Adieu M. Le Professeur (Peillon) on ne vous oubliera jamais...

Vincent Peillon n'a pas survécu à la chute du gouvernement Ayrault. Conformément à ses souhaits il se fera élire député européen en juin prochain et un autre spécialiste de l'éducation prend la suite rue de Grenelle, Benoit Hamon. Ce dernier ne changera pas grand-chose aux réformes imposées depuis deux ans, et pour cause.
On retiendra de Peillon sa maladroite et surprenante réforme des "rythmes scolaires", à coups de chronobiologistes et de propagande des relais du PS dans le milieu scolaire : une bonne partie de la FCPE chargée de faire pression sur les maîtresses d'école, le groupusculaire syndicat SGEN-CFDT et le désuet UNSA chargés de bourrer le crâne et de surveiller ces dames plus quelques amis journalistes du monde de l'éducation. Ainsi que des permanents du PS chargés de parcourir les forums du net, j'en sais quelque chose. Mais l'entreprise a échoué, et les enfants des écoles revenues à quatre jours et demi n'apprennent pas mieux qu'auparavant. Inattention et agitation en fin de semaine, arrêts de travail des institutrices non remplacés, animateurs dépassés par les gamins. Un fiasco. Dont les véritables raisons ne sont pas seulement la volonté de faire du contre-sarkozysme. Il y a deux raisons principales à l'intransigeance de M.Peillon :
- La première est de transférer au maximum le scolaire vers les collectivités locales, quitte à privatiser le périscolaire (cantine, animation...). Les inégalités entre communes vont devenir criantes. Ainsi à Trappes (78), commune au public scolaire pauvre et difficile, non seulement les enfants passent plus de temps en collectivité qu'avant (les horaires ont peu changé) mais aucune activité culturelle sérieuse ne leur est proposée. L'école devient une garderie sociale et les institutrices des garde-chiourmes. A Paris, en revanche, l'école finit à 15h00 deux fois par semaine et une pleiade d'activités est à disposition des familles après l'école... deux différences de système et de philosophie scolaire, mais aussi de moyens financiers.
- La seconde est de répondre à une exigeance de l'UE : harmoniser les système éducatifs européens. Les conditions de recrutement des enseignants par exemple. Peillon n'est pas revenu sur la masterisation et un bac+5 est toujours nécessaire pour enseigner en petite section de maternelle. Cet exemple est parlant car chaque ex-pays de l'union a une histoire et des pratiques scolaires spécifiques. L'école maternelle est une invention italo-française (Montessori, Kergomard...) qui n'a pas son équivalent en Scandinavie notamment. Recruter à un aussi haut niveau est une idiotie, les intellectuels ne sont pas à la portée de jeunes enfants souvent mieux encadrés par des animatrices autodidactes. De plus les diplômés ont tendance à s'expatrier pour s'offrir une vie meilleure qu'en France... les concours de recrutement de profs n'attirent pas les foules.
Cette harmonisation pourrait aussi concerner les horaires des écoles. En général ailleurs en Europe la fin des classes est située entre 14h00 et 15h30. Mais en France les habitudes et les pratiques familiales ne permettent pas ces horaires. Contrairement aux pays restés catholiques ou puritains les femmes travaillent à temps plein, se débarassent de leurs mômes dès l'âge de deux ans (crèche...) et nos quartiers "populaires" sont pauvres, culturellement et économiquement parlant... il faut éviter de voir les gamins des HLM trainer dans les cages d'escalier... quant aux maitresses d'écoles (profession féminine à 95% en France) la galère des postes non choisis, les salaires médiocres et le manque de reconnaissance ne les motivent pas pour beaucoup d'entre elles.
Ajoutons que Peillon a imposé ses réformes contre la volonté de beaucoup de familles, celles qui s'occupent de leurs enfants. Qu'il a humilié les instits' par le blocage de leur salaire et les temps de présence supplémentaire imposés ; sans parler du gazage des manifestantes à l'entrée de la rue de Grenelle l'année dernière. Quid des rappels à un prétendu devoir de réserve qui ne concerne en réalité que les fonctionnaires d'autorité, lesquels ne se privent pas pour qualifier leurs enseignants de glandeurs. Mépris, dédain et haine de classe. Car ces beaux messieurs qui gèrent la populace se moquent bien des gueux. Leurs gosses fréquentent des écoles privées, font des stages à l'étranger, jouent au golf dès leur plus jeune âge. En quoi d'ailleurs Peillon, comme son camarade Lamy pourfendeur du SMIC, serait un "socialiste" ?
Revenons à l'application de sa chère réforme. Limoges, Tours, Clermont-ferrand, Niort, Livry-Gargan, Caen... tous ces bastions PS ont appliqué les tartufferies de Vincent. Et les électeurs parents d'élèves l'ont sanctionné : toutes sont passées à droite dimanche dernier. A force de prendre les gens pour des idiots voila ce qui arrive. Même Bobigny a basculé à droite (!) Des communes que les nouveaux édiles tenteront de préserver des décrets Peillon. Tout est question de volonté...
On ne réforme pas un pays par la démagogie, la brutalité et le manque d'écoute. Vincent Peillon a oublié que cette attitude a coûté sa place au gouvernement qui l'a précédé. Alors comme l'aurait chanté Hugues Aufray, adieu monsieur le professeur... on ne vous reverra jamais (bon vent vers Bruxelles en juin prochain) mais on ne vous regrettera pas.
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