Les résultats de ces élections régionales ne sont pas vraiment une surprise :
Comme souvent en période de crise économique, notamment pour les élections intermédiaires, l’abstention, les partis extrêmes et l’opposition sont favorisés.
L’abstention tout d’abord. On constate une désaffection civique continue depuis 30 ans. la fin des clivages politiques majeurs (communisme-capitalisme) et des séparations entre classes sociales (cols bleus-cols blancs) au profit d’un paysage politique plus lissé a forcémment eu un impact sur le vote : celui-ci n’est plus perçu comme un geste de défense ou de changement majeur de la société. Les enjeux et impacts sur la vie de tous les jours d’un vote, notamment pour des élections régionales, apparaissement comme moindre.
A cela, il faut rajouter le rôle des média, principalement occupé par une analyse des enjeus politiciens des élections, plutôt que sur la vie de tous les jours des électeurs, notamment hors Paris et région parisienne.
Une campagne courte, des enjeux flous, des gueguerre politiciennes : tous les ingrédients étaient réunis pour une forte abstention.
La poussée du FN est liées à la crise profonde subie par une partie de notre population, notamment en province, qui se sent abandonnée par un discours politique trop éloigné de leurs préoccupations quotidiennes. Bien entendu, le débat sur l’identité nationale a renforcé une tendance déjà pre-existante. Mais il faut souligner qu’une majorité d’électeurs du FN, dans les territoires ruraux notamment, ne partage pas les thèses xénophobes de ce parti. Simplement, l’effet coup de gueule et les accusations claires du FN contre un système effectivement impuissant ont favorisé un vote protestataire.
Le score de l’UMP, tout comme celui d’Europe Ecologie, souligne la faillite de la thèse du parti unique, à droite comme à gauche. L’UMP, surtout face au FN, a besoin d’un centre plus modéré pour bâtir des majorités. A gauche, Europe-Ecologie joue ce rôle au détriment du MoDem dont le positionnement est demeuré incompris. De plus, la préoccupation environnementale est là pour durer, au moins dans les élections européennes et régionales, où le parti écologiste est perçu par une partie de ses électeurs comme pouvant apporter une tonalité verte sans être vraiment aux commandes des executifs. L’echec du grenelle de l’environnement, et l’absence de soutien de Cap21 au MoDem, ont logiquement bénéficié à Europe Ecologie, en plus de son électorat traditionnel de gauche.
Le PS a fait un bon score, grâce à une certaine sérénité retrouvée et à son excellente implantation locale.
Le MoDem enfin a échoué à incarner une troisième voie. Les français, surtout en cas de crise, demeurent attaché à un certain clivage, même s’ils ne se revendiquent pas eux-même de droite ou de gauche. Et les désordes internes lui ont été fatal, commes ils avaient affaiblis le PS les années précédentes.
Pour autant, l’électorat centriste demeure, le Nouveau Centre étant perçu comme inféodé à l’UMP et surtout au Sarkozysme très décrié. La place d’un parti centriste est donc sans doute plus actuellement dans un positionnement de recours pour l’électorat modéré que sur les plate-bandes de la gauche, dans une alliance exigeante (au niveau social, économique et écologique) avec l’UMP dans un premier temps, avant de tenter de passer le candidat UMP au premier tour d’une élection présidentielle, la gauche lui ayant assez clairement fermé la porte de tout accord électoral favorable (il suffit de regarder le sort du PRG).