C’est probablement freudien, André Glucksmann déteste les Russes.
A son avis, ils sont naturellement expansionnistes, comme pour d’autres les Américains sont spontanément impérialistes.
Ces deux opinions foncièrement pavloviennes, téléguidées par le milieu confessionnel, social ou culturel des individus, ces tropismes primaires sont extrêmement répandus dans la population générale, mais le plus souvent méprisés par les penseurs patentés, pour lesquels rien n’est jamais simple, ni tout noir ni tout blanc.
Ce n’est pas le cas pour Glucksmann, qui, peut-être à cause d’un AVC non détecté, l’âge venant, ressemble de plus en plus à un Frédéric Lefebvre* badgé philosophe.
Jeune il était mao, vieux, il est devenu sarko, entre les deux, il n’a jamais rien connu d’un peu fin, d’un peu subtil, d’un peu souple.
Comme à un piètre comédien, le trémolo dans la voix lui tient lieu de sensibilité quand il évoque ses protégés à la manière d’une dame patronnesse.
Dans une récente interview accordée au nouvelobs.com, il dit toute l’aversion, justifiée, que lui inspire la construction prochaine d’un mur de séparation entre la Géorgie et les républiques poutiniennes voisines sans évoquer une seule seconde les palissades en béton bien concrètes qui séparent la Cisjordanie d’Israël ou le Mexique des Etats-Unis.
Ne croyez pas pourtant qu’il s’agit d’un vulgaire parti pris outrageusement manichéen, non, car André a une explication pour son silence : si le mur érigé par ces salauds de Russes est une honte pour l’humanité, ceux réalisés par les tendres Israéliens et les gentils Américains pour se protéger de ces fumiers de Palestiniens et de Latinos sont le symbole le plus élevé de la vertu se garant du vice.
Si ! si ! Le monde de Forrest Gump -sorry, d’André Glucksmann- est ainsi fait, il y a de bons murs et de mauvais. Les bons sont ceux bâtis par ses amis, les mauvais, par ses ennemis.
Les amis d’André sont de braves gens sans malice, comme Mikheïl Saakachvili et Benjamin Netanyahu, et ses ennemis d’immondes brutes assoiffées de sang comme Poutine, Castro ou Chavez ou, pire, des prolétaires basiques qui ne cherchent que du pain à becqueter.
Bush Jr était un ange descendu du Ciel pour nous sauver du Mal, le pantin Medvedev, un incube monté des enfers pour nous perdre à jamais.
Obama, on ne sait pas encore ce que c’est, mais, au vu de sa bonne volonté affichée et de ses naïves ambitions pacifistes, de son rejet des murs en général plutôt qu’en particulier, on peut d’ores et déjà respirer autour de lui des effluves de soufre.
Pour nous produire un intellectuel d’un tel calibre, aux indignations soigneusement sélectionnées, qui est aux Tchétchènes ce que Brigitte Bardot fut au bébés phoques, on ne peut que constater, atterré, que l’Université française est effectivement bien malade, et que ça ne date pas d’hier.
*pitbull sarkosien bien connu.