de levier économique, débrouillez-vous avec vos recettes de grand mère ou crevez la gueule ouverte ! Une preuve ? Pourquoi ce groupe de réflexion n’est-il pas une mission dévolue à la Haute Autorité de Santé ? Trop indépendante peut-être ? Trop compétente techniquement et pas assez ’politique’  ? Trop ouverte à des traitements alternatifs non brevetables par des industriels ?

Il apparait que notre Administration de la Santé, censée défendre l’intérêt collectif, ne fait même pas confiance à la Haute Autorité de Santé ! C’est le plus sûr moyen de faire le lit de pratiques charlatanesques labélisées ... et rentables. Car les charlatans sont des vendeurs de médicaments drogues, étymologiquement pour sûr...


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