En ce qui concerne le fantoche BHL, je poste ici le billet d’un ami
auteur, sociologue, qui vit aujourd’hui en Afrique ; Erick J L Pessiot , à propos d’ "American
vertigo" :
American vertigo. De BHL
Comme
souvent en Afrique il vous tombe sous l’œil et la main des livres
échoués là on ne sait pourquoi , on ne sait comment. Ainsi « American
Vertigo « de BHL que je n’avais encore lu . IL date de quelques années.
Bush terminait contre Kerry une campagne présidentielle qui vit son
succès. Sur commande d’une revue américaine et sur les traces de
Tocqueville, BHL partit donc dans un long voyage
, façon personnelle -car depuis les tout premiers récits de voyage on y
parle autant de ce que l’on quitte que de ce que l’on découvre- de
régler une nouvelle fois ses comptes avec une gauche extrême ou
altermondialiste qu’il ne cesse d’éreinter de son fiel.
En
parler aujourd’hui relèverait d’un contre-temps si une lecture apaisée
ne permettait de voir et de mieux comprendre non tant ses thèses que sa
méthode.
Dans un
style paonnant et sinueux où la phrase ondoie, se faufile, frôle
quelques Idées, quelques œuvres, glisse et se perd dans les méandres
dialectiques et un gout prononcé du paradoxe et de l’oxymore qui
entendent vous apporter, bariolées de nuances infinies , quelques
lumières sur les Etats Unis d’aujourd’hui , BHL nous livre le récit, si
peu récit, d’un voyage qu’il choisit de faire , on ne comprend bien
pourquoi , surtout en voiture et où il rencontra ,visita, interrogea,
bordels, motels, intellectuels choisis par les néoconservateurs ,
serveuse de bar, écrivains ( dont Harrison) et politiciens en campagne
( don Kerry lui-même).
.Comme Don Quichotte BHL
ne voyage en fait jamais qu’à l’intérieur de lui-même. Comme Debray
dont il est souvent si proche et qui commit sur le même thème il y a 20
ans un opus du même style lui aussi bourré de citations et de savoirs
sinon de saveurs. Il ne voyage que dans un perpétuel dialogue avec ses
auteurs, qu’en référence à leurs œuvres, à l’intérieur d’un chapiteau
scintillant – car nous sommes bien au cirque- de références et d’idées
avec lequel il joue comme un sonneur de cloches, ravi de lui-même,
tintinnabulant, aveugle, autiste, mangé par sa faconde, sa culture. Car
est-il nécessaire pour parler de l’Amérique contemporaine de citer Bernanos, Blumenthal, Le Bris, Faulkner, Hemingway, Selby, Bohumid
Hrabal, Reichenbach, Kerouac, Lamantia, Ginsberg, Snyder, Foucault,
Sorman, Clausewitz, Thycudide, Niel Ferguson, Ibsen, Nietzsche,
Riefensthal, J.K.Toole, Kowaski, Tenesee Williams, Caldwel, Althuser, Krauthammer, Kojeve, leo Strauss, Lenine, Marx, Baudelaire,
Chateaubriand, Derrida, Levi-strauss, Beauvoir, Sartre, Baudrillard,
Woody Allen, Sophocle, Hobbes, Platon, Lacorne, Rorty, Kant,
Rousseau, Habernas, Tomas Paine, Hegel Junger, Crepon, Spengler,
Schmitt, Kierkegaard, Etc ……et de consacrer des chapitres entiers à
relater ses discussions avec Kristoll, Fukuyama, Huntington, … bref la
crème des néo-cons américains. Pourquoi convoquer Hegel ,Platon,
Sophocle pour avancer sur le terrain déjà bien fangeux et instable des
relations entre Démocratie et Religion aux States, avec, bien sur, les
Majuscules qui s’imposent, surtout pour nous affirmer, in fine, au
terme d’un parcours dialectique savoureux et obscur semé de mille
embuches,..eh bien non ! qu’exceptionnellement ce pays ,qui essaie si
désesperemment de tuer Darwin , est démocratique parce que
religieux..et que jamais au grand jamais il ne se conduisit en Amérique
Latine, au Chili, en Argentine, En Honduras, au Nicaragua, au Mexique,
au Vénézuela, au Brésil, a Cuba, aux Philippines, au Cambodge, au Viet
Nam, en Angola, au Zaire, etc..sans parler de l’Irak….en grand méchant
loup. Mieux, quand il se fit méchant il avait raison de l’être..Le
maccarthisme n a jamais existé, la CIA non plus qui n est jamais, pas
une seule fois, citée….
