Alice au pays des merveilles du genre
Mettez « Théorie du genre » sur une enveloppe, ça vous sera retourné ! Il n’y a personne à l’adresse indiquée.
« Ah, oui, la rumeur !… Vous entendez vous dire d’un air entendu. Alors, comme ça vous croyez qu’on va apprendre aux enfants à se masturber pendant l’heure de sciences et vie de la terre ! »
« Mais pourquoi vous intéressez-vous à l’école ? Avez vous un enfant scolarisé ? » L’idée terrifiante vous vient qu’on vous prend pour un pédophile. S’intéresser aux enfant, ça peut être grave, par les temps qui courent.
En tous cas, vous faites perdre du temps à des gens qui savent ce qu’ils ont à faire ! Des professionnels qui emploient les bons mots pour parler de choses sérieuses, scientifiques, éprouvées. D’ailleurs ils ont reçu une formation à ce sujet…C’est tout dire en terme d’ordination religieuse !
Quels sont les apprentissages que l’école laïque doit développer ? Que doit-on mettre dans la malle ou outils d’un gosse ? Les fondamentaux, bien sûr….Mais cette polémique du genre, semble si surréaliste, qu’elle n’est pas sans évoquer les affres de la pauvre Alice, se posant mille questions sur le monde étrange qui l’entoure, ce monde qui semble pourtant aller de soi pour ceux qui y vivent en permanence :
- Ah ! Ce n’était pas ce que j’appelle une véritable bonne école, déclara la simili tortue sur un ton d’extrême soulagement. Vois-tu, dans notre école à nous, on pouvait lire, au bas de la liste, « français, musique et blanchissage…Supplément.
- Vous n’en aviez guère besoin, dit Alice, vivant au fond de la mer.
- Mes moyens ne me permettaient de prendre ce supplément, soupira la simili-tortue. Je ne suivais que les cours bateau.
- C’est à dire, s’enquit Alice
- La titubation et les contorsions, naturellement, pour commencer, ensuite les différentes branches de l’arithmétique. L’ambition, la distraction, la laidification, et la dérision.
LA THEORIE DU GENRE, C’EST COMME LE VENTRE, CA SE RENTRE !
Vous voilà comme Alice, pauvre pomme, demandant des explications à la reine, à la tortue, au lapin, tout ce qui porte un chapeau et fait autorité en la matière.
A une autre époque, on vous aurait chassé, dès que vous auriez mis un pas au château vous plaindre que le seigneur était venu chasser sur vos terres, écrasant les blés.
Mais nous voilà à l’heure socialiste, libérale. De vrais bouquets de fleurs posés sur la table. Ces gens là sont progressistes, magnanimes, rien à voir avec l’ordre ancien. Même qu’ils sont pédagogues !
Le conseiller sort un dossier de son cartable, avec cet air d’arrogance et de certitude radieuse, qu’un missionnaire avait, en débarquant aux îles marquises, avec une valise bourrée de soutiens gorge.
Son livre de catéchisme est ouvert devant lui. Questions-réponses, tout est prévu, programmé, infaillible. Les choses dont vous lui parlez n’existent pas, donc vous ne pouvez douter de quoi que ce soit ! Cela situe juste votre incompétence, vos limites. Finalement, en cherchant bien, il trouve quelque chose qui ressemble un peu à cette théorie.
« Ah, bon ! Vous voulez parler d’études sur le genre ! Il fallait le dire ! »
Ce ton supérieur et pédant vous irrite, mais vous ne mouftez pas.. Il veut bien finalement éclairer votre pauvre lanterne.
Comme la TVA dans le temps, sous le seigneur Giscard. Ou alors le Minitel, sous le prince Mitterrand.
HIATUS DES MOTS
Malaise… Même débarrassé maintenant du mot théorie, celui de genre fait maintenant trop mauvais genre.. Il a fallu ramener à l’atelier d’imprimerie les brochures explicatives, changer les noms, les titres, passer le blanco.
Dommage collatéral, l’ouvrage pédagogique « Déjouer le genre : Pratiques éducatives au collège et au lycée », au titre pourtant bien moins irrévérencieux que celui de Boris Vian « J’irais cracher sur vos tombes ! » a été ainsi retiré fébrilement de la distribution quelques jours après sa sortie, en septembre . http://rue89.nouvelobs.com/rue69/20...
Les conseillers pensent maintenant développer leur pédagogie autour de l’axe « égalité filles-garçons ». Avantage : On ne peut pas être contre ce slogan. C’est vrai, comment ne pas se laisser berner par un camelot qui met en avant ces valeurs sacrées, pourtant pas d’appellation contrôlée !
Mais, même si l’ on sait bien que le système produit des gens plus égaux les uns que les autres, et que le travail ne rend pas forcément libre, qui n’est pas pour l’égalité ? Surtout quand elle concerne l’amélioration de l’école !
A PROPOS DE L’INEGALITE
Ouf ! Ce n’était donc qu’un projet pour lutter contre les inégalités… Ou faut-il signer ? »
Ca tombe bien, pensez-vous : L’école depuis quelques temps avait oublié un peu ses engagements.
