Vos catégories de racistes sont peu ou prou en rapport avec un certain degré de xénophobie. Donc du réflexe. Si je devais les qualifier, je dirait :
- du racisme 1 qu’il est en fait une xénophobie par ignorance
- du racisme 2 qu’il est en fait une xénophobie par persécution (imaginaire)
- du racisme 3 qu’il est en fait une xénophobie par intériorisation
Sauf qu’il existe une forme de racisme qui elle trouve entièrement ses racines en dehors du réflexe, un racisme qui se veut rationnel, scientifique, et qui se base principalement sur la combinaison :
- du racialisme, soit la distinction en races (qui n’est pas du racisme, loin de là) avec :
- le supprémacisme, soit la hiérarchisation des races (voire groupes de races), qui entraîne implicitement ou explicitement la domination d’une race (ou groupe de races) sur les autres
Une forme de racisme qui me semble à moi bien plus pernicieuse que les trois précédentes, et qui peut même être la matrice d’icelles, notamment lorsqu’on traverse une phase (comme dans les années 1990-2000) où très peu de personnes s’estiment racistes.
Cette dernière forme, parce qu’elle se veut vérité objective, me paraît tout à la fois la seule que l’on peut combattre (sur le terrain comme dans les idées) et qui en vaille la peine, puisque les racismes nés de la peur et de l’incompréhension me paraissent difficilement identifiables chez les individus et même pas nécessairement nuisible (être raciste, c’est avoir une opinion, ce qui n’est pas un délit ; ça le devient lorsque le racisme motive une discrimination ou un acte de violence).
Sans aller aussi loin que Claude Lévy-Strauss qui estimait qu’ « une certaine dose de xénophobie n’est pas inutile à la pérennité d’une société », je pense qu’un racisme de catégorie 1, 2 ou 3 (que j’appelle précisément, moi, xénophobie ; je réserve le mot « racisme » à la conception qui pose une inégalité raciale, mais je m’adapte au vocabulaire employé dans l’article), s’il n’est pas suivi de discrimination et/ou de violence, n’a pas à être combattu en soi. On peut s’en désoler, mais il faut se faire à l’idée qu’il reste de l’ordre des préjugés, et en règle général - et en tout domaine - un préjugé ne disparaît pas par influence extérieure.