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Accueil du site > Tribune Libre > 2020, Palpatine et la désinformation

2020, Palpatine et la désinformation

Le round actuel du match mortel entre les islamistes iraniens et les évangélistes américains illumine cette année naissante d’un feu d’artifice de bêtise, de désinformation et de manipulation qui seront, sans doute, la marque de fabrique de la décennie à venir. Alors autant se mettre à la page tout de suite et je vous souhaite, chères lectrices et chers lecteurs, une passionnante autant que désinformative année 2020 ! Et non, le titre n’est pas une erreur.

Soleimani et le lien bidon avec le 11 septembre.

L’assassinat du général iranien Qassim Soleimani, sur ordre de Donald Trump, fut ainsi justifié par son vice-président Mike Pence, évangéliste pur et dur :

“[Suleimani] assisted in the clandestine travel to Afghanistan of 10 of the 12 terrorists who carried out the September 11 terrorist attacks in the United States… Soleimani was plotting imminent attacks on American diplomats and military personnel. The world is a safer place today because Soleimani is gone.”

(Soleimani) a collaboré au transfert clandestin de 10 des 12 terroristes ayant participé aux attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis…. Soleilmani préparait des attaques imminentes contre du personnel diplomatique et militaire américain. Le monde est aujourd’hui plus sûr du fait de la disparition de Soleimani.

 https://www.currentaffairs.org/2020/01/how-to-avoid-swallowing-war-propaganda

Cette justification vise à entériner une fausse idée selon laquelle Soleimani, donc à travers lui l’Iran (dont il est le chef des redoutables et meurtriers Gardiens de la Révolution, le bras armé de la dictature théocratique iranienne et force d’élite en Syrie contre Daech) et son allié le Hezbollah, seraient associés aux dits attentats du 11 septembre 2001. Alors qu’il ne semble exister aucun indice d’une quelconque implication du régime chiite dans cette affaire – de l’admission même du très officiel rapport de la 9/11 Commission.

Tout comme l’administration de G.W. Bush avait voulu associer Saddam Hussein à ces mêmes attentats en inventant une proximité entre le régime irakien de l’époque et Al-Qaïda (en plus des fantomatiques armes de destruction massive), l’administration Trump en rajoute une couche dans sa recherche d’un conflit ouvert avec l’Iran en associant ce régime avec ce symbole absolu de l’anti-américanisme.

J’ai insisté, dans l’introduction du billet, sur l’aspect religieux des protagonistes car ce conflit ne semble avoir aucun sens politique si on lui retire sa dimension religieuse. Hors le sens économique lié à la nécessité pour les USA de faire tourner leur immense complexe militaro-industriel par le biais de guerres sans fins mais très consommatrices d’équipements, d’armes et de services en tous genres (guerres que Trump avait par ailleurs promis d’arrêter lors de sa première campagne électorale), un sens plus profond lié à la religion a été développé par le professeur de théologie franco-libanais Antoine Fleyfel dans son – sidérant – livre Les dieux criminels, objet d’un article ici en septembre 2018 (1).

La mouvance évangéliste, représentée ici par Mike Pence, est associée au sein de l’administration américaine au puissant lobby israélien (représenté en l’occurrence par Jared Kushner, beau-fils de Donald Trump, grand ami personnel de Benjamin Netanyahou et conseiller personnel du Président (2)) dans une espèce de sainte alliance en vue d’une grande guerre finale contre l’Islam permettant, selon la prophétie eschatologique, le retour du Christ / Messie et un règne de paix de mille ans.

Le 11 septembre 2001 ayant servi de justification bidon pour les désastreuses attaques contre l’Afghanistan (désastre récemment révélé par les Afghanistan Papers (3)), contre l’Irak qui aujourd’hui se révolte contre la présence de l’occupant US, et désormais l’Iran contre lequel toute attaque militaire subirait inévitablement le même sort que les autres, on pourrait se demander – si l’on s’inquiète réellement de la désinformation massive dont nos sociétés souffrent depuis vingt ans – de quoi relève effectivement ce fameux 9/11 légitimant tout et n’importe quoi, mais là on touche à la limite du politiquement correct.

Edwy Plenel en arrive aujourd’hui à qualifier les USA de rogue state, d’Etat voyou et il a raison (4) mais malheureusement il ne veut pas, pour des raisons aussi politiques qu’économiques (il doit vendre un journal dit sérieux à des gens dits sérieux) aller titiller la bête au fond du gouffre (5).