Depuis la formidable mixité des années 60, et la capacité qu’elle avait alors d’atténuer les différences sociales en donnant une vrai chance d’évolution aux enfants d’ouvriers, le déclin a été dramatique.
L’école est maintenant non seulement la courroie de transmission des inégalités, mais il est avéré qu’elle les catalyse ! Une chose que vous préférez taire, pourtant, par prudence, histoire de ne pas envenimer les rapports. Inutile de sortir les études internationales incontestables, des trucs qui irritent les profs ! On peut comprendre ceux qui se donnent un mal de chien, et à qui on lance des statistiques en pleine gueule comme des uppercuts…
Il était temps que les choses changent. Qu’on revienne à l’esprit de Jules Ferry, aux fondamentaux, à l’esprit social, et à une véritable ambition pour les plus démunis. Mais ouf, on peut respirer, avec ce projet éducatif sur les égalités ! »
Mais peu à peu, au fil des explications redondantes, vous avez pigé qu’il y avait comme un malentendu. En fait de Ferry, vous voilà confronté plutôt à Jarry, le créateur du père Ubu. Le front des inégalités, ce n’est pas vraiment celui que vous imaginiez.
DERNIERES NOUVELLES DU FRONT :
La nouvelle de Snowden révélant que les Etats-Unis espionnaient à peu près tous les citoyens de la planète, dans le but de les protéger, ne m’avait pas fait moins d’effet du genre, comme on dit.
Depuis la rentrée 2013, dans plus de 600 classes, les ministères de l’éducation nationale et des droits de la femme expérimentent la chose, dans le but de lutter, nous dit-on, contre les stéréotypes fille-garçons.
A vrai dire, l’ABCD, ce n’est plus un projet. C’est un train lancé sur les rails. Presque arrivé à la lettre Z !
Bien sûr, vous n'aviez pas vu la chose venir, vous contentant de lire les gros titres des journaux. Un projet pour l’égalité des enfants, ça avait du vous glisser dessus. Seuls quelques extrémistes barbus ont du se méfier, à la lecture du mot maudit d’égalité, s’allumant devant leurs sourcils crispés, en lettres fluorescentes, comme une enseigne de strip-tease dans un quartier louche.
Un instant ils regardent leur femme qui fait la vaisselle, attentifs à ce qu’aucune mèche de cheveux ne sorte de son tchador.
Mais comment ne pas se laisser avoir, quand on est une bonne nature, pas vraiment parano, croyant depuis toujours aux mérites de l’école laïque, celle qui ne confond pas propagande et éducation, par exemple. L’école a des certificats de service. Elle s’est encore dernièrement montrée très ferme sur les symboles religieux, et toute forme de prosélytisme en ce sens. Vous aviez applaudi !
L’assurance et les certitudes gouvernementales, les esprits à la botte, ou simplement soumis, un peu paresseux, ça ne date pas d’hier. Bien des gens avaient fait confiance aux chefs et aux journalistes qui leur parlaient en termes élogieux de la ligne Maginot, cette muraille moderne de chine. Et puis un matin, comme ils étaient dans leur jardin, à planter des poireaux, voilà qu’ils avaient vu passer une colonne de gens hagards devant la barrière, traînant leurs valises et leurs gosses, tous genres confondus.
C’est comme ça qu’ils avaient appris la débâcle.
« Dernière nouvelle ! Qu’est ce que c’est que ce machin ! »
Mais déjà, un stuka allemand tombait des nuages en sifflant.
C’est pas parce qu’on ouvre les yeux un peu tard, couché dans un fossé, qu’on ne devient pas résistant. Surtout en écoutant à la radio la voix du sauveur, celui qui promet d’extraire du peuple français les germes de la paresse, après beaucoup de travail et d’effort.
Il fallait sortir un homme nouveau des décombres de la défaite, disait Pétain. C’était la faute du front populaire, des jean-foutre, des feinéants. On payait la note. Il n’y a avait plus qu’à se taire et à appliquer les solutions en remettant son béret : Se repentir, bosser, travailler à l’édification du nouveau français. Des programmes civiques de rééducation furent mis en place.
Bien sûr, on n’oublia pas les gamins. Le b.a ba de la propagande ! Dés la rentrée 41, un petit ABCEDAIRE fut édité. A chacune des lettres de l’alphabet correspondaient des valeurs. On pouvait ainsi se promener de la lettre A : Comme amour du maréchal pour le drapeau, jusqu’à la lettre Y : Les yeux du maréchal. Cerise à l’eau de vie sur le gâteau, « la vie du maréchal », ce magnifique album à colorier qui épuisera les crayons bleus, rouges, et brun.
Moralité : C’est bien, les apprentissages fondamentaux, mais pourquoi ne pas en profiter pour y greffer des valeurs du temps, et rééduquer ? Des idées modernes, éprouvées, comme celles du maréchal nous voilà.. Ca s’appelle faire d’une pierre, deux coups. De L’abécédaire à L’ABC de l’égalité, il n’y a forcément qu’un pas.
