Il y a de l’espoir, même à l’UMP ils commencent à en avoir marre de sarkozy, de son régime autocratique, du bling blig et du népotisme...
Témoignages de militants UMP venant de rendre leur carte• Sarkozy plus proche de Poutine que de De Gaulle (par Nicolas R)
Dans ma fédération c’est l’embarras et la langue de bois. Il faut défendre le Président malgré ses actes choquants et provocateurs, tel est le mot d’ordre « non officiel ». Je suis de droite certes, j’ai voté Sarkozy avec enthousiasme certes, mais il y a eu tromperie sur la marchandise. Et c’est l’avis de mes amis adhérents aussi. Nous ne nous sommes pas engagés en politique pour mettre au pouvoir un clan, une famille, un groupe d’amis « bling-bling » se croyant tout permis. Le mode de gouvernance actuel est plus proche de Poutine que de De Gaulle.
Dans nos groupes de discussions, hélas ! même si tout le monde sait cela, une grande partie essaie de défendre ce président au nom du parti. Ne confondons pas le parti et l’homme ! L’homme n’est pas défendable, il donne une mauvaise image de la France et de la droite. On ne peut pas continuer ainsi. Une opposition interne UMP doit se lever ! On ne peut défendre l’indéfendable, justifier l’injustifiable, sinon on rentre dans un système autocratique dans lequel le chef a le droit de faire ce que bon lui plaît. Après 17 ans, pour la première fois, j’envisage de ne pas renouveler mon adhésion.
En famille, tout devient possible !
• J’ai rendu ma carte (par Maxime C)
Jeune actif, issu des « quartiers populaires » comme on dit, j’ai adhéré en 2007 pour soutenir Nicolas Sarkozy. J’ai même eu quelques responsabilités aux Jeunes Pop’. Je croyais en sa vision du travail, du mérite et de la modernisation de la politique, nationale et internationale.
Et puis, j’ai encaissé... J’étais dubitatif sur le bouclier fiscal, je voyant pas en quoi cela favoriserait la France « qui se lève tôt »... Mais j’ai soutenu, me disant que le meilleur allait arriver. L’ouverture, je me suis dit pourquoi pas, il fallait rassembler tout les Français. Mais là, Jean Sarkozy, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! Et nous sommes nombreux à le penser dans ma fédération (les Bouches-du-Rhône). La valeur travail, le mérite, entre Bolloré, Lagardère, Dassault et Bouygues, je trouvais ça fort de café, mais je continuais à croire en l’UMP national. Mais maintenant Sarkozy c’est décidé, je rends ma carte, et nous sommes nombreux de mes amis à faire de même...
• Népotisme (par Sylvain L)
Je suis un adhérent UMP de longue date. J’ai également été collaborateur d’un député UMP. Mon positionnement politique est donc clair. Mais comment ne pas être ébranlé par l’affaire Jean Sarkozy, que je ressens comme un révélateur. Comment nier qu’il s’agit de népotisme, et donc d’une atteinte à la démocratie ? Les discours des lieutenants du président masquent mal une gêne évidente. Je suis en colère lorsque j’entends ces élus tenter de renverser le sens du scandale en criant à la « chasse à l’homme ». De qui se moque-t-on ? En ce qui me concerne, un virage est pris. Je ne peux soutenir directement ou indirectement une telle pratique du pouvoir. Et j’invite ceux qui ressentent cette colère à faire de même et l’exprimer aux instances de l’UMP.
• Je voterai sanction par (Philippe L)
Je suis militant, UMP... enfin je l’étais jusqu’à lundi dernier où j’ai demandé à la fédération de Gironde de me retirer définitivement de leurs fichiers. J’ai toujours voté à droite. Pour les municipales de 2008 j’ai pris ma carte. Je croyais bien faire. J’avais voté Sarkozy aux présidentielles, c’était l’occasion de « régulariser ».
J’ai rapidement fait connaissance des quelques élus locaux et encadrants UMP de ma circonscription qui est un fief socialiste. Tout se passait bien. Et puis est arrivée, la Hadopi, contre laquelle je me suis battu bec et ongles. C’est là que je me suis réveillé. Je n’ai trouvé aucun écho de soutien auprès des forces UMP que je côtoyais, sinon une forme de consternation qui j’ai eu du mal à admettre. Plus le gouvernement y allait de ses contradictions, plus les tensions devenaient grandes. Je l’écrivais dans la presse sous forme de commentaires, je criais « au loup » mais à l’UMP tout le monde feignait de ne point être sensible à mes arguments. Dernièrement avec l’affaire Polanski, je me suis dit qu’ils étaient obligés de réagir, pour une fois...
Non, ils ont continué à porter le discours gouvernemental. J’ai décidé à ce moment de me retirer de ce parti, dont les valeurs ne correspondaient plus en rien à celles qui nous avaient unis. L’affaire de l’EPAD n’a fait que confirmer le bien fondé de ma décision. J’ai pour principe de ne pas accepter l’abstention comme alternative de vote. Je ne me retrouve plus nulle part. Contraint, je voterai sanction.
• Une république bananière (par Eric M.)
Je suis un simple militant, titulaire d’une carte, très fortement motivé par la nécessité de réformes de notre pays sclérosé. L’épisode de l’EPAD est pour moi totalement inacceptable, pour plusieurs raisons. La plus forte est l’absence totale de compétence du candidat. Ne pas être capable d’avoir un DEUG de droit et briguer un poste complexe de gestionnaire. C’est faire injure aux étudiants et professionnels de ce pays, qui n’en manquent pas. Ensuite le cumul des mandats. Vouloir un troisième mandat quand on est encore étudiant, ce n’est absolument pas sérieux. Nul ne peut croire qu’il travaillerait sérieusement, nul ne croit qu’il n’y ait pas d’intérêt financier à cumuler les indemnités. Il règne la plus grande hypocrisie des politiques sur ce thème qui devient extrêmement sensible. Enfin l’absence de franchise quant à l’élection et non la nomination. Qui osera croire qu’un élu, dans un fief acquis, oserait s’opposer quand on voit la faible autonomie des ministres ? Tout ceci est au mieux digne d’une république bananière. Je dis ceci sans aucune agressivité mais avec une réelle déception.
Source : lemonde.fr