Bien qu’elle habite dans le New Jersey, Diane est souvent retournée à Fresh Kills,« une douzaine de fois » depuis le 11 Septembre, à la recherche d’un petit quelque chose, d’un signe de son fils. Chaque fois, elle en a rapporté une moisson d’objets : une clé frappée de l’inscription World Trade Center, une montre, des chaussures, une carte de crédit portant le nom de son détenteur… et bien d’autres. Et surtout, une certitude : celle que les recherches pour retrouver les restes des victimes du 11 Septembre ont été bâclées.
Avec 27 autres familles, Diane a fondé une association, baptisée World Trade Center Families for Proper Burial, afin de contraindre les autorités de New York à effectuer des recherches approfondies, et pour que ceux qui sont morts dans les tours jumelles puissent enfin trouver une sépulture décente, où leurs proches pourraient se recueillir. Las, la procédure judiciaire a fait long feu : le procureur ne leur a pas reconnu le droit d’attaquer la ville en justice.
« Le procureur a retenu deux arguments pour rejeter notre demande, m’explique Diane. En premier lieu, il a jugé que nous ne pouvions pas prouver de manière irréfutable que les restes des victimes du WTC étaient ceux de nos proches. Ensuite, il a estimé que dans la mesure où ces restes étaient indistincts, puisque mélangés, personne ne pouvait les revendiquer. »
L’association avait pourtant de solides arguments : notamment les témoignages des personnes employées aux opérations de déblaiement. Celui de
Theodore Feaser, responsable du site de Fresh Kills, est édifiant : ce n’est qu’après un mois, a-t-il témoigné, que
« nous avons commencé à réaliser qu’il y avait des restes humains au milieu des gravats, quand on a commencé à retrouver des parties de corps parmi les débris qui avaient déjà été ratissés, et quand ceux qui avaient déjà été passés au râteau et étalés au bulldozer ont soudain été la proie de nuées de mouettes plongeant en piqué, attirées par les restes humains qu’ils contenaient ».
Il a expliqué que ses demandes d’utiliser des moyens de recherches plus appropriés n’ont pas été entendues. Il fallait aller toujours plus vite. Les monticules déjà traités et étalés au bulldozer ne seraient pas réexaminés, ainsi en avait décidé l’administration. Ce n’est que plus tard que des moyens de recherche affinés seront mis à la disposition des employés.
Diane dit aujourd’hui ne ressentir aucune colère. Juste la « détresse » profonde d’une mère qui voudrait pouvoir faire son deuil et se recueillir, enfin, sur la tombe de son fils. Au lieu de quoi, pendant des mois et des années, elle a dû se rendre dans ce lieu sordide, au milieu des montagnes de détritus, des émanations de méthane, non sans avoir demandé au préalable une autorisation administrative.
Dans sa recherche de preuve, Diane n’a pas été autorisée à se rendre à Fresh Kills avec un journaliste ou même un photographe professionnel. « On m’a expliqué que cela violerait la sacralité du lieu », s’insurge-t-elle. L’Amérique post 11 septembre semble avoir décidément avoir du mal à regarder ses morts en face, qu’il s’agisse des soldats tombés en Irak ou en Afghanistan, ou des victimes du World Trade Center, me dis-je.
Je demande à Diane pourquoi cette affaire ne suscite au mieux que l’indifférence générale, alors même que c’est au nom des victimes du 11 Septembre que les Etats-Unis se sont lancés à corps perdu dans deux guerres coûteuses tant en vies humaines qu’en argent. « La ville de New York a expliqué que tout avait été mis en œuvre pour retrouver les restes des victimes, et naturellement les gens le croient », me répond-t-elle.
Aujourd’hui, Diane ne veut plus retourner à Fresh Kills. Pas plus qu’elle ne participera aux célébrations marquant le dixième anniversaire des attentats du 11 Septembre, programmées pour l’an prochain « Participer aux réunions préparatoires me donnait la nausée, justifie-t-elle. Ils parlaient de la construction d’une cafétéria, de ventes de mugs et autres souvenirs, à l’endroit même où mon fils est mort. Ils disaient vouloir donner aux gens « les sensations du 11 Septembre. »
De Matthew, hormis ses documents d’identité, Diane ne dispose que de petits fragments d’ossements, que lui ont remis les équipes de recherche. Elle se refuse pour l’heure à les mettre en terre, et pour cause : « Une première fois, ils m’ont donné un ossement qu’ils disaient être de Matthew. Nous l‘avons enterré. Et puis les experts en identification ont appelé. Ils m’ont expliqué qu’après un examen approfondi, il semblait que l’ADN dominant n’était pas celui de Matthew, mais d’une autre victime », se remémore-t-elle aujourd’hui. Il a donc fallu déterrer les ossements pour les remettre à une autre famille.
qu’on ne vienne pas à partir de là de ressortir le mot RESPECT avec la mosquée : les corps ont été broyés et on n’a fait aucune recherche ADN sérieuse (alors qu’elle a été facturée à une boîte dirigée par... Carl Rove !
c’est HONTEUX !