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En réponse à :


floyd floyd 1er février 2010 21:27

Concernant la radioactivité et en particulier les conséquences de Tchernobyl, je vous conseille de lire le livre de Jean de Kervasdoué : ’Les prêcheurs de l’apocalypse’ :


D’abord, une évidence que personne ne nie : a (très) haute dose, la radioactivité est très nocive,voir mortelle. Mais à petite dose, elles serait plutôt positive pour la santé !

Voici un extrait du livre qui traite de Tchernobyl (page 105-112) :

« Retour à Tchernobyl

Ces considérations permettent de situer le débat portant sur l’estimation des ravages de Tchernobyl. L’enquête la plus approfondie sur ses conséquences sanitaires a été conduite sous l’égide des Nations unies (37) et été publiée en 2005 (38). Elle permet de classer et, ce faisant, de comprendre, à la fois les incontestables dommages et la nature du débat qui se limite au nombre de morts estimés, ceux que nous avons appelés les morts « statistiques ». Malheureusement, il y eut des morts bien réels même si, heureusement, ils sont beaucoup moins nombreux que ceux que la mémoire collective retient. J’ai souvent posé la question : « Tchernobyl, combien de morts ? » à des publics bien différents. La réponse est toujours supérieure à celles des études les plus pessimistes. La désinformation du lobby antinucléaire — dont on peut se demander par qui il est financé — est aussi fausse, dangereuse donc, qu’efficace.
Un millier de personnes étaient présentes sur le site au moment de l’explosion. Deux cent trente-sept intervenants ont été blessés ou irradiés pendant les premières heures. Cette catastrophe a provoqué 28 victimes dans les deux mois, 19 autres sont décédées entre 1987 et 2004.
Pour la population proche, le nombre de victimes différées connues est plus incertain mais l’ordre de grandeur est faible.
Entre l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie de 4 000 à 8 000 cancers de la thyroïde ont été induits par la catastrophe. Cette maladie se traite et l’on ne déplore au début de 2006 que 9 décès chez les 4 000 personnes effectivement répertoriées. Pour les populations des zones contaminées, à part le cancer de la thyroïde, il n’est pas apparu d’augmentation des leucémies ni d’autres cancers radio-induits. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas eus mais que leur nombre est bas.
Les cancers de la thyroïde, eux, ont été mesurés. « À l’exception des cancers de la thyroïde dans les régions les plus contaminées, l’évolution de l’incidence et de la mortalité par cancer en Europe, prises conjointement, ne montre pas de croissance des taux de cancer qui peuvent être clairement attribués aux radiations provenant de l’accident de Tchernobyl (39). »
Le nombre de victimes différées — victimes estimées(40) — par un modèle linéaire sans seuil serait de 4 000 (41) depuis l’accident, soit 0,01 % (1/10000) des cancers de la population européenne touchée par le panache. Une deuxième projection, cette fois jusqu’en 2065, donne le chiffre de 16 000 morts(42). Outre la linéarité très hypothétique dont nous avons beaucoup parlé, l’estimation de 4 000 décès prend comme référence discutable la population de Nagasaki irradiée dans des circonstances différentes. Elle surestime vraisemblablement le nombre de personnes dont la vie aura été abrégée pour avoir été victimes de ce drame. Néanmoins, cette comptabilité macabre pour les 4.000 décès estimés se décompose comme suit : 2 200 décès chez les liquidateurs(43), 1 500 pour les habitants des zones les plus contaminées, 150 chez les 135 000 personnes évacuées de la zone des 30 km.
Par ailleurs, aucun accroissement des malformations congénitales n’a été constaté, il est donc scandaleux d’associer, comme cela a été fait à de nombreuses reprises à la télévision française, des images d’enfants trisomiques à cette catastrophe. En revanche, les troubles socio-psychologiques sont considérables en Ukraine. Vingt ans après, du point de vue de la santé publique, le fait d’avoir été et de continuer d’être « victime » en vivant à proximité d’une zone aussi stigmatisée, cause à l’évidence plus de dommages tangibles que les résidus d’éléments radioactifs. Les conséquences psychologiques sont, elles, réelles. Signalons par ailleurs que cette catastrophe a conduit à des dizaines de milliers d’avortements en Ukraine, en Biélorussie, en Russie, mais aussi en Allemagne : les femmes craignaient à tort que leur enfant fût mal formé.
