Bonjour, Philippe, et félicitations pour avoir traité ainsi, avec mesure et recul, ce thème susceptible de tous nous interpeller.
Pas facile de faire la part des choses entre le racisme foncier et les réflexes d’un grand nombre de nos concitoyens. Ainsi, des cousins de mon épouse dans le Sud-Ouest parlent encore de « bicots » sans la moindre connotation raciste chez eux alors que je connais des sympathisants et électeurs du FN qui vouent les étrangers aux gémonies mais sans se départir des appellations « Noirs », « Arabes » ou « Maghrébins ». Rien n’est simple !
De même, j’ai joué au football durant des années dans une équipe d’Antillais dont j’étais le seul Blanc, isolé dans mes buts derrière mon rideau de défense noir. Et j’ai été confronté à plusieurs reprises à des manifestations de racisme, des injures du type « sales négros » proférées par des adversaires. Mais désolé également de constater que certains de mes coéquipiers n’étaient pas en reste en distillant des « connards de ritals » à des adversaires d’origine transalpine ou des « sales youpins » à des joueurs du Maccabi. Rien n’est simple !
Et que dire de ces dirigeants de football que j’ai bien connus, l’un Noir et l’autre Juif, copains comme cochons mais qui ne pouvaient s’empêcher de se saluer d’un « Comment ça va, sale youpin ? » auquel était répondu « Très bien, sale nègre ! ». Plaisanterie douteuse et même très choquante, mais plaisanterie quand même, comme si le fait de se les asséner soi-même atténuait la portée de ces insultes. Rien n’est simple !
Même à l’intérieur des communautés peuvent se glisser des amabilités douteuses, à l’image de ces Ashkénazes et Sépharades qui m’ont servi de modèles pour mon article « 21 rue des Rosiers ». Encore n’y ai-je pas transcrit ce qu’il m’est arrivé d’entendre en matière d’insultes à connotation raciste ! Rien n’est décidément simple !
Cela dit, les choses sont claires comme de l’eau de roche concernant nombre de nos sconcitoyens, et c’est navrant. Aussi faut-il lutter avec la dernière énergie contre les propos racistes et xénophobes, ne serait-ce que parce qu’ils banalisent l’exclusion, le rejet de l’autre et font de ce fait le lit des actes racistes. Et la ratonnade est l’ébauche est l’ébauche du pogrom. A cet égard, la politique actuellement conduite par le gouvernement porte les germes d’une dérive grave car précisément elle banalise la stigmatisation de minorités désignées comme boucs émissaires !