L’ordre assassin donné par Donald Trump n’est que l’énième illustration de ce comportement qu’avait théorisé Jacques Derrida, en retournant contre l’impérialisme américain le concept de « rogue State » forgé sous la présidence de Ronald Reagan pour désigner les cibles étatiques des États-Unis.

 https://www.mediapart.fr/journal/international/050120/la-guerre-qui-vient?page_article=1

La désinformation, plus que le simple mensonge ou le mensonge par omission, réside dans la création de liens factices entre des gens, des situations, des événements afin de servir un certain roman politique. Il réside dans l’enrobage plus ou moins savant de choses dont on ne veut pas trop connaître le dérangeant fond, tout comme dans la dénonciation moraliste (à la sauce antisionisme = antisémitisme par exemple (7)) permettant de délégitimer d’office tout avis ou questionnement remettant en cause les intérêts politiques ou économiques des puissants et leurs chiens de garde médiatiques et policiers.

On va ainsi maintenir que les violences policières sont toujours le fruit légitime de la provocation de la rue, ou que l’entrepreneuriat terroriste islamiste local n’est en réalité que la conséquences de gens souffrant de troubles mentaux. Ou que la réforme des retraites est avantageuse pour tout le monde sauf, bizarrement, pour ceux dont le régime a vraiment besoin, qui conserveront leurs privilèges.

Les graves dangers de la désinformation et de la corruption.

Cette situation est grave car, même si un régime théoriquement démocratique ne ment pas sur tout, tout le temps, la désinformation est tellement endémique que l’on ne peut ni ne doit rien croire sur parole et toujours demander des preuves, se demander ce que sert telle ou telle déclaration ou prise de position. La désinformation, de plus, marche main dans la main avec la corruption. L’une a besoin de l’autre et cette corruption est aujourd’hui une gangrène massive de par le monde, y compris ici : selon, l’indice de perception de la corruption (6), la France se situe entre l’Uruguay et les Emirats Arabes.

La France a en réalité tout d’une république bananière (8) et ceci crée une situation de défiance pouvant se muer rapidement en rejet au profit d’extrêmes voire, si elle n’a plus grand chose à perdre, en guerre ouverte entre un régime et une partie conséquente de sa population.

Au vu de ceci, et sans même aborder le sujet du dérèglement climatique, 2020 s’annonce chaude. Pour se protéger de la désinformation rampante il faudrait que chacun.e fasse son propre travail journalistique : filtrer, recouper les sources, contextualiser mais peu en ont le temps, ni réellement l’envie, ni nécessairement les moyens. Le réflexe pavlovien est nettement plus accessible et répandu : selon qui parle, selon la « cause » que l’un.e ou l’autre prétend défendre, on applaudit, on s’offusque ou l’on ignore.

Pain béni pour la désinformation, ce qui nous ramène à nos eschatologues du début : si ce qui rend le monde fou est en fait la religion, du moins celles qui prophétisent ici un nécessaire Armageddon ou là une « Ultime Bataille » entre le Bien et le Mal ouvrant la porte à un avenir radieux pour les survivants, dénoncer « l’autre » comme le Mal absolu tout en se revendiquant du Bien tout aussi absolu est le b-a-ba de toute désinformation de masse.

Le retour de Palpatine.

C’est bien ce que nous constatons aujourd’hui sous une forme totalement désinhibée : Trump fait assassiner sans raison un représentant d’un gouvernement a priori légitime, mais il est le Bien et toute réaction adverse serait la démonstration du Mal. S’il y en a un qui se marre, c’est Orwell. Ou Palpatine, qui ne serait finalement pas mort aux mains de son disciple Darth Vador comme je l’ai cru pendant près de quarante ans, mais tout dernièrement aux mains de Rey armée d’une croix formée par les sabres laser de Luke Skywalker et de la princesse Leia. Une Rey issue de sang Sith et appelée par le côté sombre mais dont la pureté de cœur lui permit de concentrer en elle toutes les forces des anciens Jedi dans l’Armageddon final et la victoire sans appel du Bien contre le Mal.

