Air France : turbulences en attendant le crash ?
Mais qu'est donc devenue Air France, la compagnie aérienne modèle à qui l'on doit le seul et unique avion supersonique de l'histoire de l'aviation, le Concorde ? Bien peu de choses. Depuis des années la compagnie ne cesse d'accumuler les problèmes, problèmes auxquels doit faire face son PDG, Alexandre de Juniac depuis sa prise de fonction en 2012. Force est pourtant de constater que son sens de la gestion de crise laisse à désirer.
Des dettes, encore des dettes, toujours des dettes
Lors de sa prise de fonction en 2012, Alexandre de Juniac partait déjà avec un handicap : Air France publiait cette année-là des résultats faisant état d'une perte de 368 millions d'euros pour le premier trimestre. Tant bien que mal la compagnie réussit à tenir le cap et continue de voler. De toute manière personne ne l'aurait laissée couler.
Sauf que trois ans plus tard l'histoire se répète. Le 19 février 2015, Air-France KLM publie de nouveau des résultats plus que décevants. 129 millions d'euros de pertes pour un chiffre d'affaires de 24,9 milliards d'euros. Un résultat d'autant plus décevant qu'il n'est lié qu'à un mauvais management et à une grève, celle des pilotes survenue en septembre 2014 et qui a cloué au sol des centaines d'appareils.
Et les mauvaises nouvelles, pour Alexandre de Juniac, ont un impact direct en Bourse : ce jour-là le titre perd 5%. Normal : les investisseurs s'attendaient au premier résultat positif de la compagnie depuis six ans. Mais la grève a coûté cher... autant en termes d'argent qu'en termes d'image.
Les pilotes : les bêtes noires de la direction... dont elle va avoir du mal à se passer
Air France est depuis plusieurs mois condamnée à un dilemme sans solution : la gestion de ses pilotes et de leurs revendications. Ces derniers se sont mobilisés en masse en septembre 2014 dans ce qui a été la plus longue grève de l'histoire de la compagnie, pour critiquer les plans de délocalisation d'Air France KLM et de la compagnie low-cost censée sauver Air France de la faillite, Transavia.
Un grève qui a donc coûté la bagatelle de 425 millions d'euros au groupe mais qui a surtout marqué un tournant dans les relations entre les pilotes (pourtant nécessaires à une compagnie aérienne pour espérer faire voler ses avions, une lapalissade qu'il semble bon de rappeler à certains) et la direction. Pour ces derniers, c'est manifeste, "il y a un problème de management dans cette entreprise". Et le responsable est pointé du doigt : "pour les salariés, la confiance est rompue avec Alexandre de Juniac".
Des couacs et une seule "solution" : licencier
Si les pilotes mettent en cause la direction et le PDG d'Air France, ils ne sont pas les seuls. Les couacs, chez Air France, c'est presque le quotidien. Dernier en date : le "détournement" d'un vol New-York - Paris. Le pilote a dû atterrir à Manchester, au Royaume-Uni, sinon il aurait dépassé son temps de vol... de 20 minutes. "Question de sécurité", s'est empressée de répondre Air France.
Manque de chance, Bruno Le Maire (UMP) se trouvait à bord. L'ancien ministre de la Culture n'a guère apprécié les 12 heures de retard. Ce qui aurait pu passer pour un incident est devenu un cas politique. Le Maire de s'en prendre vertement à la "désinvolture" d'Air France : " Je regrette de vous le dire. Face à cette accumulation de difficultés, Air France a été en-dessous de tout. Aucune initiative. Aucune écoute…"
Face à ces problèmes en cascade, Air France et Alexandre de Juniac ne semblent avoir aucune autre solution que celle crainte de tous les employés, du gouvernement et des syndicats : le licenciement pour tenter de réduire les coûts et ré-engendrer des marges. Un licenciement dont on parlerait déjà dans les hautes sphères.
Le Figaro rapportait le 13 janvier 2015 qu'un plan de licenciement de quelque 5 000 personnes était à l'étude et devait être dévoilé sous peu. La direction a bien entendu démenti l'information et depuis... plus rien. Le calme absolu. Le calme avant la tempête ? Une chose est sûre, s'il ne colmate pas les brêches très vite, c'est de Juniac lui-même qui pourrait bien très bientôt se trouver sur un siège éjectable.
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