Avec
parfois des fulgurances . Quand il souligne, par exemple, « le
vacillement des repères et des certitudes …..la fragmentation de
l’espace politique et social..l’hypertrophie de la mémoire antiquaire,
l’hyperobésité des grands corps qui font l’édifice du pays, ..ces
terribles ghettos… » Mais rien n’y fait. De ce qu’il voit, de ce qu’il
entend, BHL d’abord ne cueille que ce qu’il allait chercher : la preuve
par neuf que l’anti-américanisme – nécessairement primaire- de la gauche particulièrement française est rance, stupide, daté.
Mais si
pour suivre une mode où Foucault à sa part il décida de visiter
quelques prisons , quelques bordels, et surtout s’il s’entretint si
longtemps avec des leaders, penseurs que l’Histoire a déjà rejeté, que
n ‘a-t-il sur le problème de la mémoire et de l’histoire été visiter
quelques lycées, consulté quelques livres d’histoire, les programmes
scolaires ? Il y aurait peut-être trouvé l’origine de cette « mémoire
antiquaire » dont l’exubérance l’étonna tant. Celui lui aurait
peut-être, permis de réfléchir à l’importance des manuels scolaires,
des enseignants dans la transmission des patrimoines intellectuels.
Ou
encore sur les mêmes thèmes et les mêmes questions d’aller voir et de
lire la presse quotidienne régionale et nationale dont le rôle dans
cette transmission , de regarder la télévision. Comment se transmet la
mémoire et de quelle mémoire il s’agit.
Que
n’a-t-il , pour parler de la sécurité sociale, été visité des hôpitaux,
lu des statistiques, interrogé des économistes plutôt que de prendre
note des déclarations d’une serveuse de bar et de conclure derechef que
les gauchistes français et tout ce qui de près ou de loin leur
ressemble se trompent lourdement : il y a une sécurité sociale aux
States et elle marche bien dut-on y intégrer la philanthropie.
Que n’a t-il été visiter les tribunaux, que ne s’est –il interrogé sur la Justice ?
Par ailleurs on peut penser que la criminalisation du négationnisme, pourquoi pas, devait conduire à
des positions similaires concernant l’anti-darwinisme des « borna
gain » tous ces baptistes –dont Bush- évangélistes, pentecôtistes et
autres mutants sectaires, majoritaires aux States, qui font de la
Bible, un livre sacré et de l’Homme un être qu’il créa . Or ils
trouvent grâce aux yeux de notre auteur. Non qu’il partageât leurs
points de vue. Mais il les range dans la boîte à
outils de la liberté de penser sans voir, vouloir voir, que ce sont les
mêmes – c est a dire une majorité- et pour cette raison là – Dieu- qui
criminalisent l’avortement et l’homosexualité et militent pour le rejet
des préservatifs au bénéfice de l’abstinence sexuelle partout de par le
monde, les mêmes qui furent d’accord pour gober les mensonges de Bush
sur l’Irak ( où, entre parenthèses S.Hussein ,
dictateur sanglant ne fit pas deux millions de victimes comme BHL le
prétend mais dix fois moins ) fermer les yeux sur la
constitutionalisation de la torture, sur Guantanamo, et permettent que
dans le pays le plus riche du monde 20% de la
population, majoritairement noire, vit dans une pauvreté indigne (
contre moins de 10% en Europe). Les mêmes qui acceptent sous couvert de
sécurité que la CIA devienne un Etat dans l’Etat et s’autorisent à
rechercher des traces de sperme sur la robe
d’une collaboratrice du Président obligeant se dernier à décrire devant
les caméras du monde entier ses amours adultères.
Enfin
que n’a-t-il , puisqu’il voulait entendre tous les partis, été
interrogé Chomsky et les partisans de Van Illitch jamais nommés jamais
cités plutôt que de ne voir la contestation qu’à travers le Moveon.org
des Blades ?
Mais nenni. BHL vit dans un mode clos déjà formaté que rien ne peut troubler.
J.L.Erick PESSIOT