Oui, j’ai vu le dernier épisode des Starwars. Oui je sais, cette dernière trilogie purement commerciale de la saga à laquelle je fais parfois référence (voire révérence), comme ici (9), est un peu (beaucoup) un désastre côté scénaristique mais elle fonctionne émotionnellement pour les fans dont je suis :

Quel rapport me direz-vous ? Et bien le Bien, justement, et sa relation ambivalente avec le Mal. Au début Palpatine est un représentant d’un ordre démocratique qu’il transforme en Empire totalitaire via la désinformation et la corruption. L’agent corrupteur est le côté sombre de la Force, qui symbolise là ce que nous nommons argent, pouvoir et violence ici.

Trump et Macron sont des avatars contemporains de Palpatine : démocratiquement élus au nom de l’anti-système, obtenant quasiment les pleins pouvoirs afin d’arrêter les guerres et de nettoyer l’Amérique du cloaque de l’Etat Profond (drain the swamp, qu’il disait) côté Trump, ou recréer une espèce de Grande France mythologique côté Macron (la fameuse start-up Nation rationnelle, moderne et efficace mais en réalité une proie pour les prédateurs qui fondent et financent la Macronie), ils se révèlent être l’incarnation de ce même Mal dominé par la corruption et la désinformation.

Ils peuvent néanmoins espérer une majorité électorale aux prochaines élections car, à l’instar de Palpatine demandant les pleins pouvoir au Sénat afin de combattre la menace qu’il a lui-même créée, la dangerosité de « l’ennemi » justifie le recours au côté sombre – le Patriot Act aux USA ou l’état d’urgence et les lois de renseignements intégrées en droit français, tout comme les assassinats opportunistes ou le tir tendu au LBD contre journalistes et manifestants.

Dans Starwars IX donc, a priori le dernier épisode de la saga Skywalker où tout se termine définitivement et ne reste que l’avatar du Bien ayant dominé le Mal, Palpatine décède enfin et la Force est unifiée. Traduit en langage du Livre et des religions monothéistes, le nouveau règne de mille ans du Christ / Messie / Prophète peut advenir. De quoi occuper Charlie Hebdo un bon moment car la vengeance, en effet, est un plat qui se mange froid et se déguste lentement.

PS : Le paragraphe précédent relève peut-être d’une opération de désinformation.

 

Liens et sources :

(1) https://zerhubarbeblog.net/2018/09/11/les-dieux-criminels-au-coeur-des-conflits/

(2) https://zerhubarbeblog.net/2017/05/23/trump-larabie-et-la-connexion-juive/

(3) https://zerhubarbeblog.net/2019/12/10/the-afghanistan-papers-tous-les-mensonges-enfin-reveles/

(4) https://www.mediapart.fr/journal/international/050120/la-guerre-qui-vient?page_article=1

(5) https://zerhubarbeblog.net/2019/09/11/11-septembre-2001-18-ans-apres-la-rage-au-ventre/

(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_perception_de_la_corruption#Classement_2017

(7) https://zerhubarbeblog.net/2019/03/14/de-lamalgame-antisioniste/

(8) https://zerhubarbeblog.net/2019/03/14/bienvenue-en-republique-bananiere-francaise/

(9) https://zerhubarbeblog.net/2015/12/24/joyeux-noel-a-lempire/


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15 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 7 janvier 2020 13:19

    L’islamisme serait-il une invention du diable pour nous faire oublier l’évangélisme ?

     

    La plus grande ruse du diable n’est pas de nous faire croire qu’il n’existe pas. Non ; il ruinerait son fond de commerce ! Non, la plus grande ruse du diable c’est de nous faire croire que le diable c’est l’autre.

     

    PS. Excellent article.


    • Rantanplan Bretzel Liquide 7 janvier 2020 13:24

      Vous faites référence à Orwell et Lucas, mais on pense aussi à Huxley.

      Dans le meilleur des mondes possible, celui qui est le nôtre, seul un nombre limité de « sauvages » est encore regroupé dans des réserves. Les sociétés anciennes ont été détruites par un virus informatique véhiculé par internet.

      Les jeunes humains reçoivent aujourd’hui un enseignement hypnopédique. Ceux des castes supérieures apprennent à mépriser les castes inférieures tout en reconnaissant leur nécessité.

      Chacun, en raison de son conditionnement, estime être dans une position idéale dans la société, de sorte que nul n’envie plus une caste autre que la sienne, comme c’était le cas avant l’avénement du grand Ronald Mac Donald.

      Le soma médiatique est le secret de la cohésion de cette société : chacun est heureux et ne revendique rien, sauf quelques sauvages fluorescents échappés des réserves.


