A69… Autoroute égotique !

Qui est derrière cette autoroute honnie ? Quaero Capital, NGE Concessions, Ascendi-Ardian et TIIC, tous inconnus au bataillon du grand public, ce grand naïf. Ce quarteron s’est constitué en un consortium nommé ATOSCA, qui a reçu une concession de 55 ans pour l’exploitation de ce tronçon. Apparemment ce groupe a ses entrées en haut lieu, car, lors des opérations d’avancées du chantier et de débitage des arbres centenaires, des forces plus nombreuses que les feuillus eux-mêmes étaient là pour interdire aux protecteurs de la nature de grimper dans leurs branches en actes de protection et de causer un ralentissement du chantier. Des déplacements de troupes conséquentes de gendarmerie, motards, hélicoptères, drones, chiens et tout le Saint-frusquin afin de tenir à distance tous ces « terroristes » ainsi qualifiés par les supporters élus locaux du projet. Dans le Tarn, 90% des gens sont contre cette autoroute privée de 62 km qui devrait relier la sortie 2 de l'A68 près de Toulouse à la rocade de Castres par une liaison à 2 × 2 voies entre Castres et Verfeil, pour un gain de temps estimé à 12 minutes ; comparé à aujourd’hui en utilisant la nationale qui suit le même tracé que la future voie rapide. Alors pourquoi cette levée de bouclier (de Brennus) ?

D’abord, par l’inutilité du projet, car[i] depuis longtemps, il est reconnu qu’une autoroute de moins de dix mille usagers par jour n’est pas rentable. Cette A69, aura au mieux six ou sept mille/jour, la question ? Qui comblera le déficit ? L’État, les collectivités locales qui en pâtiront et ainsi enrichiront encore plus des actionnaires privés. Le prix pour y rouler sera de 17 euros. Cela aura comme conséquences, des camions ne l’empruntant pas et ainsi, devront traverser des villages qui jusqu’à aujourd'hui étaient protégés par la nationale, du bruit, des nuisances polluantes et du défoncement des routes. La nationale elle, sera partiellement engloutie par l’A69, où d’ailleurs certains de ses tronçons d’une valeur de 75 millions d’euros d’argent public seront offerts aux propriétaires de la nouvelle voie. Quant au tracé ? Par économies, il ne fait pas dans le détail et va tout droit. Fi d’un château classé qui aura sous ses fenêtres son passage à 180 mètres au lieu des 500 légaux. Des platanes centenaires cisaillés par dizaines, histoire de faire le vide. Des terres agricoles bitumées et des potagers retournés à coups de pelleteuses. Tout ce beau projet a été soutenu par Élisabeth Borne, alors ministre de la Transition écologiste, qui déclara à l’époque (2019) « Je fais du projet d’autoroute Castres-Toulouse une priorité nationale. »[ii], puis, partie comme première ministre dans des 49,3 en rafales. Macron l’appuya lui-même sans faillir… Pour une fois. La question est donc de comprendre pourquoi ces deux têtes de l’exécutif ont autant appuyé et ferraillé pour cette A69 ?

Macron, se posait en protecteur de la nature, lui qui prônait le replantage d’arbres par tous les collégiens de France jusqu’à concurrence de un milliard d’unités et qui « en même temps », appuyait ce projet local donnant des airs de renvoi d’ascenseur à certains de ceux qui lui permirent par deux fois de conquérir le trône élyséen… Pour comprendre, il est donc intéressant de revenir sur le cas des associés du consortium ATOSCA.

