Benoît XVI : la dernière pierre de Son Eglise
Le pape a "démissionné", peut-on entendre un peu partout. Mais de quoi Benoît XVI a-t-il démissionné exactement ? De son poste de chef de l'Eglise auquel il a été nommé ? Non. Il a renoncé ("renonciation") à accomplir la mission que les cardinaux lui avaient confiée et qu'il avait acceptée, et c'est son droit. Cependant, cet acte n'est pas anodin et au-delà de la renonciation du pape, je ne peux m' em-pêcher (que Dieu me pardonne !) de "croire" qu'il y a là du renoncement, voire du reniement.
Une démonstration de force : renoncer à une tradition ancestrale
Un manque de force "physique et spirituelle" : c'est la raison avancée par Benoît XVI pour expliquer sa renonciation. Cette raison, je la respecte même si je ne la comprends pas, et par ailleurs, je ne rentrerai pas dans le débat "les véritables causes du départ de Benoît XVI".
Cet acte est un acte fort, d'autant plus fort qu'il est rare : Jean-Paul II l'avait envisagé pour lui-même, mais Benoît XVI, lui, l'a fait. Je n'arrive pas à comprendre qu'un homme se disant incapable de poursuivre son ministère, trouve en lui la force de remettre en cause des siècles de tradition chrétienne, je devrais d'ailleurs dire deux millénaires. C'est absolument extraordinaire de courage et de force de la part d'un homme se disant si affaibli !
Cette renonciation de Benoît XVI, à n'en pas douter, fera date dans l'Histoire du christianisme et dans l'Histoire tout court : comment les historiens expliqueront cet évènement quasi-inédit(néanmoins inédit dans ces circonstances !), combien de livres seront écrits dans le futur sur ce sujet ? Benoît XVI deviendra-il aussi illustre que Saint Pierre lui-même (et oui, que Saint Pierre) ?
Ce pape est désormais incontournable, qu'on en prenne bien conscience : l'Histoire ne l'oubliera pas. Son acte est une rupture, le pape n'est plus infaillible. "Bonne Nouvelle" ou mauvaise...L'Eglise a-telle pu se tromper ? Dans tous les cas, elle a changé, à jamais.
Le IVeme reniement de Pierre
Simon aurait été la première pierre de l' Eglise du Christ : Benoît XVI est la dernière. L'apôtre a été supplicié et son successeur,lui, se retire. Je pense que la renonciation de Benoît XVI pose une question éthique au sein-même de "la cité de Dieu", si je puis dire.
En effet, le vicaire du Christ peut-il renoncer en son âme et conscience au ministère qui lui a été confié par ses pairs et qu'il a accepté en son âme et conscience ? La réponse est "oui" puisque le droit canonique l'autorise. Mais alors, quelle valeur accorderait un tel pape à Celui dont il est le serviteur ?
La question est finalement de savoir si le pape devait renoncer et non pas s'il le pouvait, et donc, si la renonciation ne devrait être possible qu'à certaines conditions seulement, mais lesquelles ? Je me garderai bien de répondre à ces questions sans toutefois pouvoir me retenir de les poser.
La décision de Benoît XVI, me semble-t-il, met le vatican dans une situation grave, car elle pose (encore !) une nouvelle question : quel est le véritable rapport entre le Christ Lui-même et le pape ? Finalement, qui est le pape ?
Cette démission sonne à mes oreilles comme un nouveau reniement, celui du décrochage de l'Eglise de la sphère spirituelle vers celle des préoccupations temporelles du pape. En somme, c'est la fin de l'Eglise universelle(du moins telle que nous la connaissons), annoncée par Benoît XVI.
Qu'on s'en réjouisse, qu'on s'en inquiète ou qu'on s'en fiche, Benoît XVI vient de tourner une page dans l'Histoire : l'Eglise Catholique Romaine, institution vieille de 2000 ans, est dépassée par notre monde : le Christ est devenue une légende de notre Temps, un mythe fondateur de notre civilisation humaine, parmi les autres. Benoît XVI est le dernier pape.
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