      PS : à propos de Mike Pence, il est aussi créationniste. On ne fait pas dans la dmi-mesure chez les alfas (WASPS en globish).


      • Vincent Verschoore Vincent Verschoore 7 janvier 2020 23:10

        @Bretzel Liquide
        « Ceux des castes supérieures apprennent à mépriser les castes inférieures tout en reconnaissant leur nécessité.  »
        Ca c’est le système féodal / industriel / impérialiste classique. Dans notre nouveau système basé sur la robotique et l’argent créé à volonté par les banques, les castes supérieures n’ont plus besoin des castes inférieures. 


      • Clark Kent Séraphin Lampion 8 janvier 2020 08:19

        @Vincent Verschoore

        s’ils croient ça, ils se trompent sur deux points :

        1. l’argent n’est pas créé à volonté par les banques, ce sont les bulles financières qui le sont. la « valeur » dnas une économie de marché est toujours déterminée en dernière analyse par la loi de l’offre et de la demande
        2. les robots ne sont pas des consommateurs et n’achètent pas leur production. les castes supérieures ont besoin que les castes inférieures achètent pour que la machine économique et la planche à billets tournent

        l’externalisation, la délocalisation, la robotique et l’informatique n’ont fait que transposer et différer les réalités, elles ne les ont pas gommées.


      • Captain Marlo Fifi Brind_acier 7 janvier 2020 14:15

        Bonjour,

        Je ne vois pas bien le rôle des religions dans ce coup de poker menteur...

        Mike Pence a dû penser que le coup de la fiole de Colin Powell avait déjà pas mal servi en Irak, et qu’il ne fallait pas en abuser...Déjà que les irakiens commencent à ne plus supporter la présence yankee...

        .

        Sinon, cette histoire arrange bien les affaires de Trump en campagne électorale.
        La folle de guerre Hillary avait mis l’attaque de l’ Iran à son programme. La mort du général iranien coupe l’herbe sous les pieds des démocrates.

        .

        Et les médias parlent de l’ Irak, à la place de la destitution de Trump, 2 points dans la vue des Démocrates, c’est toujours ça de gagné !

        .

        Trump est protectionniste et contre les guerres, mais une stature de Chef de guerre, sans doute qu’aux USA, c’est mieux pour décontenancer tous les fous de guerre qui peuplent le deep state et s’attirer la sympathie des électeurs démocrates.

        .

        Et si les navires US ou iraniens ou le Pape, arrivent à mettre un peu le bouzin dans le détroit d’Ormouz, le prix du pétrole va monter....

        20 $ de plus par baril, le pétrole de schiste US devient rentable, ce que Trump portera à son crédit.

        Et le pétrole plus cher, ça enquiquine qui ? Tout le monde, mais surtout, la Chine, l’ennemi personnel de Trump !

        Vous voyez, tout va bien pour Trump.


        • Vincent Verschoore Vincent Verschoore 7 janvier 2020 23:14

          @Fifi Brind_acier
          Oui tout va bien pour Trump, qui n’est a priori pas un évangéliste. Mais les évangélistes sionistes sont très présents dans son administration et dans le parti républicain en général, aujourd’hui 100% derrière Trump  ce qui n’était pas le cas au début. 


        • Captain Marlo Fifi Brind_acier 8 janvier 2020 07:13

          @Vincent Verschoore
          C’est toujours mieux d’avoir les 40 ou 50 millions d’Evangélistes avec lui. Mais à mon avis ce n’est pas la principale raison. Trump est ennuyé par la procédure de destitution qui alimente la marmite infernale des Démocrates contre lui, et il marque des points contre eux.


        • Elliot Elliot 7 janvier 2020 15:03

          Je ne suis pas d’accord avec tous les passages de cet article où il y a, me semble-t-il, des raccourcis peut-être un peu osés notamment dans l’aspect historique des choses mais j’adhère à sa philosophie générale notamment dans sa condamnation de ces plaies que sont les religions, j’ajouterais en général car il n’y en a pas une pour rattraper l’autre.

          Ceci dit, je reste partisan de la liberté d’expression en ce compris celle de croire à n’importe quelle fadaise pour autant qu’elle n’empiète pas sur la liberté des autres citoyens. Je me revendique de l’esprit de tolérance.


          • Vincent Verschoore Vincent Verschoore 7 janvier 2020 23:16

            @Elliot
            Bonjour, vous pouvez préciser sur les raccourcis osés ? 


