Bonjour PJCA,
vous exposez là avec clarté et pertinence une idée qui me trottait dans la tête depuis un moment. J’écrivais hier ceci : « on accepte la pespective que les travailleurs de l’Etat ne soient pas payés, mais on refuse l’idée qu’on ne payerait pas l’usure à ceux qui nous ont mis là ! Ces gens ne sont pas pressés qu’on rembourse nos dettes, puisqu’on paie des intérêts. C’est un comble ! »
En effet, la dette résulte de l’accumulation, intérêt et capital, de la part du lion que se sont toujours réservée les possédants au détriment des travailleurs, dans une logique de partage de la plus-value excessivement inique si vous permettez ce pléonasme. Et donc la solution que vous préconisez me paraît légitime dans le cadre d’une remise à zéro des compteurs incontournable pour éviter l’effondrement fatal, cela va de soi.
Mais il me semble que vous évacuez un peu vite la questions des détenteurs étrangers : les capitalistes qui ont toujours une longueur d’avance - ceci expliquant cela -, se sont mis à l’abri des vélléités redistributrices des Etat nations : mondialisation des capitaux, paradis fiscaux, etc. De sorte que ces créanciers là seront évidemment pas sensibles à ces arguments. Et les négociations risquent de durer.
Un autre problème est celui des « bonnes dettes », et notamment des retraites. Il ne faut évidemment pas mélanger le bon grain à l’ivraie.
J’ai proposé hier une « expérience de pensée » que je copie-colle ici, parce qu’elle est une autre manière de voir les choses :
"L’Etat s’engagerait à payer indéfiniment les intérêts de ses emprunts, à un taux déterminé par consensus entre les parties, mais en reportant le remboursement du capital à une échéance infiniment lointaine. Autrement dit, jamais. / Plus de dettes, mais des ayants droit. Autrement dit, des rentiers de l’Etat. Comme s’ils touchaient ce fameux RU mais avec transmission de ces droits aux héritiers.
Serait-ce juste ? Pourquoi les uns conserveraient-ils des trésors de guerre acquis dans une période de folie libérale et de manière opportuniste, et pourquoi les autres qui ont acquis leurs droits par leurs par le travail, à l’issue de durs combats ( grèves, programme du CNR ) devraient-ils perdre ces droits au profit des trésors de guerre des premiers ?
Se surajoute à cela que les avantages acquis par les travailleurs (retraites) sont attachés à la personne, et les trésors de guerre sont transmissibles de génération en génération.
Dans l’hypothèse que je propose, le non remboursement de la dette équivalent à un report infiniment reconduit du remboursement, les intérêts versés pourraient être, soit théoriquement imposés à 100% ad vitam aeternam (donc on annule tout, et on revient à votre proposition), ou bien on éteint la créance au décès du détenteur, à l’instar des droits à la retraite par répartition. Plus d’intérêts, plus de créance.
Autre proposition, on ne verse les intérêts que sur une période limitée dans le temps, égale pour tous les détenteurs. Et on efface l’ardoie à l’issue de cette période.
On le voit, il existe de nombreuses pistes pour remettre les compteurs à zéro dans une logique d’équité, puisque la situation actuelle conduit à une iniquité exponentielle insoutenable.