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lagabe 13 novembre 2010 15:45

Analysons maintenant la définition que François Perroux, un des plus grands économistes français, donne de l’entreprise, dans son ouvrage Le Capitalisme.

 

« L’entreprise n’est pas une unité de production quelconque. Dans toutes les formes d’organisation (socialisme, artisanat, économies fermées), les personnes et les choses sont groupées en petits ensembles, subordonnés a une même direction qui se propose de porter au maximum un résultat jugé avantageux. Une confusion bien inutile est répandue par certains interprètes qui placent toutes ces unités de production sur le même plan, sans discerner en chacune ses traits propres. L’entreprise présente divers caractères qui permettent de la concevoir et de la reconnaître sans ambiguïté.

Elle ne combine pas des facteurs de la production considérés en nature et elle ne se propose pas d’obtenir un produit considéré en nature. Elle combine les prix des facteurs de la production et elle tend a obtenir un produit évalué lui-même en termes de prix. La combinaison technique n’est qu’un moyen de la combinaison économique.

L’optimum économique seul est décisif non le maximum technique. Par là, l’entreprise se situe dans le cycle indirect de l’échange (facteurs, marché des facteurs, achat des facteurs, combinaisons des facteurs, vente du produit, marché du produit) et non dans le cycle appelé parfois direct ou élémentaire (besoin-nature) : ce dernier est presque négligeable`dans les" sociétés évoluées.

L’entreprise combine les facteurs de la production en vue d’obtenir un produit qu’elle écoule sur le marché. Elle ne tend pas immédiatement et principalement à satisfaire les besoins de ses membres. Elle s’oppose sous ce rapport a diverses unités de l’économie agricole ou des économies fermées de villa et de domaine avaient pour objet principal d’assurer la subsistance de leurs membres. Pourvu qu’elle puisse vendre son produit au coût ou au-dessus du coût l’entreprise est satisfaite. Elle répond à l’appel des besoins solvables sur le marche ; elle se conforme à la hiérarchie de leur solvabilité et non à celle de leur urgence appréciée en termes de laboratoire ou par référence à la morale d’un groupe.

L’entreprise combine techniquement et économiquement des facteurs de la production qui lui sont apportés par des agents distincts de l’entrepreneur. Ce sont les travailleurs salariés. Ce sont les capitalistes prêteurs. Tandis que l’exploitation artisanale sous ses formes originaires implique combinaison de facteurs qui, pour la plupart, sont fournis par l’artisan lui-même, l’entreprise n’apparaît que lorsque le marché des facteurs de la production lui fournit une partie substantielle ou la plus large part du travail et du capital qu’elle emploie.

Les calculs et les paris économiques par lesquels l’entreprise met en oeuvre une combinaison productive, sont rattachés à un même patrimoine. Le patrimoine est l’ensemble juridique et économique de valeurs par référence auquel ces calculs et ces paris revêtent un sens. Il donne son unité a l’entreprise à établissements multiples. L’avantage que, comme toute unité de production, l’entreprise s’efforce de porter au maximum n’est autre que son revenu monétaire net ou profit. »


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