Si dans toutes les compétitions, par exemple sportives, il y a des notes, je ne vois pas pourquoi un élève ne devrait pas s’y habituer en connaissant constamment où se situent ses performances scolaires.
En dehors de tous les problèmes spécifiques à l’école, et il y en a, je trouve qu’il manque des solutions afin que chacun puisse obtenir quelques bonnes notes.
Il y a bien trop de notes sur la performance marchandisable et pas assez sur les performances liées aux humanités (sauf dans la branche philo, ça va de soi).
Et encore, une performance rédactionnelle c’est bien mais ça peut ne rien avoir de généreux, de courageux, de frais, d’inédit, d’original.
On peut écrire un beau livre tout en étant complètement conformiste.
Aucune note ne considère d’une part la force de l’éthique d’un enfant, d’autre part sa teneur.
Aucune note ne considère le sens du partage, du volontariat, de la modestie, de l’écoute, de la capacité à émouvoir, à rendre gai, à faire rire.
Alors qu’il est plus que clair qu’on peut apporter quelque choses aux autres en faisant le pitre, qu’on peut gagner sa vie en faisant rire, aucune note ne considère ce talent. Alors que les commentaires vont régulièrement à dénigrer le clown de la classe.
Pendant mon Service National, pendant les classes à Montmédy, il y avait dans notre compagnie et dortoir, un gitan blond, très beau gosse. Sa particularité c’était d’être gentil et gai. Il planquait en permanence un lapereau contre sa poitrine et nous protégions son secret.Lui et son petit lapin, m’ont fait trouver du charme à cette séquence militaire (alors que j’avais un passé qui Grrrr...)
Je tirais bien et j’étais tireur d’élite, bien noté bla bli bla blo mais j’ai toujours trouvé que c’est lui qui aurait dû être fécilité. Lui et les quelques objecteurs de conscience qui croupissaient en prison (Il s’agit de cellule genre shérif cow-boy. Aucun stress en dehors de l’enfermement, pas de cruautés, pas de bagarres, mais un sentiment d’injustice certain...)
Mais une note, par exemple en natation, reste une pure note. Elle a un contenu scientifique, indiscutable, objectif et directement livré par la machine chronomètre. Même en patinage artistique, on s’efforce à aller vers cette objectivité et quand, en toute subjectivité bue, on pose une note, elle n’est pas accompagnée de commentaires.
Ce sont les commentaires qui tuent.
Ce sont les commentaires, donc les notes qui indiquent un affect, un niveau de préférence et de mépris, ce sont eux les grands responsables des humiliations.
Zéro c’est zéro, pourquoi faut-il le souligner de deux traits rouge rageur ?
Déjà le rouge, devenu synonyme de danger, devrait être proscrit et réservé aux véritables dangers physiques. On devrait corriger de n’importe quelle couleur. On ne devrait pas souligner les basses notes, on devrait s’expliquer oralement, en tête à tête sur toutes les notes inférieures à la moyenne et ces explications devraient être enregistrées pour qu’on puissé vérifier si le prof est réellement dans une démarche d’aide.
Et puis il faut partager. Le prof doit partager la responsabilité des mauvaises notes. Il doit montrer qu’il est aussi peiné que son mauvais élève et doit mouiller sa chemise pour essayer de le récupérer (Cf. Les choristes)
Il est impossible qu’un entraîneur n’ait aucune responsabilité dans les résultats de la personne qu’il prétend entraîner.
Le déni de cette responsabilité du prof, entraîine le déni de la responsabilité du PDG dans les licenciements et le déni de la responsabilité des Présidents et ministres dans les malheurs du peuple.