VOILA DONC LA SOLUTION, L’ABC DE L’ EGALITE :
Rien à voir avec la méthode syllabique, qu’on jeta aux oubliettes, pour mettre en place, au travers de la méthode dite globale, une catastrophe qu’on ne reconnaît toujours pas, tant au niveau de la terminologie que de son impact destructeur !
La méthode globale orienta pourtant des régiments de dyslexiques, ou supposés tels, vers des cabinets d’orthophonistes. Elle permet maintenant aux étudiants d’ université, d’avoir comme projet futur d’exploration : La grammaire et l’orthographe, continents maintenant bien plus inconnus d’eux que les pays du sud est asiatique, où ils passent leurs vacances.
L’objectif avoué de la manœuvre ABCD, ça ne part donc pas de la volonté de redresser la barre, et de remonter le niveau, mais de remettre en question ce que les normes de la société imposeraient de façon insidieuse à chaque sexe…
L’emploi du conditionnel est de mon choix.
Car dans les textes, loin des hypothèses et des interrogations, on est passé aux évidences de la conviction, vision combative et missionnaire, sans aucun cautionnement scientifique.
Comment le pourrait-elle, d’ailleurs ? On gausse à l’infini maintenant de ces doctrinaires, qui s’emparèrent de l’enfance pour leur inculquer les germes de la vérité et du savoir.
Une colère sourde vous accable peu à peu, quand vous prenez acte de cette arnaque : Déplacez le sentiment d’injustice patente, lié à une nouvelle donne économique, clivant les classes sociales, vers les sphères de la représentation sexuelle.
Pour un peu, vous diriez une injure, en tournant les talons, mais ça ferait mauvais genre, encore ce gros mot !
UN PEU D’HISTOIRE A PROPOS DE L’EDUCATION DES ENFANTS
Apparenté pendant des siècles à un diable, dont il fallait expurger l’esprit malfaisant, l’enfant, ne fut véritablement respecté pour ce qu’il est, un petit être fragile qu’il convient de protéger et d’instruire, que bien tardivement.
Et même là, des pédagogues douteux, succédèrent à ces inquisiteurs, passant le soir dans les dortoirs, exigeant des petits les mains sur les couvertures, afin de les prévenir des dangers de cette masturbation qui rendait sourd et stupide.
Les conseils moraux et éducatifs du père Dupanloup, destinés aux garçons et aux jeunes filles, il y a deux siècles, ne furent pas les pires.
Sans jeter le bébé au sexe indifférencié avec l'eau du bain, il faut avoir le courage de se rappeler de certains errements de l’après 68. C’est le glas alors de « l’ordre moral ». La réaction révolutionnaire nous semble maintenant une farce inouïe et irresponsable dans certains excès. Comment peut-on ne pas se rappeler sans frémir de ces articles diffusés dans le journal « Libération », en Mai 1977, et faisant l’apologie de la pédophilie.https://www.google.fr/url?sa=t&...
Le FLIP (front de libération des pédophiles) est né. Quelques objectifs ont été lancés, comme combattre ce qu’ils intitulent l’injustice pénale, mener une réflexion critique sur l’école et la famille, fondée sur une analyse politique de la sexualité entre mineurs et adultes ; et s’associer à la lutte des enfants qui veulent changer leur mode de vie et de tout groupe politique qui vise à l’établissement d’une société radicalement nouvelle où la pédérastie existera librement…..
Il ne s’agit pas ici de faire d’amalgame outrancier, mais de se souvenir comment l’enfant sans cesse a été l’enjeu de luttes de gens plus ou moins bien intentionnés, déterminés par des lobbys charriant la démagogie jusqu’à l’écœurement, et ne connaissant que les limites qu’on leur impose.
C’est dire que s’opposer à ce projet militant, « d’ABC de l’égalité », s’avère aussi difficile que de lutter contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, depuis que l’utilité du projet a été reconnu d’utilité publique, par des experts, évidemment indépendants.
La rue, et la conscience morale des citoyens, restent le seul recours, quand le pouvoir s’est laissé séduire, et que les médias et les copains se font complices.
J’allais oublier les marchés : Car voilà une formidable aubaine pour eux qui se présente ! Il n'y a pas que les poupées Barbie, qui vont être appelées à se conforter, en s'habillant de tuniques nouvelles. C'est demain tout un nouveau prêt à porter éditorial, médiatique, qui va faire son entrée : Le genre et sa fameuse théorie, vont être déclinés à toutes les sauces des démagogies marchandes.
A moins que les acteurs ne se rebellent, prenant conscience de la mystification, de la confiscation de l'esprit de révolte. Les temps se mettront-ils à changer pour de bon, comme disait Bob Dylan ? Lui aussi, devait puiser son inspiration dans « Alice au pays des merveilles » de Lewis Caroll.
-Tu n'as pas le droit de grandir en ce lieu, rétorqua le loir !
-Trêve de balivernes, répliqua Alice plus hardiment. Vous savez bien que vous êtes en train de grandir, vous aussi."
-Oui, mais moi, je grandis à une allure raisonnable, fit observer le loir. Pas de cette façon ridicule
Et il se leva d'un air fort boudeur, pour aller s'installer à l'autre bout de la pièce...
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