mercredi 15 février 2006
« Je voudrais dire combien je respecte la civilisation liée à l’Islam et sa contribution à l’Europe », a affirmé pour sa part le président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso. « La liberté d’expression fait partie des valeurs et des traditions européennes. »
Elle n’est pas plus « négociable » que la liberté de culte, a-t-il rappelé. Appelant au dialogue entre les cultures et les civilisations, il a estimé qu’il ne fallait « pas laisser une minorité d’extrémistes l’emporter ». « Il faut que ce soit le meilleur de nos valeurs qui l’emporte contre les pires des préjugés. »
Caricatures : le Parlement européen solidaire du Danemark
Les groupes politiques du Parlement européen, comme le Conseil et la Commission européenne, ont affirmé leur solidarité avec le Danemark dans l’affaire des caricatures de Mahomet.
Ils ont dans le même temps jugé nécessaire d’intensifier le dialogue avec le monde musulman.
« Si un pays de l’Union européenne est attaqué, ce sont tous les pays de l’Union européenne qui sont attaqués », a déclaré à Strasbourg l’Allemand Hans-Gert Pöttering, président du PPE-DE (Parti populaire européen-Démocrates européens), premier groupe du Parlement.
« Nous défendons la liberté de la presse. Nous comprenons les sentiments des croyants mais nous défendons aussi les droits des Lumières », a-t-il ajouté.
Il a mis en doute le caractère spontané des réactions dans le monde musulman, qui se sont traduites par des attaques d’ambassades ou par le boycottage de produits danois, plusieurs mois après la publication dans la presse danoise de caricatures du prophète Mahomet.
« Nous savons très bien qui a organisé ces réactions dans différents pays du monde. Elles ont été organisées par des pays qui ne font pas grand cas de la liberté d’expression », a-t-il estimé.
Le communiste Francis Wurtz, président de la Gauche unitaire européenne, a exprimé un sentiment similaire.
« Que penser des réactions tout à fait disproportionnées de certains Etats arabes à ces incidents, sinon qu’elles visent avant tout à redorer auprès de leur population le blason quelque peu terni de leurs dirigeants du fait de leur soumission à une grande puissance autrement plus coupable que le pacifique Danemark ? », s’est-il interrogé en faisant allusion aux Etats-Unis.
FAIRE ENTENDRE LES « VOIX MODÉRÉES »
« Pendant trop longtemps, les extrémistes des deux camps ont eu le droit de jouer leur jeu. Il est temps que les voix modérées se fassent entendre », a dit l’ancien Premier ministre danois Poul Nyrup Rasmussen, au nom du groupe socialiste.
« Je voudrais dire combien je respecte la civilisation liée à l’Islam et sa contribution à l’Europe », a affirmé pour sa part le président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso. « La liberté d’expression fait partie des valeurs et des traditions européennes. »
Elle n’est pas plus « négociable » que la liberté de culte, a-t-il rappelé. Appelant au dialogue entre les cultures et les civilisations, il a estimé qu’il ne fallait « pas laisser une minorité d’extrémistes l’emporter ». « Il faut que ce soit le meilleur de nos valeurs qui l’emporte contre les pires des préjugés. »
La seule voix discordante dans le débat a été celle du Belge Frank Vanhecke, président du Vlaams Belang (« Intérêt flamand »), un parti d’extrême droite qui siège parmi les non inscrits.
« Les principes de l’islam ne sont pas conciliables avec les principes européens de liberté, d’égalité entre les hommes et les femmes », a-t-il dit.
Il a demandé l’arrêt immédiat des négociations d’adhésion avec la Turquie, dont le secrétaire d’Etat autrichien aux Affaires étrangères, Hans Winckler, venait de souligner le rôle très positif dans la crise actuelle.
http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=14736