          • eddofr eddofr 7 janvier 2020 16:31

            « Je ne mens jamais ... Mais il m’arrive de me tromper »

            Noé, juste après l’inondation de quelques villes côtières ...


            • Pascal L 8 janvier 2020 03:59

              Si Trump était Chrétien, cela se verrait. Non, les Evangéliques ne sont pas une partie prenante dans cette guerre. Il s’agit plutôt d’une guerre entre deux totalitarismes musulmans, deux visions du califat mondial. En fait une même vision d’un avenir où l’islam règne sur le monde mais où chacun veut en être le calife. J’ai parlé du wahhabisme (Arabie Saoudite, Emirats, Koweit et Egypte) contre les Frères Musulmans (Iran, Quatar et Turquie). Cette conquête du monde passe par la maîtrise du monde Musulman pour installer un califat unique. Les conflits en Syrie, au Yemen et en Irak en sont les signes visibles. Il n’y a pas d’axe du bien dans cette guerre et c’est dans ce cadre que ce situe cet assassinat. Traditionnellement, les USA sont du côté d’Israël qui est principalement visé par les Frères Musulmans, donc les USA soutiennent principalement l’axe wahhabite, tandis que les Russes soutiennent plutôt les Frères Musulmans ; chacun y vent ses armes. Soleimani, comme responsable des opérations extérieures de l’Iran était loin d’être un enfant de chœur et était probablement derrière les attaques de sites pétroliers en Arabie Saoudite qui ne pouvaient pas rester impunies aux yeux des Américains. L’assassinat de Soleimani est un signe fort envers les Iraniens pour qu’ils cessent ces opérations terroristes extérieures. Il me semble qu’il s’agit plus d’une tentative pour diminuer l’intensité de la guerre que pour l’augmenter.

              Aujourd’hui, les Frères Musulmans représentent une menace bien plus grande pour la paix mondiale que les wahhabites. Ils maîtrisent un bon tiers des grandes mosquées en France et ils ont bien pour objectif de nous imposer leur idéologie mortifère dans leur conquête du monde. Le califat mondial des Ikhwans (Frères) passe aussi par la France. Le lien entre l’Iran elles Ikhwans paraît contre nature, mais Khomeini était un grand admirateur d’Hassan Al-Banna et s’est inspiré de lui pour organiser sa révolution. L’Egypte, en virant Morsi a en même temps changé de camp pour s’opposer aux Ikhwans.


              • Captain Marlo Fifi Brind_acier 8 janvier 2020 07:51

                @Pascal L
                J’ai parlé du wahhabisme (Arabie Saoudite, Emirats, Koweit et Egypte) contre les Frères Musulmans (Iran, Quatar et Turquie).

                Le wahhabisme a été propagé par les Saoudiens à la demande des pays occidentaux, dixit le Prince saoudien Ben Salmane.
                .
                Le wahhabisme, c’est aussi bien l’Arabie Saoudite, les Émirats, le Koweït, l’Égypte, le Qatar, que les Frères Musulmans qui inspirent Erdogan. Le wahhabisme, c’est l’islam sunnite, c’est la branche la plus réactionnaire de toutes les interprétations de l’ Islam.
                .
                La seule différence, c’est que les Frères Musulmans sont « la façade politique », ils s’habillent à l’occidentale, costard et cravate, ils sont reçus aussi bien à Washington que dans les capitales européennes. Obama en avait toute une brochette à la Maison Blanche. Ce sont les alliés des pays occidentaux.



                Alors que l’ Iran et le gouvernement irakien sont des Chiites, pas des sunnites.

                tandis que les Russes soutiennent plutôt les Frères Musulmans 

                Vous racontez vraiment n’importe quoi, même la presse aux ordres ne raconte pas autant de fake news ! La Russie défend l’intégrité et la souveraineté des pays attaqués par les USA et les armées de l’ OTAN.
                .
                Poutine défend le Droit International, qui interdit d’attaquer des pays qui n’ont déclaré la guerre à personne, comme la Libye, la Syrie, l’Irak et l’Iran.
                C’est interdit par la Charte des Nations Unies.
                .
                C’est ce qui vaut à la Russie de prendre une place désormais prépondérante au Moyen Orient, sans cesse attaqué par les armées prédatrices occidentales, et leurs mercenaires, qu’ils s’appellent Daesh ou Al Qaïda, ou n’importe quel autre nom. « UPR : Mais qui donc a créé Daesh et Al Qaïda ? »
                .
                Les pays musulmans visés, parce qu’ils ont du pétrole, en ont ras la casquette des Yankees, des « droits de l’hommistes » occidentaux et de leurs mercenaires, qui leur balancent, depuis le 11 septembre, des « bombes démocratiques » sur la tête ! Les dirigeants occidentaux devraient être traduits devant les tribunaux pour crimes de guerre et contre l’ humanité.