Enfin, on a constaté dans les pays qui furent les premiers atteints par le nuage un accroissement de la fréquence des pathologies non cancéreuses et notamment des pathologies cardiaques. Est-ce seulement un effet de mesure provoqué par l’étude attentive de la morbidité de ces populations ou une conséquence de l’irradiation subie par la population durant les premiers mois ? Cette seconde hypothèse ne peut pas être éliminée. En effet, des études sur des rats démontraient que des doses d’irradiation au césium 137 pendant plusieurs mois modifieraient le taux sanguin de vitamine D qui intervient dans la croissance osseuse et le métabolisme du calcium(44). Toutefois les maladies cardiaques ont bien d’autres causes amplement documentées (tabac, alcool...) et des évolutions analogues de la morbidité se constatent dans tous les territoires de Russie, qu’ils aient ou non été touchés par le nuage.
En ce qui concerne la France, ce qu’il est convenu d’appeler le « nuage », de fait le panache de Tchernobyl, a bien été détecté et annoncé. Pierre Pellerin, le responsable du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), informe dès le 1er mai 1986 du « passage du nuage sur l’ensemble du territoire ». Plus maladroitement, le 6 mai, le ministère de l’Agriculture (et non le SCPRI) communique deux messages contradictoires dans le même document. Le premier affirmait que « le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléotides consécutives à l’accident », ce qui est faux. L’autre précisait que, à l’évidence, le territoire n’avait pas été épargné mais qu’« à aucun moment les hausses de radioactivité observées n’ont posé le moindre problème d’hygiène publique ». Oui, le panache a bien traversé l’est de la France, le Sud et notamment la Corse(45). Oui, il a été dit que ce nuage pouvait être dangereux et que des concentrations de radioactivité pouvaient se produire et que la surveillance du territoire devait être maintenue longtemps après(46). De telles concentrations n’ont cependant pas été décelées et donc rien ne prouve que les populations les plus exposées à ce panache aient reçu des doses qui auraient pu avoir un effet pathogène. Vingt ans après, aucune augmentation des cancers n’a pu être détectée quant à la croissance des cancers de la thyroïde en France en général, et dans ces régions en particulier, elle commence avant cette catastrophe (autour de 1975) et ne s’est pas accélérée après 1986. Elle est due à une amélioration du dépistage : plus on en cherche, plus on en trouve, que l’on habite le nord, l’est, l’ouest, le sud de la France, le fin fond de l’Australie ou le coeur de l’Amazonie(47). Carine Maehnaut, de l’École de médecine de l’université libre de Bruxelles, remarque par ailleurs le 5 avril 2005 dans le British Journal of Cancer « l’absence d’une signature spécifique de la radiation dans les cancers de la thyroïde post-Tchernobyl ». Ceci est compréhensible car le panache de Tchernobyl était, fort heureusement, de faible intensité quand il a atteint la France. Là encore, la connaissance de l’ordre de grandeur est essentielle à la compréhension du phénomène. « Au cours de deux heures de vol long-courrier, la dose reçue est de 0,01 mSv. C’est ainsi qu’un Paris-New York correspond à la dose moyenne reçue en France suite à l’accident de Tchernobyl(48). »
S’il fallait une autre preuve de l’absence d’une démonstration de l’effet de ce panache en France, les cartes respectives du nuage de Tchernobyl(49), et celle des cancers de la thyroïde hospitalisés en France(50) ne correspondent pas. La prévalence des cancers de la thyroïde est forte en région parisienne et à Toulouse ; le nuage est surtout passé à l’est.
Enfin, même un garde-chasse hypothétique qui aurait mangé en un an 40 kilos de viande de sanglier provenant d’animaux nourris dans les forêts les plus touchées par le panache, n’aurait reçu qu’une dose de 1 millisievert. Cette dose est inférieure à l’irradiation moyenne annuelle des Français, rien d’inquiétant donc.
Tous ces arguments ne convaincront pas ceux qui pensent avoir été atteints ou même simplement menacés par ce nuage. D’ailleurs, je pense que le lobby antinucléaire devrait, en toute équité rayonnante, attaquer aussi les directeurs de station de sports d’hiver(51) : leurs clients sont en effet plus irradiés qu’au bord de la mer.

