Alerte rouge pour les associations
Les associations qui reposent sur l'engagement bénévole tissent du lien social et développent une citoyenneté réelle.
L'Union Européenne préconise "une concurrence libre et non faussée" et demande que les associations soient mises aux mêmes contraintes que les entreprises...
Le gouvernement français fait du zèle et le premier ministre qui n'ose pas présenter son projet de transposition de la directive européenne sort une circulaire....
C'est une attaque en règle contre les associations...
La transposition de la directive « service » est une menace pour les associations
Le gouvernement prône le dialogue avec les associations en organisant de grandes initiatives comme la conférence de la vie associative du 17 décembre 2009 et après avoir jeté de la poudre aux yeux il poursuit sur la voie tracée : l'adaptation des textes au « droit européen »....
C'est ainsi qu'il a sorti le 18 janvier 2010 une circulaire pour soi-disant clarifier et sécuriser les relations que les services de l'Etat et les collectivités territoriales entretiennent avec les associations.
Il s'agit là de mettre en conformité les modalités et conditions de financement avec la réglementation européenne...C'est-à-dire transposer la directive « service » appelé hier « Bolkestein » pour la « gestion » du secteur associatif.
Cette circulaire comprend cinq annexes :
Annexe I : rappels sur les règles encadrant les relations financières des collectivités publiques avec les associations ;
Annexe II : le nouveau modèle de convention (pluri-) annuelle d’objectifs (CPO) avec une association ;
Annexe III : le nouveau formulaire de dossier de demande de subvention CERFA.
Annexe IV : le manuel d’utilisation de la CPO et du dossier de demande de subvention ;
Annexe V : les critères formant le « tronc commun » d’agrément.
Ces outils complexes et technocratiques vont à la fois compliquer la vie des associations et notamment celles qui n'ont pas de conseil juridique et à la fois remettre en cause un principe républicain : la libre administration des collectivités territoriales.
Il s'agit au nom du « principe » de la concurrence libre et non faussée de remettre en cause la liberté qu'avaient l'Etat et les collectivités territoriales à aider les associations qui assurent un service public : subventions, exonérations sociales et fiscales, mise à disposition de personnels et de locaux...
Le Collectif des Associations citoyennes qui s'est constitué analyse clairement les dangers d'une telle circulaire :
« En affirmant que « la grande majorité des activités exercées par des associations peuvent être considérées comme des activités économiques », le gouvernement franchit ainsi une nouvelle étape, décisive, dans la mise en œuvre d’une politique « ultralibérale ». Menée avec constance, les objectifs poursuivis visent en réalité à affaiblir le secteur associatif et à favoriser son instrumentalisation par les pouvoirs publics : multiplication des appels d’offres et mise en concurrence quasi-systématique des associations entre elles, complexité croissante de la procédure de subventionnement pour les petites associations, perte de l’initiative des associations dans l’identification et la satisfaction de besoins d’utilité sociale ou d’intérêt général mise en place de critères d’évaluation de l’action associative totalement inadaptés.
En voulant réduire la plus grande partie des actions associatives à des activités marchandes, cette politique entend privilégier « le tout concurrence » au détriment de la solidarité et organise une réduction drastique des financements publics.
Pour les associations qui emploient des salariés comme pour toutes celles dont l’activité repose sur le bénévolat, la subvention devient l’exception et l’appel d’offres la règle. Les subventions ne sont plus autorisées, au-delà de 200.000 euros sur 3 ans, qu’en contrepartie d’un mandat public. Le modèle de convention annexé à la circulaire est dissuasif pour celles qui n’ont pas l’appui d’un juriste et se révèle totalement inadapté pour la majorité des associations qui n’exercent aucune activité économique régulière. »
Est considérée comme une activité économique, toute activité qui peut être développée par ailleurs par le secteur marchand : c'est ce qui se passe, entre autres, pour la « dépendance » et pour le soutien scolaire particulièrement lucratif pour certaines entreprises.
Si effectivement pour l'instant existe un seuil de 200 000 euros sur trois ans, il va sans dire que ce texte est un banc d'essai...Si cette circulaire est appliquée, il pourra toujours être possible pour ce gouvernement ou un autre de baisser le seuil.
Jean-François Chalot
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