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Céline Ertalif Céline Ertalif 27 février 2009 23:12

Bonsoir,

Cet article n’est ni sympathique ni pragmatique. Le problème est de faire de la bonne administration publique au regard de la qualité du service public et de la démocratie. A partir du moment où une autorité publique fonctionne, celle-ci doit défendre un intérêt certes public mais cohérent avec le périmètre qu’elle administre.

Aujourd’hui, nous avons des régions qui ne gèrent pas grand chose avec de toutes petites administrations - Je préviens tout de suite parce que beaucoup de polémiqueurs disent souvent n’importe quoi : la plupart des régions de France ont moins de fonctionnaires que le plus petit chef-lieu départemental de leur territoire - des départements qui ont la particularité d’être collés au principal maillage administratif de l’Etat, des communes très disparates de 0 à 2 000 000 d’habitants avec un code général des collectivités territoriales unique, et au moins trois types de communautés territoriales qui cachent un plus grand nombre de systèmes encore. Notre administration territoriale est un capharnaüm qui permet à l’Etat de fouler au pied ses propres principes d’égalité de traitement sur le territoire national, aux élus de se construire des abris et à la technocratie de prospérer. L’égalité de traitement des territoires au travers du réseau des préfectures et des sous-préfectures, quelle pantalonnade ! il ne rien savoir des conditions d’exercice des services de contrôle de légalité qui dire des choses pareilles ! Les services sont premièrement paupérisés, deuxièment asphyxiés par l’inflation réglementaire et troisièment très inégaux en moyens et donc en savoir-faire. Alors la Région, dans cette affaire, c’est bien peu de chose.

Je vais déplaire, mais tant pis : cet article est un ramassis d’idées reçues qui ignorent pratiquement totalement les problèmes concrets. Ceux-ci sont pourtant évidents :


- 1er exemple : quand vous emmenez votre gosse à l’école maternelle, il y a généralement deux dames dans la classe, l’une est employée de l’Etat, l’autre de la commune, l’une est la maîtresse et l’autre... euh, vous verrez que votre gamin sait qu’elle s’appelle Isabelle ou Valérie et il n’aura pas de mot pour dire sa fonction. Et les parents n’en ont pas toujours plus. Mais on est en train d’apprendre la hiérarchie sociale à votre gosse dans la classe au travers de ce seul non-dit : ça s’est un problème de service public, qui fait quoi, quel est le rôle de qui, qui est le patron et qui gère. Ne cherchez pas trop sur la dernière question : personne ne gère vraiment. Vous confiez votre enfant à une structure pédagogique où personne n’est clairement en charge de la fonction la plus naturelle de responsabilité, la gestion.


- 2ème exemple : quand vous allez au boulot le matin, vous prenez votre voiture qui roule sur une route départementale puis sur une route communale, voire communautaire, en fait vous ne savez pas (et moi non plus...), mais vous payez une TIPP à l’Etat, et vous vous garez sur un espace public financé par une collectivité locale avant de prendre un transport en commun urbain déficitaire. Et quand vous repartirez le soir, votre route sera éclairée jusqu’à la limite de la zone urbaine, puis vous aurez nuit noire, jusqu’à retrouver dans votre commune quelques lampions qui ont été mis en place par le syndicat départemental d’électricité qui se finance essentiellement par la taxe d’électricité que vous payez sur votre facture EdF, etc... Tout cela pour dire que lorsque Sarkosy verse 6 milliards à PSA et Renault, vous ne savez pas combien cela va vous coûter aussi sur vos impôts locaux, facture d’électricité incluse.

Dénoncer "les baronnies locales" est, à mes yeux, gratuit et sans rapport avec la question centrale de l’administration publique. Le problème est de savoir comment dans une démocratie les citoyens peuvent contrôler l’action de leurs élus, ce qui suppose d’abord que les élus soient en mesure de contrôler leur administration - ce qui, entre nous, est rarement le cas. On parle de baronnies parce que, en fait, on est pas prêt à accepter que les élus locaux soient sous le contrôle exclusif des électeurs, ils sont de fait encore largement sous celui des administrations d’Etat encore aujourd’hui. Les "administrés" eux-mêmes n’ont de cesse d’en appeler au Préfet ou au Tribunal Administratif comme à des supérieurs hiérarchiques vis-à-vis de l’élu local quand ils ne sont pas d’accord : alors, c’est à l’électeur de sanctionner ou non ? Le genre de question élémentaire qui semble comme un trou noir quand on a lu cet article.


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