Quant aux conséquences écologiques de la catastrophe, si elles sont très sérieuses, elles s’estompent. « Les études rapportées dans le cadre du Forum Tchernobyl relèvent qu’à l’exception de la zone fortement contaminée de 30 km de rayon autour du réacteur — toujours interdite d’accès — de certains lacs fermés et de forêts d’accès limités, la contamination est revenue aujourd’hui à des niveaux acceptables. Que ce soit en Russie, en Ukraine, en Biélorussie, on ne constate pas de contamination de grande ampleur et les niveaux d’exposition vont continuer à baisser lentement(52). »

Le risque nucléaire est avant tout un risque politique et ceci pour plusieurs raisons :
— Il peut y avoir un lien entre le nucléaire civil et la prolifération des armes atomiques même si, aujourd’hui, il n’y a plus besoin de centrale nucléaire pour fabriquer une bombe,
— les installations civiles peuvent être sensibles au terrorisme,
— la gestion des déchets radioactifs, et donc des centrales nucléaires, suppose une stabilité sociale qui seule garantit leur non-dissémination.

Chacun mesure à la lecture de la presse que les centrales construites par l’Empire soviétique faisaient courir à l’époque, et font encore courir aujourd’hui, un risque écologique et un risque sanitaire aux habitants de l’ex-Union soviétique. Un grand nombre des centrales actuellement en marche demeurent très dangereuses. Toutefois, nous soulignons, sans nier le risque nucléaire, que le risque sanitaire du charbon est bien plus important que celui de l’atome : il y a non seulement dans le monde 15 000 morts de mineurs chaque année, mais encore, nous l’avons vu, la pollution atmosphérique due pour l’essentiel à l’utilisation du charbon comme source première d’énergie induit 400 000 morts par an dans la seule Chine. Si l’on étend ce calcul au demi-siècle auquel on se réfère pour mesurer les conséquences sanitaires de Tchernobyl, le charbon induirait 16 millions de décès soit 1 000 fois plus que Tchernobyl, en prenant comme référence l’estimation la plus pessimiste, l’estimation de l’Ukraine (16 000) et celle de l’ONU pour 2065 (4 000 en 2006 et 16 000 en 2065 selon le modèle discutable retenu). »


37. Depuis 2002, huit agences de l’ONU ont été chargées d’évaluer les conséquences de l’accident de Tchernobyl. C’est ce que l’on appelle le Forum Tchernobyl. Les rapports sont consultables sur Internet et notamment ceux publiés en 2006 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou ceux publiés par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le lecteur intéressé pourra s’y reporter. World Health Organization « Health Effects of the Chernobyl accident and Special Health Care Programmes », Report of the UN Chernobyl Forum Expert Group « Health », Editors Burton Bennet, Michael Repacholi, Zhanat Carr, Geneva 2006.
38. Il existe également un excellent résumé, on ne peut plus objectif, de François Sorin, « Nouveau regard sur Tchernobyl - L’impact sur la santé et l’environnement », Revue générale nucléaire, mars-avril 2006, n° 2.
39. Agence internationale de la recherche sur le cancer, Organisation mondiale de la santé - Document d’information 2006.
40. Ces personnes ne sont pas connues.
41. L’Ukraine avance un chiffre de 16 000 morts sans donner sa méthode de calcul. Même dans ce cas, nous sommes loin de certaines déclarations fantaisistes de journalistes français qui parlent de 600 000 morts.
42. D’ici là, malheureusement, plusieurs centaines de millions de personnes mourront de cancers en Europe et il ne sera pas possible de vérifier le bien-fondé de ce calcul.
43. L’ensemble des décès des liquidateurs depuis la catastrophe ne peut pas être attribué à la catastrophe : certains d’entre eux, comme pour toute population, seraient morts depuis même si ce drame n’avait pas eu lieu.
44. E. Tissandie et al., Toxicology, 225,75,2006.
45. La Corse fut une des régions les plus touchées et celle pour laquelle il a le plus manqué de données objectives.
46. Les doses de radioactivité sont redevenues normales quelques jours après et même à leur plus haut niveau le SCPRI précisait qu’ « il faudrait des doses 10 ou 100 000 fois plus importantes pour que commencent à se poser des problèmes significatifs d’hygiène ».
47. Rappelons que, en France, ce sont des adultes qui s’estiment victimes de ce nuage et que, en Ukraine, ce sont des enfants qui ont été touchés. Comme l’indique courageusement l’appel des médecins (Ansquer et al.) paru dans Libération le 19 novembre 2005 : « Ces malades français sont les otages d’un lobby antinucléaire et juridico-médical. »
48. Jacques Foos, L’Homme et la radioactivité, FORMASCIENCE, Orsay, 2006.
49. Annexe 14.
50. Annexe 15.
51. Je passe sans aucune inquiétude des vacances à la montagne.
52. Francis Sorin, art, cit., note 165.

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