C’est la danse des canards qui sortant de la mare (cloaque). Se secouent le bas des reins - Et font cash-cash… Car ça va rapporter gros cette A69 ! Mettons un peu le bec dans ce marigot. Commençons par un des associés, TIIC ou plutôt le fonds d’Edmond de Rothschild, cousin de David qui en son temps fut le boss de Macron, et lui permit d’accumuler 3 millions entre 2008 et 2012. Il faut savoir qu’en ces sphères-là, il est de coutume de se tenir les coudes et de ne jamais oublier qui vous a nourri. Il y a aussi ASCENDI (Ardian), le plus gros fonds d’investissements français avec plus de 150 milliards d’euros d’actifs. Il est encore plus lié au président, car sa présidente générale Dominique Sénéquier a un accès direct et est reçue en grande pompe à l’Élysée. Le missionné Bruno Le Maire est allé spécialement inaugurer les nouveaux bureaux d’Ardian à Abu Dhabi c’est dire. Les liens avec Ardian sont forts. Un dirigeant important de ce même groupe, Emmanuel Miquel en 2017, est chargé de lever des fonds pour la campagne présidentielle. Une fois intronisé, Miquel devient conseiller du nouveau président. En 2019, il repart pantoufler chez Ardian, et en 2022, il revient pour la seconde campagne. Bref, un yoyo bien intentionné et bien placé. Il y a un Pierre Donnersberg qui lui est la courroie entre le Fonds Rothschild et Ardian, homme clé du financement de la campagne de Macron en 2017. En clair, grâce à lui, le candidat a pu décrocher 11 millions de prêts pour sa campagne. Et ainsi, comme mentionné plus haut, dans ce milieu, tout service rendu n'est jamais gratuit… On peut se poser la question de pourquoi le président a fait croire que cette A69 s’imposait pour raison impérative d’intérêt public majeur et qu’il y ait mis depuis des années ses gendarmes, ses préfets et son gouvernement, au service de ce projet contesté ? Vous avec dit étrange ? Comme c’est Macron ! 

Le quatuor, ces grands respectueux. Pour Quaero Capital, avec la main sur le cœur sur son site clame : des engagements vertueux. « Construire une autoroute respectueuse du territoire, des femmes, des hommes et de la biodiversité qui y vivent. »[iii] NEG Concessions, c’est presque une déclaration d’amour : « nous participons à l’essor des territoires en investissant sur le long terme d’une manière responsable et durable, avec le souci de fournir au plus grand nombre toujours plus de services, plus de mobilité, plus d’accessibilité.  »[iv] Ascendi-Ardian, c’est de la loyauté, de la loyauté en boites de 12 : « à travers son engagement en faveur du partage de la valeur créée avec l’ensemble des parties prenantes, Ardian participe à la croissance des entreprises et des économies à travers le monde en s’appuyant sur ses valeurs d’excellence, de loyauté et d’esprit d’entreprise.  »[v] Et enfin TIIC, où on entre dans la nébuleuse du Fonds Rothschild, celles des sociétés poupées russes, qui s’emboitent l’une dans l’autre à ne pas y retrouver ses chatons. Toutefois, voilà ce que nous dit TIIC : « C'est un fonds qui vise une taille de 300 millions d’euros. Il a été constitué en 2016. Il a pour vocation d’investir dans toute l’Europe dans des projets portant sur les transports et les infrastructures sociales, domaines dans lesquels TIIC a déjà de solides antécédents. »[vi] Donc, comme vous le constatez, ces sociétés sont pleines de bonnes volontés pour le bien-être de leurs prochaines… Déclarations qui ne mangent pas d’pain. Ce qui est important, c’est de connaitre les menées de ce Macron, qui, c'est certain, doit renvoyer à tour de bras des ascenseurs suite à toutes les faveurs qu’il reçu durant ses campagnes, que malheureusement les Français ont gobé venant de cet alliciant… Et même en constatant les faits, les prouvant, malgré de fortes protestations, allant jusqu’à des grèves de la faim. Rien ne bouge.

À décharge, n’allez surtout pas croire que j’accuse de corruption notre bien-aimé Prez, ha ke non Ninon, ce ne sont que suppositions sur ce sycophante de ces bois… Qui d’un large bec laissa tomber sa proie.

Un espoir ? Si te Tribunal administratif de Toulouse se prononce favorablement dans les prochains jours sur la requête d’annulation du projet autoroutier, le constat après coup sera qu’énormément de dégâts furent commis tant sur la faune, la nature et les humains et rien ne sera réparable.[vii] Quant aux coupables ? Une fois encore, s’en tireront… Qui a osé dire que le crime ne pète pas ?

Georges ZETER/ décembre 2024

Merci à OFF INVESTIGATION pour ce documentaire qui a inspiré fortement cet article. Bravo pour tous ces courageux/courageuses qui prennent sur leur temps, leur argent et leur santé pour faire appliquer tout simplement la loi ; bafouée, piétinée pour les plus hautes instances du pays.