              • Pascal L 8 janvier 2020 11:38

                @Fifi Brind_acier
                Lisez « Le projet » d’Alexandre del Valle et Emmanuel Razavi pour bien comprendre la stratégie des Frères Musulmans et leur opposition à l’axe wahhabite. Visiblement, vos sources sont un peu anciennes. Le Qatar n’est plus sur l’axe wahhabite et le blocus déclenché par l’Arabie Saoudite contre le Qatar en est le signe. Cela n’empêche pas les Qataris de pratiquer le wahhabisme, mais le Qatar héberge maintenant la plupart des structures des Frères et finance leur développement dans le monde et en France. De toutes façons, sur le plan religieux, il n’y a pas beaucoup de différences entre le Wahhabisme et les Frères Musulmans. Les différences sont plus sur la stratégie politique de conquête du monde. Al Qaïda et DAECH sont bien plus proches des Frères Musulmans que du Wahhabisme. Ce sont en quelque sorte des franchisés et eux aussi rêvent du califat mondial.
                Comme je l’ai déjà écrit, il n’y a pas d’axe du bien dans cette guerre et les Américains et les Russes défendent leurs intérêts sans arrières pensées. Il ne sont ni l’un ni l’autre à l’origine du conflit mais essaient chacun d’en tirer un profit.
                Que la charte des Nations Unies interdise la guerre, c’est une chose, mais il ne faut pas être naïf, personne ne demande l’avis des Nations Unis avant de s’impliquer dans un conflit. Si c’était le cas, il n’y aurait plus de guerre... Cela fait longtemps que l’Iran est en guerre au Yemen, même si ce n’est pas avoué par le gouvernement et ils n’ont pas non plus demandé l’aval des Nations Unies. Si ce n’était pas le cas, cela ferait longtemps que les chiites du Yemen auraient été battus par la puissance de feu des Saoudiens. 
                Il est assez étrange de retrouver des chiites et des Sunnites dans la même coalition, mais c’est un fait avéré. Il n’est pas sûr que cela dure très longtemps car c’est un rapprochement de circonstance autour de la stratégie des Frères. Les Iraniens sont pragmatiques et ont préféré l’efficacité car il ne pourraient rien faire isolés. En s’alliant avec le Qatar et la Turquie, il peuvent s’extraire du blocus américain.
                Si les pays du Moyen Orient sont en guerre, ils ne le doivent qu’à eux-mêmes et à l’islam qui contient les germes de la violence. Ils ne sont pas les seuls à avoir du pétrole et du gaz et les autres pays ne font pas la guerre.


              • Vincent Verschoore Vincent Verschoore 8 janvier 2020 15:12

                @Pascal L
                Extrait de mon article sur les dieux criminels :

                Nous sommes généralement convaincus que, au-delà des croyances personnelles de dirigeants américains, israéliens, palestiniens ou arabes hors terroristes « officiels », les politiques menées par ces gens ne font pas référence aux dieux mais uniquement à des facteurs géopolitiques, économiques et sécuritaires selon des intérêts bien compris qui, s’ils n’ont le plus souvent rien à voir avec l’intérêt général, n’ont en tout cas rien de spécifiquement religieux.

                Grave erreur.

                Grave erreur si on en croit le théologien et philosophe franco-libanais Antoine Fleyfel (1), auteur d’un ouvrage intitulé Les dieux criminels sorti en 2017. Un livre à consommer avec sidération. Le livre est une thèse sur les trois grands mouvements eschatologiques religieux actuels qui sont au cœur d’une part de la politique USA-Israël en matière de « gestion » du conflit israëlo-palestinien et de leur géopolitique moyen-orientale en général, d’autre part au coeur de la mouvance islamique djihadiste dont Al-Qaïda et l’Etat Islamique sont les fers de lance.

                L’eschatologie désigne le ou les discours relatifs à la fin des temps qui, selon les religions du Livre (les seules concernées ici), arrivera bientôt si certaines conditions sont remplies. Et ces conditions, aussi ridicule que cela puisse paraître au premier abord, sont justement au centre des manœuvres géopolitiques des USA, d’Israël et des fondamentalistes islamiques depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948 par les Nations Unies, et plus encore depuis l’extension du territoire israélien au fil des guerres, à commencer par la guerre israélo-arabe de 1948-49 (déclarée par les arabes le jour de la déclaration d’indépendance d’Israël) qui donna une première opportunité à Israël d’annexer les terres initialement réservées par l’ONU pour la constitution d’un Etat Arabe à côté d’Israël.


              • Pascal L 8 janvier 2020 16:13

                @Vincent Verschoore
                Je suis parfaitement au courant de ce qui est dit dans les religions faussement appelées « religions du livre » ou tout aussi faussement appelées « religions abrahamiques » et j’apprécie le travail des historiens qui arrivent à construire une vraisemblance à partir d’informations parfois difficile à réunir. Le messianisme est un ensemble d’hérésies apparue après le christianisme qui n’est pas une religion messianique. Si une fin du monde est annoncée dans le christianisme, nous n’avons pas à nous soucier ni du lieu, ni de l’instant et tous les scientifiques savent que notre terre est « mortelle ». Le salut annoncé par Jésus n’est pas de ce monde, donc aucune purification « terrestre » ne peut être déduite de son enseignement. Beaucoup de prétendus prophètes ont voulu imiter le message de salut de Jésus mais ne pouvaient prétendre à un royaume « ailleurs ». Qu’à cela ne tienne, le salut est devenu terrestre pour les adeptes et il fallait préparer la terre à ce salut en la purifiant. Le mal est identifié aux personnes qui n’ont pas la même pensée qu’il faut donc convertir ou éliminer. Ces dérives messianiques n’ont pas toujours pris une apparence religieuse, mais cela ne change rien sur le fond. Le nazisme et le marxisme sont des messianismes parfaitement authentiques. Si on y regarde de plus prêt, la plupart des idéologies que l’on veut nous imposer le sont aussi car elles veulent éradiquer le mal. Le climatologisme (et non la climatologie en tant que science) en est un également et nous pouvons trouver bien d’autres exemples. Dès qu’un discours préfère jouer avec nos émotions plutôt que notre intelligence, il y a une suspicion de discours idéologique et probablement de messianisme.
                Le problème des sectes évangéliques se pose également comme étant parfois (c’est loin d’être systématique) un messianisme où la fin du monde passe par la restauration d’Israël dans ses frontières rêvées et qui n’ont jamais existé selon les historiens et les archéologues. Pour l’instant, les sectes évangéliques qui posent problème ne sont pas si nombreuse que cela et la presse en augmente l’importance car ce mouvement est très organisé en lobbies. Il m’est arrivé quelquefois de croiser de croiser une telle pensée, mais pas si souvent. En tout cas, je n’ai jamais identifié ce courant sur Agoravox ou pourtant toutes les religions du monde se croisent. Le soutien à Israël est bien une conséquence du lobbying, mais d’un autre côté, sans ce soutien, nous aurions pu assister à autre génocide. Il n’y en a pas eu assez au XXème siècle sans doute. L’alliance du pouvoir spirituel avec le pouvoir temporel est une immense connerie qui a pour but de forcer l’obéissance des citoyens. Cette alliance est pratiquement toujours au bénéfice du pouvoir temporel. En France, ces deux pouvoirs sont séparés, c’est une bonne chose mais ce n’est pas grâce au gouvernement qui avait une toute autre idée en 1905. Il est obligé maintenant de faire « avec », mais c’est avec regrets (voir le blocage de la nomination de l’évêque de Metz par Manuel Valls, alors ministre des cultes).
                Quand à l’islam, c’est définitivement un messianisme et j’en ai parlé assez souvent. Le Coran ne parle jamais de Dieu sinon pour lui attribuer quelques caractéristiques qui conviennent mieux à un calife qu’à Dieu (celui qui s’enorgueillit, celui qui rend esclave...). Le Coran est donc une norme juridique et sociale au service d’un pouvoir temporel qui adapte la norme à sa sauce avec la charia. 
                Alors, oui, le phénomène religieux et idéologique intervient dans les décisions politique et non, car ce n’est plus un pouvoir religieux... La cupidité, le goût du pouvoir sont des fléaux mortels.

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